Depuis Épernay, la route est encore longue pour atteindre les Vosges. Il faut bien une étape-marathon pour atteindre les premiers massifs ce week-end et clôturer une première semaine riche en émotions. Ces 234 kilomètres entre la banlieue rémoise et Nancy sont l’illustration parfaite de l’étape de transition : trop difficile pour certains, pas assez difficile pour d’autres, celle-ci ne convient qu’à un seul homme : Peter Sagan (Cannondale). Les purs sprinteurs disparaissent des écrans radar, les favoris du Tour eux tentent de s’économiser avant la bataille des Vosges ce week-end. De son côté, le Maillot Vert court toujours après un premier succès sur le Tour cette année et porte le costume de grand favori pour le gain de l’étape du jour en cas de sprint en petit comité du fait des deux côtes placées dans les 20 derniers kilomètres.

Cette étape pouvait aussi être celle des audacieux qui jusqu’ici ne sont jamais parvenus à leurs fins. Le profil vallonné de l’étape laisse à penser que le peloton pourrait laisser filer Matthew Busche (Trek Factory Racing), Anthony Delaplace (Bretagne-Séché Environnement), Nicolas Edet (Cofidis), Martin Elmiger (IAM Cycling), Bartosz Huzarski (Team NetApp-Endura) et Alexandre Pichot (Team Europcar) jusqu’à Nancy. Les six hommes rêvent de s’expliquer dans la côte de Boufflers, avant de replonger sur la capitale de la Lorraine. Les espoirs étaient légitimes, mais les fuyards n’avaient sans doute pas prévu que le scénario des étapes remportées par Marcel Kittel et André Greipel allait se répéter.

Pendant toute la semaine, Ji Cheng et Lars-Ytting Bak, respectivement coéquipiers de Kittel et de Greipel, se sont transformés en bourreaux des échappés. Cette fois, ce sont les troupes de Peter Sagan qui se chargent d’exécuter la sentence. Le Slovaque à l’appétit féroce qui a amassé six bouquets depuis le début de l’année est rentré dans les cinq premiers de toutes les étapes depuis le Grand Départ mais sans jamais faire mieux qu’une 2ème place à Harrogate puis à Londres. Aujourd’hui, il le sait, c’est l’occasion ou jamais pour non seulement consolider encore un peu plus et quasi définitivement son maillot vert, mais aussi pour remporter cette première étape qui le fuit depuis pratiquement une semaine. Son équipe met alors tout en oeuvre pour que son leader puisse triompher non loin de la place Stanislas.

Pour un demi-boyau, un Peter Sagan offensif doit s’incliner

Alors, les Cannondale, comme ils l’ont fait à Albi l’an dernier, effectuent un travail de sape pour contrecarrer les plans de l’échappée qui, comme ces derniers jours, ne peut pas compter sur une avance de plus de 4 minutes. À 60 bornes de l’arrivée, le peloton est déjà sur les talons des fuyards. L’ambiance est nerveuse et l’entente n’est pas au beau fixe. À 45 kilomètres de la ligne, alors que le peloton s’est rapproché dangereusement, Elmiger et Huzarski se débarrassent des poids morts et continuent l’aventure un peu plus longtemps. Les relais appuyés des deux rouleurs leur permettent de reprendre un peu de marge, mais il était écrit, depuis que les Cannondale ont emmené le peloton en début d’étape, que l’échappée n’aurait aucune chance. Le Suisse et le Polonais rentrent finalement dans le rang à 19,5 kilomètres de l’arrivée.

Les deux raidards placés dans les 20 derniers kilomètres mettent en émoi le peloton qui veut rejoindre Nancy au plus vite après une journée marathon. La nervosité est à son comble et plusieurs chutes marquent le final de l’étape, à commencer par celle de Tejay Van Garderen (BMC Racing Team) tombé sur le haut de la côte du Maron, et qui perd ce soir près d’une minute. Comme prévu, la côte de Boufflers sert de tremplin à certains coureurs. Pendant que son leader perd du temps à l’arrière, Greg Van Avermaet (BMC Racing Team) durcit la course à l’avant et passe le sommet en tête avec Peter Sagan dans sa roue. Comme il l’avait fait au Tour de Suisse sur une étape similaire, le Slovaque prend les devants et choisit l’option offensive. Comme au Tour de Suisse, cette tactique audacieuse ne lui réussit pas.

Lui et le Belge sont repris sous la flamme rouge, mais le Maillot Vert n’a pas dit son dernier mot et tente de récupérer tant bien que mal. Cet effort lui coûte-t-il cette victoire ? Incontestablement oui, surtout que l’étape se joue à un rien ! Il manque un demi-boyau à Peter Sagan pour retrouver le chemin de la victoire. Mais Matteo Trentin (Omega Pharma-Quick Step) lui barre la route. Vainqueur à Lyon le 14 juillet l’an dernier, l’Italien lance son sprint à 250 mètres de la ligne après avoir été emmené à la perfection par Michal Kwiatkowski. Le coureur de 24 ans, pas perturbé pour deux sous par les deux chutes dans le dernier kilomètre qui envoient au tapis Jurgen Van Den Broeck (Lotto-Belisol) et Andrew Talansky (Garmin-Sharp), fait parler sa pointe de vitesse et jette son vélo sur la ligne pour s’imposer d’un demi-boyau. Peter Sagan devra encore attendre…

Demain, la 8ème étape fait entrer les coureurs dans les Vosges entre Tomblaine et Gérardmer (161 km)

Classement 7ème étape :

1. Matteo Trentin (ITA, Omega Pharma-Quick Step) les 234,5 km en 5h18’39 » (44,2 km/h)
2. Peter Sagan (SVQ, Cannondale) m.t.
3. Tony Gallopin (FRA, Lotto-Belisol) m.t.
4. Tom Dumoulin (PBS, Giant-Shimano) m.t.
5. Simon Gerrans (AUS, Orica-GreenEdge) m.t.
6. Daniel Oss (ITA, BMC Racing Team) m.t.
7. Cyril Gautier (FRA, Team Europcar) m.t.
8. Sylvain Chavanel (FRA, IAM Cycling) m.t.
9. Sep Vanmarcke (BEL, Belkin) m.t.
10. Greg Van Avermaet (BEL, BMC Racing Team) m.t.

Classement général :

1. Vincenzo Nibali (ITA, Astana) en 29h57’04 »
2. Jakob Fuglsang (DAN, Astana) à 2 sec.
3. Peter Sagan (SVQ, Cannondale) à 44 sec.
4. Michal Kwiatkowski (POL, Omega Pharma-Quick Step) à 50 sec.
5. Tony Gallopin (FRA, Lotto-Belisol) m.t.
6. Richie Porte (AUS, Team Sky) à 1’54 »
7. Andrew Talansky (USA, Garmin-Sharp) à 2’05 »
8. Alejandro Valverde (ESP, Movistar Team) à 2’11 »
9. Romain Bardet (FRA, Ag2r La Mondiale) m.t.
10. Rui Costa (POR, Lampre-Merida) m.t.

Classement par points :

1. Peter Sagan (SVQ, Cannondale) 259 pt
2. Bryan Coquard (FRA, Team Europcar) 146 pt
3. Marcel Kittel (ALL, Giant-Shimano) 137 pt
4. Alexander Kristoff (NOR, Team Katusha) 117 pt
5. Mark Renshaw (AUS, Omega Pharma-Quick Step) 95 pt
6. André Greipel (ALL, Lotto-Belisol) 91 pt
7. Greg Van Avermaet (BEL, BMC Racing Team) 48 pt
8. Tony Gallopin (FRA, Lotto-Belisol) 60 pt
9. Samuel Dumoulin (FRA, Ag2r La Mondiale) 56 pt
10. Vincenzo Nibali (ITA, Astana) 54 pt

Classement de la montagne :

1. Cyril Lemoine (FRA, Cofidis) 6 pt
2. Blel Kadri (FRA, Ag2r La Mondiale) 5 pt
3. Jens Voigt (ALL, Trek Factory Racing) 4 pt
4. Nicolas Edet (FRA, Cofidis) 4 pt
5. Luis-Angel Maté (ESP, Cofidis) 3 pt
6. Thomas Voeckler (FRA, Team Europcar) 3 pt
7. Pierre Rolland (FRA, Team Europcar) 2 pt
8. Tom-Jelte Slagter (PBS, Garmin-Sharp) 2 pt
9. Perrig Quemeneur (FRA, Team Europcar) 2 pt
10. David De La Cruz (Spa, Team NetApp-Endura) 2 pt

Classement des jeunes :

1. Peter Sagan (SVQ, Cannondale) en 29h57’48 »
2. Michal Kwiatkowski (POL, Omega Pharma-Quick Step) à 6 sec.
3. Romain Bardet (FRA, Ag2r La Mondiale) à 1’27 »
4. Tom Dumoulin (PBS, Giant-Shimano) à 1’41 »
5. Thibaut Pinot (FRA, FDJ.fr) à 2’40 »
6. Matteo Trentin (ITA, Omega Pharma-Quick Step) à 11’39 »
7. Jesus Herrada (ESP, Movistar Team) à 22’32 »
8. Rudy Molard (FRA, Cofidis) à 26’13 »
9. Bryan Coquard (FRA, Team Europcar) à 26’16 »
10. Tom-Jelte Slagter (PBS, Garmin-Sharp) à 26’52 »

Classement de la combativité :

1. Martin Elmiger (SUI, IAM Cycling)

Classement par équipes :

1. Astana (KAZ) en 89h52’20 »
2. Belkin (PBS) à 4’18 »
3. Team Sky (GBR) à 6’31 »
4. BMC Racing Team (USA) à 7’08 »
5. Trek Factory Racing (USA) à 8’25 »
6. Team NetApp-Endura (ALL)  à 10’36 »
7. Team Katusha (RUS) à 11’20 »
8. Orica-GreenEdge (AUS) à 11’57 »
9. IAM Cycling (SUI) à 12’53 »
10. Cannondale (ITA) à 13’11 »