Brice, le Tour de France change de braquet ce week-end. Est-ce un soulagement d’en finir avec cette première semaine toujours stressante ?
Plus qu’un soulagement, c’est le fait d’arriver sur le terrain de la montagne en bon état. Ça n’a pas été un début de Tour facile. Il y a eu beaucoup de chutes cette semaine. Dans l’équipe, si ce n’est Benoît Jarrier qui est tombé trois ou quatre fois, il n’y a pas eu de casse. En ce qui me concerne j’ai été pris dans pas mal de chutes, j’ai dû poser pied à terre, mais je ne suis pas tombé. C’est surtout ça qui compte : avoir passé une semaine sans bobos. On va arriver dans ce qu’on peut définir comme mon terrain de jeu, mais après c’est toujours pareil, ce sont les jambes qui parleront. Les miennes sont plutôt bonnes. Je vais essayer d’y faire quelque chose.

Vous avez été impliqué hier à Nancy dans la chute survenue à 800 mètres de l’arrivée. Pas de casse ?
J’ai seulement été impliqué, mais ça a été un mal pour un bien car ma chaîne était en train de s’ouvrir. Elle était ouverte d’un maillon. A chaque fois que je relançais un peu fort, elle sautait. J’aurais peut-être réussi à relancer dans le sprint, mais en contenant mon coup de pédale pour ne pas tomber. Finalement, cette chute m’a permis de ne pas prendre de cassure.

On a beaucoup vu les Bretagne-Séché Environnement en tête depuis une semaine et le Grand Départ de Leeds. N’a-t-elle pas jeté trop tôt de forces dans une vaine bataille ?
Ce n’est pas parce que nous participons à une échappée que nous allons être collés le lendemain avec des jambes de bois. Ça peut au contraire débloquer l’organisme et faire du bien, ne serait-ce que dans la tête. Courir devant, ça n’apporte que du bon. Si tous les mecs voulaient rester dans le peloton, il n’y aurait plus de course. Nous on anime, et si pour l’instant il n’y a pas forcément grande réussite, j’espère que cela ne saurait tarder.

Et votre tour à vous, quand va-t-il intervenir ?
Dès aujourd’hui, on va commencer à avoir de belles journées qui correspondent bien à mes caractéristiques. Si j’ai de bonnes jambes, comme hier, il faudra que j’essaie de faire quelque chose dans le final. On va tâcher de suivre les meilleurs dans un premier temps puis nous verrons s’il y a une opportunité qui s’ouvre.

Parlons de votre quotidien sur le Tour. Avec qui faites-vous chambre ?
Avec Anthony Delaplace, qui était échappé hier entre Epernay et Nancy. Nous sommes bien ensemble. Anthony fonctionne un peu comme moi. On a les mêmes horaires : on ne se couche ni trop tôt ni trop tard. Ça marche bien comme ça. On profite aussi du matin. Bien souvent, on sait qu’on a le temps, des départs comme aujourd’hui à 13h30 laissant quand même de la marge. Lui comme moi ne sommes pas pressés de descendre au petit-déjeuner, on prend notre temps tous les deux, c’est impeccable.

Comment occupez-vous vos soirées ?
Après le massage et le dîner, on est de retour dans la chambre à 22h00 au plus tard. On se lave les dents, on téléphone à nos compagnes, et à 23h00/23h30 on dort ! Anthony met un peu plus de temps que moi à s’endormir. C’est qu’il est un peu anxieux le petit !

Entre vous, la discussion porte-t-elle autour du vélo ou ressentez-vous le besoin de couper ?
On ne parle pas trop de vélo, en effet. On refait un petit peu l’étape, ce qui est logique, mais bien souvent dans le bus. Une fois arrivés à l’hôtel, on passe à autre chose. On parle de nos maisons, de nos familles, de qu’on va faire, de ce qu’on compte faire. On essaie de penser à autre chose. On fait partie de ces coureurs qui aiment le vélo –  il faut évidemment être passionné pour être ici – mais qui n’ont pas que ça dans leur vie.

Anthony et vous regarderez-vous la finale de la Coupe du Monde demain soir ?
Il n’y a plus la France mais je vais tout de même regarder. Sans être un grand passionné de foot, je vais y jeter un œil. Une fois encore, Anthony tout comme moi nous retrouvons. Nous aimons bien regarder un match mais nous ne sommes pas de grands passionnés. Je ne sais même pas si je vais connaître un joueur sur le terrain. Je n’ai pas d’équipe favorite, mais j’aurai peut-être une petite préférence pour l’Argentine.

Propos recueillis à Nancy le 12 juillet 2014.