Le printemps est en avance ce week-end… et ses classiques avec. Depuis sept ans, la campagne des classiques s’est enrichie d’un événement palpitant. Les chaussées flamandes ayant été suffisamment explorées, c’est en Italie qu’ont été dénichées des routes d’un autre temps pour des champions amateurs de courses d’un autre temps elles aussi. Les Strade Bianche, comprenez routes blanches, parsèment la splendide Toscane arpentée sur 197 kilomètres. Ce sont pas loin de 50 kilomètres de pistes cendrées et accidentées qu’il convient de franchir par tous les moyens entre San Gimignano et Sienne. Des chemins d’antan, gravillonnés, caillouteux, cabossés, dont se délectent les spécialistes des classiques.

Le plus beau secteur découvert par les Italiens porte le nom de Ponte del Garbo. Long de 11,5 kilomètres, il est aussi le plus long et le plus dur. C’est sur ses rampes abruptes et ses chemins étroits qui traversent un paysage champêtre encaissé que se précise naturellement la grande explication. Angelo Pagani (Bardiani-CSF), dernier rescapé d’une échappée lancée avec Andrea Fedi (Neri Sottoli-Yellow Fluo), Marco Frapporti (Androni Giocattoli) et Davide Frattini (Unitedhealthcare), y dépose les armes à 43 kilomètres de l’arrivée. Le peloton de son côté se réduit à vingt-quatre hommes. Tous les costauds sont là.

Sous la poussière qui s’élève dans le ciel ensoleillé, on distingue Cancellara, Evans, Valverde, mais aussi Barguil, Cunego, Kreuziger, Kwiatkowski, Pellizotti, Stannard, Ulissi, Uran… et surtout Peter Sagan (Cannondale). Tout le monde en convient, il faut isoler le Slovaque, privé d’équipier, et les mieux à même de le faire sont les Omega Pharma-Quick Step, qui disposent de cinq hommes à l’avant. Matteo Trentin s’y colle le premier, sans succès, et avant qu’un autre ne le surprenne, Peter Sagan choisit l’option d’anticiper. A 22 kilomètres de l’arrivée, le champion place un spectaculaire démarrage auquel ne répond que Michal Kwiatkowski (Omega Pharma-Quick Step).

Aussitôt, les champions de Slovaquie et de Pologne s’associent pour écarter la menace de leurs redoutables poursuivants, condamnés à se disputer la petite marche du podium, ce qu’ira chercher Alejandro Valverde (Movistar Team). Rapidement dotés d’une minute d’avance, les deux de tête se concentrent sur la lutte qui les attend dans les ruelles verticales de Sienne. Car pour atteindre la Piazza del Campo et la ligne d’arrivée, il s’agit encore de gravir une pente qui monte sur près de 2 kilomètres à 9 %, avec un passage maximal à 16 % sur un parterre de dalles. C’est ce point-là sur lequel s’appuie Michal Kwiatkowski, qui n’aura guère de difficulté à le discerner, à 500 mètres du but, lui qui n’avait encore jamais mis les roues sur les Strade Bianche.

Lorsque la route s’élève plus que de raison, Michal Kwiatkowski surgit de la roue arrière de Peter Sagan, dont le rythme imposé dans l’ultime difficulté n’aura pas suffi à mettre en péril le jeune coureur polonais. Dans une forme optimale après avoir conquis en février une manche du Challenge de Majorque puis le Tour d’Algarve avec deux étapes, le prodigieux coureur d’OPQS abandonne Peter Sagan sur un franc démarrage pour aller chercher déjà sa cinquième victoire cette saison. Et ce n’est certainement pas fini. Mercredi prochain, le coureur de 23 ans prendra le départ de Tirreno-Adriatico, une course taillée à sa mesure et dont il avait pris la 4ème place l’an passé. Avant une campagne des classiques qui devrait le voir régulièrement fouler les podiums.

Classement :

1. Michal Kwiatkowski (POL, Omega Pharma-Quick Step) les 197 km en 5h20’33 » (36,9 km/h)
2. Peter Sagan (SVQ, Cannondale) à 19 sec.
3. Alejandro Valverde (ESP, Movistar Team) à 36 sec.
4. Damiano Cunego (ITA, Lampre-Merida) à 40 sec.
5. Roman Kreuziger (TCH, Tinkoff-Saxo) m.t.
6. Fabian Cancellara (SUI, Trek Factory Racing) à 59 sec.
7. Cadel Evans (AUS, BMC Racing Team) à 1’42 »
8. Warren Barguil (FRA, Giant-Shimano) à 2’01 »
9. Wout Poels (PBS, Omega Pharma-Quick Step) à 2:10″
10. Simon Geschke (ALL, Giant-Shimano) à 2’50 »