Philippe, quel bilan tirez-vous du 101ème Tour de France ?
Nous aurons toujours le regret d’avoir perdu Alberto Contador après dix jours de course. Mais finalement on a su rebondir et les coureurs ont su aller chercher des victoires d’étapes qui sont toujours importantes dans un Grand Tour. Nous avons ramené le maillot à pois à Paris avec Rafal Majka. C’est là aussi une satisfaction.

Comment avez-vous travaillé avec l’équipe, au soir de l’abandon d’Alberto Contador, pour qu’elle reparte avec envie le lendemain ?
Ce soir-là à Besançon, nous avons fait les choses simplement. Nous avons passé la soirée tous ensemble. Nous avons dîné ensemble, on a aussi débouché quelques bouteilles avec Alberto, qui était encore là avec nous. De là, nous avons laissé faire les choses. Il fallait que tout le monde accepte la situation. Nous avions la journée de repos derrière et donc pas l’obligation de remettre tout de suite les mecs dans l’axe.

Le lendemain, les choses ont été différentes toutefois ?
Oui. Il a fallu discuter, mettre des mots sur ce qui s’était passé. Et en mettre sur ce que nous avions envie de faire.

Et ce que vous aviez envie de faire, sans Alberto Contador, c’était conquérir des étapes et un maillot distinctif ?
C’est tout à fait ça. Nous n’avions pas envisagé de plan B en arrivant sur le Tour mais il a fallu se remettre en question après la dixième étape. Le but est devenu d’aller chercher des étapes. Avec les points doublés en montagne, nous savions qu’en allant chasser des étapes nous avions aussi une chance de prendre le maillot à pois. Et pour finir ça s’est pas mal passé !

Le maillot à pois, est-ce l’objectif qui a été fixé à Rafal Majka ?
Pas dans un premier temps. Rafal était venu là pour aider Alberto les deux dernières semaines. Nous lui avons ensuite fixé pour objectif d’aller chercher des étapes à certains moments précis de ce Tour. Mais nous avons laissé les choses venir petit à petit. L’appétit est venu en mangeant. Les choses se sont faites naturellement au fil des étapes, sans que nous ayons à lui mettre la pression.

Trois étapes et le maillot à pois, c’était inespéré au soir de l’abandon d’Alberto Contador ?
Oui, forcément, mais après son abandon ce sont devenus nos objectifs. Et nous avons tout fait pour. Nous avons été solidaires les uns envers les autres. Le staff a fait son maximum pour aider les coureurs. Et les coureurs entre eux ont été hyper solidaires. Chaque matin, lorsqu’on désignait un leader pour la journée, tout le monde était à son service. Personne n’a eu d’arrière-pensées en essayant d’en garder un peu pour lui pour avoir sa chance. C’est ce qui a fait la force du collectif.

Quelle note donneriez-vous à Tinkoff-Saxo sur le Tour 2014 ?
Cela fait vingt ans que je ne suis plus dans l’enseignement, je n’ai plus l’habitude de donner des notes. C’est un bon bilan. Trois victoires d’étapes, ce n’est pas tous les ans que ça arrive à une équipe. Beaucoup, sur ce Tour, auraient déjà rêvé d’en obtenir une.