Six mois après avoir brandi la menace d’un retrait de ses épreuves du WorldTour, Amaury Sport Organisation s’est ravisé. Il semblait de toute façon inconcevable de réformer un calendrier pour 2017 sans l’accord de l’organisateur de deux Grands Tours (le Tour et la Vuelta), de deux Monuments (Paris-Roubaix et Liège-Bastogne-Liège), de deux courses d’une semaine de référence (Paris-Nice et le Critérium du Dauphiné) et d’une grande classique (La Flèche Wallonne). L’Union Cycliste Internationale et ASO ont donc mené de longues discussions avant de parvenir à un accord. Les épreuves organisées par l’équipe de Christian Prudhomme seront donc bien intégrées au calendrier mondial l’an prochain.

Pour parvenir à ce protocole d’accord, le Conseil du Cyclisme Professionnel a donc dû revoir (encore) le principe même d’une réforme dont les contours commencent doucement à se dévoiler (enfin) à six mois de son entrée en vigueur. Mais si la réforme se précise, sa compréhension se complique encore un peu plus au fur et à mesure qu’elle se vide de son contenu. La volonté d’alléger le calendrier du premier échelon mondial semble bien loin.

Le calendrier WorldTour 2017 reprendra ainsi l’ensemble des épreuves WorldTour actuelles mais accueillera également de nouvelles épreuves qui obtiennent une licence de trois ans. Un point pourtant fermement critiqué par ASO. L’identité de ces épreuves n’est pas encore connue et les détails du calendrier seront dévoilés prochainement. En Belgique, A Travers la Flandre a déjà fait part de son intégration à cette nouvelle mouture. En France, en dehors des épreuves ASO, la Bretagne Classic-Ouest-France est donc assurée de se maintenir en haut de la hiérarchie l’an prochain en qualité d’épreuve déjà existante. Reste à connaître le sort réservé au GP de Fourmies qui s’est déclaré candidat.

Dans le cas où l’épreuve nordiste rejoindrait le calendrier mondial, elle ne serait pas soumise dans l’immédiat aux règles du WorldTour, contrairement aux « anciennes épreuves ». Les épreuves nouvellement intégrées devront en effet accueillir un minimum de dix WorldTeams, sans être dans l’obligation de réunir l’ensemble des équipes de l’élite. Autrement dit, pas en dehors sans être complètement dedans non plus. Du moins, provisoirement.

Il semble entendu que la réforme tant attendue n’entrera en vigueur que progressivement, à cheval sur les saisons 2017 et 2018. Le nombre de WorldTeams diminuera petit à petit, passant de dix-huit à dix-sept dès l’an prochain, et de dix-sept à seize en 2018. A la fin de cette saison 2018, les équipes WorldTour seront susceptibles d’évoluer. Pas de système de montée et de descente, mais « un système annuel de comparaison ». La dernière place dans l’élite se jouera entre la dernière équipe du WorldTour lors de la saison écoulée et la première équipe Continentale Pro. Les résultats sportifs des deux groupes seront alors comparés pour déterminer la dernière WorldTeam…

Mais, comme pour ajouter une dose de difficulté et d’incompréhension supplémentaire à cette réforme qui n’en manquait déjà pas, une WorldTeam ayant quitté le premier échelon pourra participer à toutes les courses WorldTour la saison suivante. Autrement dit, une équipe aura beau être reléguée sur des critères sportifs, rien ne changera pour elle l’année suivante. Seul intérêt : garantir une stabilité aux équipes lors des saisons 2017 à 2019.

Le président de l’UCI Brian Cookson se réjouit déjà d’accueillir au sein du WorldTour « des courses plus récentes mais qui ont déjà fait leurs preuves, en Europe mais aussi dans d’autres régions du monde ». David Lappartient, président de l’UEC et de la FFC, et vice-président de la fédération internationale, se félicite de son côté de renforcer « la globalisation du cyclisme, (d’assurer) la stabilité des équipes et des organisateurs, tout en préservant les principes d’un système ouvert qui permettra l’accès à l’UCI WorldTour sur la base de résultats sportifs ». C’est bien la moindre des choses alors que les objectifs initiaux de la réforme semblent oubliés pour de bon…