Brice, les Alpes sont derrière nous. Elles vous auront vu à l’avant vendredi vers Chamrousse. Mais une fois encore ça n’a pas marché…
J’ai été déçu que ça n’aille pas au bout à cause des Katusha qui ont roulé derrière pour au final ne rien faire. Ça leur a valu un tweet ironique de ma part. Si encore ils étaient allés gagner à Chamrousse, j’aurais dit bravo, mais là c’est très dommage pour une échappée comme la nôtre, qui aurait eu sa chance d’aller au bout. Avec une arrivée au sommet comme c’était le cas, j’aurais peut-être été le mieux du groupe, ce qui m’aurait permis de remporter, toujours avec des peut-être, une deuxième victoire d’étape sur le Tour.

Il a également fallu composer avec la chaleur, qui vous a joué de mauvais tours dans le col de Palaquit ?
En effet, c’était le deuxième jour de grosse chaleur, et j’ai pris un gros coup de chaud assez vite dans l’échappée, si bien que je me suis retrouvé à m’arroser régulièrement quasiment dès le début de course. Au final, ça ne s’est pas trop mal passé. J’ai réalisé une montée finale plutôt correcte. J’ai limité les dégâts, ce qui est une chose, bien que je préférerais des fois me prendre un gros tir et gagner le lendemain. Mais ça, on ne choisit pas.

Quelle est l’amopshère d’une échappée sur le Tour de France ?
La vraie différence avec une autre épreuve, c’est surtout qu’il y a plus de monde au bord de la route à nous encourager. C’est aussi télévisé, avec une caméra sans arrêt braquée sur nous. C’est surtout cela qui change, mais ce serait bien qu’il en soit de même sur d’autres belles courses du calendrier français, je pense à Paris-Nice, même si c’est déjà pas mal médiatisé. Pour que des courses comme ça prennent davantage d’importance aux yeux du grand public.

La transition vers les Pyrénées vous attend aujourd’hui, avec un retour sur des braquets de plaine. Quelle est votre relation au matériel ?
Je prête très attention au poids, c’est important. Mon vélo, avec les roues les plus légères, doit faire à peine 100 grammes de plus que la limite des 6,8 kg autorisée, c’est-à-dire 6,9 kg environ. Le top, c’est bien sûr d’avoir 6,8 kg, mais si le vélo est trop souple ce n’est parfois pas forcément un avantage. Le mien tel qu’il est est à la fois rigide et léger, c’est un bon compromis. Hier en montagne j’avais des jantes plates, aujourd’hui c’est semi-profilé. Ça dépend du parcours. Et puis on a des mécanos qui sont aux petits soins, plus pour les vélos que pour nous, si bien qu’on n’a peu de choses à redire.

Quels sont les choix de matériel qui reposent sur vous ?
Dans le bus de l’équipe, nous avons une petite fiche destinée aux mécaniciens sur laquelle on peut préciser les roues et le braquet que nous voulons pour l’étape du lendemain. Aujourd’hui j’ai choisi des jantes de 40 millimètres avec un 25 en grande denture. 11×25 pour la plaine quand hier en montagne c’était plutôt du 11×28. Les plateaux, eux, restent classiques : 53/39.

De tous les instants de la vie sur le Tour, quel est votre moment préféré ?
Quand je m’installe sur la table de massage ! Là, on sait qu’on a vraiment une heure de détente. Et puis ça fait aussi du bien de parler d’autres choses avec l’assistant, Jeff, Jean-François Revel. On parle de notre maison, de la famille, de nos enfants… Sur le Tour, on se lève le matin : on mange vélo. On monte dans le bus : on nous parle vélo. On arrive au départ : on fait le jeu des médias. Le soir sur la table de massage, ça fait donc vraiment du bien de se vider l’esprit et de penser à autre chose pendant quelques temps. Je suis un coureur qui a pas mal besoin de s’évader, et ce sont ces moments-là qui me font avancer.

On imagine aussi le besoin d’être au calme après des journées permanentes dans le tourbillon du Tour de France…
Exactement. Depuis que nous sommes revenus en France, il y a un peu moins de monde sur le bord des routes, même s’il y a énormément de monde malgré tout. On l’a encore vu dans les cols. Mais les trois premiers jours en Grande-Bretagne, avec un monde fou comme je n’en avais jamais vu, ont été les pires. Le soir, quand je rentrais à l’hôtel, je me revois avoir la télé face à moi, la télécommande à la main, et finalement renoncer à l’allumer pour rester au calme !

La seconde journée de repos arrive demain à Carcassonne. Vous n’aviez pas touché au vélo mardi dernier à Besançon, en ferez-vous autant ?
Tout dépend de la météo mais je pense que cette fois je prendrai le vélo. S’il pleut il est certain que je resterai à l’hôtel. Si le temps est correct, j’irai faire tout de même une heure. Mardi, je n’ai pas touché au vélo mais le lendemain je ne me sentais pas très bien. Inconsciemment, ça cogite beaucoup. Même si je ne suis pas bien mardi, je me dirai au moins que je n’ai rien à me reprocher.

Propos recueillis à Tallard le 20 juillet 2014.