Jean-René, quels points positifs et négatifs relevez-vous quant à la tenue de route du Team Europcar durant le Tour de France ?
Le point positif, c’est que l’équipe a extrêmement bien fonctionné. On a vu un gros collectif. Nous étions devant sur toutes les étapes qui nous convenaient. Après, il y a des concours de circonstances qui ont fait que… Nous avons réussi à placer jusqu’à cinq coureurs dans une échappée, comme ce fut le cas dans les Vosges vers Mulhouse, trois encore dans les Pyrénées. Nous avons cherché à provoquer la réussite avec une équipe qui a vraiment parfaitement bien fonctionné. Maintenant nous avons manqué de réussite, comme vers Bagnères-de-Luchon face à un exceptionnel Michael Rogers. Le bilan aurait pu être meilleur mais il reste très bon.

Pourtant, et vous le savez, on ne retient que les victoires d’étapes…
Elles manquent, certes, mais sur les quatre dernières années nous avons eu notre part. Il ne faut pas oublier qu’il y a au départ du Tour de France les vingt-deux meilleures équipes du monde. Il n’y a que vingt-et-une étapes à gagner. Et quand on sait que Vincenzo Nibali en a gagné quatre, Marcel Kittel quatre aussi…

Que regrettez-vous quant à cette édition ?
J’aurais aimé un Tour de France un peu plus chaud, qui roule un peu moins vite, où l’on est davantage en prise, pour que Pierre Rolland soit vraiment dans sa plénitude. Il a fait un grand Giro et un Tour de France assez explosif dans des finaux tendus, avec des approches qui ne lui convenaient pas toujours, comme la Planche des Belles Filles, froide et humide. Nous n’avons pas eu le Tour que Pierre aurait souhaité. Un Top 5 après son Giro aurait été fabuleux.

Vous le pensiez réalisable ?
Je pense que c’est possible, à condition d’avoir une approche un peu plus pointue, de bien étudier tous les paramètres. Nous n’étions pas loin d’un grand Pierre Rolland. Il lui a manqué un peu de tonus parfois, mais il a quand même été là avec les meilleurs. L’histoire de Pierre avec le Tour de France, ça a toujours été sous la chaleur, dans des attaques portées de loin, dans des étapes tendues. Il faut le garder en tête.

L’autre motif de satisfaction, ce sont les débuts remarqués de Bryan Coquard sur le Tour de France ?
Bryan a découvert le Tour avec son enthousiasme, sa patate, sa fraîcheur, sa joie de vivre… Il s’est amusé comme un fou sur son vélo, a éclaté de rire tous les jours dans le bus, a fait une roue arrière au sommet des cols, c’est qu’il est bien dans sa peau ! Il n’a pas terminé le Tour complètement fatigué, c’est de bon augure pour l’avenir.

A-t-il gagné l’obtention d’un train pour lui emmener les sprints dans le futur ?
Nous avons embauché Julien Morice, qui est un poursuiteur olympique et qui arrive du Vendée U, Thomas Boudat, qui est dans le profil de Bryan Coquard, et Guillaume Thévenot, qui est aussi un gros moteur. Nous sommes toujours dans l’esprit de former plutôt que d’aller acheter. Il ne faut pas oublier que nous n’avons pas le budget pour nous occuper de la période des transferts. Nous avions l’un des plus petits budgets du Tour, pas loin de quatre millions d’euros de moins que Cofidis pour donner une idée, mais nous nous sommes plutôt bien débrouillés.

Autour de quel leader le Team Europcar s’alignera-t-il au départ du Tour d’Espagne ?
Romain Sicard va découvrir le haut niveau avec quelques responsabilités. Tout cela dans la perspective des saisons 2015 et 2016. Romain comme Pierre Rolland sont dans de bonnes années. En physiologie, on dit de ces années qu’on est à plein rendement. On va aller sur la Vuelta sans pression, pour que Romain Sicard prenne ses responsabilités et se projette sur une carrière qui a bien démarré chez les amateurs et qui a été un peu mise en bémol depuis. Il sera entouré de Natnael Berhane, Bryan Nauleau, et puis nous allons lancer le Namibien Dan Craven, qui va découvrir le WorldTour avec l’équipe Europcar.