Au lendemain d’une étape de légende, le peloton reprend peu à peu ses esprits, même s’il a perdu le vainqueur sortant de la Grande Boucle, Chris Froome. Comme un clin d’oeil, ce sont les pavés toujours aussi glissants et boueux de la Citadelle d’Arras qui accueillent le départ d’une étape que l’on pourrait qualifier de transition entre les pavés nordistes et les premiers reliefs vosgiens. Le tracé prend la direction de Reims, par le chemin des Dames, lieu d’une bataille sanglante en 1917 et longe en partie la ligne de front de la Grande Guerre. Cette journée sera placée sous le signe de l’hommage aux soldats de la Première Guerre Mondiale. Suiveurs, organisateurs, et caravaniers portent un bleuet, la fleur symbolisant la mémoire et la solidarité. Le président de la République, François Hollande, fait même le déplacement dans la cité des rois.

Décidément, l’automne s’invite en juillet. La pluie qui avait marqué l’étape de la veille est toujours bien présente, de même que le vent. De trois-quarts dos, il pousse les coureurs plutôt qu’il ne les freine, et Arnaud Gerard (Bretagne-Séché Environnement), Tom Leezer (Belkin), Luis-Angel Maté (Cofidis) et Jérôme Pineau (IAM Cycling) verront d’un bon œil l’appui de cet allié providentiel. Les quatre hommes faussent compagnie au peloton à la sortie d’Arras. Avec l’étape d’hier, la question était de savoir si le peloton, trop émoussé par les soubresauts des pavés, allait laisser se développer une échappée fleuve vers Reims avec une victoire d’étape, et potentiellement, un changement de maillot jaune à la clé.

La réponse ne se fera pas attendre très longtemps. Rapidement, Cheng Ji, le premier coureur chinois à participer au Tour de France refait son apparition en tête de peloton. Sa mission est on ne peut plus claire : tirer de longs bouts droits pour limiter l’avance des fuyards avant de disparaître des écrans dans le dernier quart de course, le moment où le train à proprement parler de son leader, Marcel Kittel, prend le relais. Comme vers Harrogate, Londres et Lille, le Chinois remet le bleu de chauffe et accomplit sans broncher son travail. L’avance des quatre hommes de tête ne sera jamais très conséquente, à l’image de ce que les malheureux fuyards ont connu depuis le début de ce Tour. Elle atteint cependant les quatre minutes avant de se stabiliser autour des 3 minutes : Marcel Kittel veut voir l’histoire se répéter.

Surprise : après un coup de bordure, Marcel Kittel ne dispute pas le sprint !

Tout semble en ordre quand le paquet a l’échappée en point de mire au moment de passer sous l’arche symbolisant les 20 derniers kilomètres. Luis-Angel Maté fera de la résistance, mais l’inéluctable se produit quelques kilomètres plus loin. Le peloton ne restera pas groupé bien longtemps. Du vent et un changement de direction brutal à 13 kilomètres de la ligne : il n’en faut pas plus pour que certaines équipes tentent un coup de bordure. Après une première tentative manquée à 65 kilomètres de l’arrivée, l’équipe Omega Pharma-Quick Step remet ça dans le final de l’étape. Les organismes sont usés par une journée harassante et nerveuse où les chutes ont été nombreuses sur les routes glissantes du Pas-de-Calais, de l’Aisne et de la Marne. Conséquence : le peloton se scinde en plusieurs morceaux.

Même si leur manager Marc Madiot avait estimé les bordures inévitables sur cette étape, les FDJ.fr  en sont les grandes victimes cet après-midi. Thibaut Pinot, seul favori piégé par ce coup de Trafalgar, perd 59 secondes ce soir après une étape des pavés plutôt bien négociée. Arnaud Démare, tombé en cours d’étape, manque lui aussi le coche et n’est pas en mesure de disputer ses chances. Mais surtout, le sprint de Reims ne pourra pas compter sur l’acteur principal des premiers épisodes à savoir Marcel Kittel. L’Allemand n’est visiblement pas remis de sa chute hier sur les pavés et laisse filer le groupe principal à 1 kilomètre de la ligne. La voie est libre pour ses concurrents qui ont dû se contenter des miettes laissées par l’ogre allemand depuis le Grand Départ du Yorkshire.

Mais les autres sprinteurs du peloton doivent encore être assurés d’arriver au sprint ! Sans le train de Marcel Kittel, l’emballage massif est désorganisé, même si l’équipe Omega Pharma-Quick Step assure encore ses responsabilités pour Mark Renshaw. Après avoir pris un relais appuyé, le Maillot Blanc Michal Kwiatkowski est propulsé en tête sous la flamme rouge. Le Polonais prend quelques longueurs d’avance, mais voit fondre le reste de la meute sur lui à 300 mètres de la ligne. C’est alors que le maillot de champion d’Allemagne d’André Greipel (Lotto-Belisol), si discret jusqu’alors, apparaît enfin être en position de gagner. Critiqué au sein même de son équipe, l’Allemand jaillit au cœur du paquet et résiste au retour d’Alexander Kristoff (Tam Katusha) et Samuel Dumoulin (Ag2r La Mondiale).

Classement 6ème étape :

1. André Greipel (ALL, Lotto-Belisol) les 194 km en 4h11’39 » (46,3 km/h)
2. Alexander Kristoff (NOR, Team Katusha) m.t.
3. Samuel Dumoulin (FRA, Ag2r La Mondiale) m.t.
4. Mark Renshaw (AUS, Omega Pharma-Quick Step) m.t.
5. Peter Sagan (SVQ, Cannondale) m.t.
6. Romain Feillu (FRA, Bretagne-Séché Environnement) m.t.
7. Tom Veelers (PBS, Giant-Shimano) m.t.
8. Bryan Coquard (FRA, Team Europcar) m.t.
9. Sep Vanmarcke (BEL, Belkin) m.t.
10. Sylvain Chavanel (FRA, IAM Cycling) m.t.

Classement général :

1. Vincenzo Nibali (ITA, Astana) en 24h38’25 »
2. Jakob Fuglsang (DAN, Astana) à 2 sec.
3. Peter Sagan (SVQ, Cannondale) à 44 sec.
4. Michal Kwiatkowski (POL, Omega Pharma-Quick Step) à 50 sec.
5. Fabian Cancellara (SUI, Trek Factory Racing) à 1’17 »
6. Jurgen Van Den Broeck (BEL, Lotto-Belisol) à 1’45 »
7. Tony Gallopin (FRA, Lotto-Belisol) m.t.
8. Richie Porte (AUS, Team Sky) à 1’54 »
9. Andrew Talansky (USA, Garmin-Sharp) à 2’05 »
10. Alejandro Valverde (ESP, Movistar Team) à 2’11 »

Classement par points :

1. Peter Sagan (SVQ, Cannondale) 217 pt
2. Bryan Coquard (FRA, Team Europcar) 137 pt
3. Marcel Kittel (ALL, Giant-Shimano) 135 pt
4. Alexander Kristoff (NOR, Team Katusha) 117 pt
5. André Greipel (ALL, Lotto-Belisol) 91 pt
6. Mark Renshaw (AUS, Omega Pharma-Quick Step) 87 pt
7. Samuel Dumoulin (FRA, Ag2r La Mondiale) 55 pt
8. Vincenzo Nibali (ITA, Astana) 53 pt
9. Greg Van Avermaet (BEL, BMC Racing Team) 48 pt
10. Arnaud Démare (FRA, FDJ.fr) 44 pt

Classement de la montagne :

1. Cyril Lemoine (FRA, Cofidis) 6 pt
2. Blel Kadri (FRA, Ag2r La Mondiale) 5 pt
3. Jens Voigt (ALL, Trek Factory Racing) 4 pt
4. Nicolas Edet (FRA, Cofidis) 4 pt
5. Luis-Angel Maté (ESP, Cofidis) 3 pt
6. Thomas Voeckler (FRA, Team Europcar) 3 pt
7. Pierre Rolland (FRA, Team Europcar) 2 pt
8. Tom-Jelte Slagter (PBS, Garmin-Sharp) 2 pt
9. Perrig Quemeneur (FRA, Team Europcar) 2 pt
10. David De La Cruz (Spa, Team NetApp-Endura) 2 pt

Classement des jeunes :

1. Peter Sagan (SVQ, Cannondale) en 24h39’09 »
2. Michal Kwiatkowski (POL, Omega Pharma-Quick Step) à 6 sec.
3. Romain Bardet (FRA, Ag2r La Mondiale) à 1’27 »
4. Tom Dumoulin (PBS, Giant-Shimano) à 1’41 »
5. Thibaut Pinot (FRA, FDJ.fr) à 2’40 »
6. Matteo Trentin (ITA, Omega Pharma-Quick Step) à 11’39 »
7. Nelson Oliveira (POR, Lampre-Merida) à 18’37 »
8. Jesus Herrada (ESP, Movistar Team) à 18’46 »
9. Jon Izagirre (ESP, Movistar Team) à 22’52 »
10. Bryan Coquard (FRA, Team Europcar) à 24’50 »

Classement de la combativité :

1. Luis-Angel Maté (ESP, Cofidis)

Classement par équipes :

1. Astana (KAZ) en 73h56’23 »
2. Belkin (PBS) à 4’18 »
3. BMC Racing Team (USA) à 6’05 »
4. Team Sky (GBR) à 6’17 »
5. Trek Factory Racing (USA) à 7’22 »
6. Cannondale (ITA) à 9’03 »
7. Team Katusha (RUS) à 9’26 »
8. Garmin-Sharp (USA) à 10’15 »
9. Orica-GreenEdge (AUS) à 10’31 »
10. Team NetApp-Endura (ALL)  à 10’36 »