Chaque mois de l’année 2010, Vélo 101 est parti à la rencontre d’une femme active dans l’univers du cyclisme. Elles sont nombreuses à graviter autour d’une discipline qui n’est plus, depuis longtemps, réservée qu’à la seule gent masculine. Cette rubrique, notre saga de l’année 2010, a ainsi permis de mettre en lumière ces femmes impliquées dans le cyclisme. Elles sont championnes ou assistantes, elles sont épouses de coureur ou bien hôtesses, elles sont mamans de champions ou bien élues… Ce mois-ci, en conclusion de notre saga 2010, nous avons rencontré Marie Kessler. Elle est kinésithérapeute au sein de l’équipe rhônalpine Ag2r La Mondiale. Kiné depuis quatre ans, Marie travaille depuis deux ans avec la formation de Vincent Lavenu.

Marie, vous êtes kiné de l’équipe Ag2r La Mondiale. Travaillez-vous en plus en cabinet ?
Je suis vacataire dans l’équipe. J’ai fait à peu près 70 jours de présence cette année avec la formation Ag2r La Mondiale. A côté de cela, je suis assistante au sein d’un cabinet à Chambéry.

Comment êtes-vous arrivée auprès de l’équipe Ag2r La Mondiale ?
Ca s’est fait sur l’oubli d’un kiné, un jour. L’équipe Ag2r La Mondiale a dû trouver un vacataire dans l’urgence et je me suis portée volontaire. C’est ainsi que j’ai intégré le groupe sportif.

Etiez-vous proche du monde du cyclisme ?
Je suis très sportive à la base. Je fais du ski et pas du tout de cyclisme. En revanche mon ami est cycliste puisque c’est Julien Bérard.

Quelle différence faites-vous entre des athlètes de haut niveau et un public plus standard ?
Ce n’est pas du tout la même approche. Les patients en cabinet, on les voit une fois ou deux par semaine. Les coureurs, on les suit pendant quatre/cinq jours puis on les voit sur les stages. On devient assez proches d’eux, on devient leurs confidents, alors qu’en cabinet la relation diffère complètement.

Avez-vous déjà suivi l’équipe sur un Grand Tour ?
Non je ne l’ai encore jamais fait mais j’aimerais bien avoir cette occasion.

Comment ressentez-vous l’évolution d’un coureur après une course difficile ?
A la sortie d’étapes dures, ou bien ça s’est très bien passé et on ne sent rien au niveau des jambes, soit c’est totalement le contraire, les coureurs ne sont pas bien et nous derrière on a vraiment du gros travail à faire. Il faut les masser longtemps et profondément.

Où vous situez-vous dans cet univers entre les osthéos, les assistants, les kinés ?
Nous faisons un peu le même travail que les assistants. Sur les courses en France, nous avons un assistant pour tout ce qui a trait à l’intendance. Après, sur les courses à l’étranger, il y a rarement de kinés, sauf sur les courses ProTour. Dès lors on se partage le travail de manière à faire les choses équitablement.

Combien de consoeurs connaissez-vous dans les équipes cyclistes ?
Je sais qu’à la FDJ il y en a pas mal, au moins deux à l’année plus des vacataires. Il y a aussi des filles chez Roubaix Lille Métropole. On devient de plus en plus nombreuses, ne serait-ce que chez Ag2r La Mondiale, où nous sommes plusieurs.

Dans ce monde avant tout masculin, comment percevez-vous votre rôle ?
Il faut essayer de s’imposer, ce qui n’est pas forcément évident au départ. Les coureurs sont d’abord distants, ne savent pas trop comment nous prendre, mais quand tout se passe bien ils se laissent plus facilement aborder et une relation de confiance s’établit. Ca devient alors du bonus.

Vous avez un rôle de confidente, un coureur s’épanche-t-il plus avec un homme ou une femme ?
Je pense que ça dépend vraiment des coureurs. Certains sont vraiment très proches des filles, il n’y a plus de barrière fille/garçon, d’autres sont beaucoup plus distants, plus fermés, sans doute aussi par rapport à leurs compagnes et leurs épouses.

Diriez-vous que le monde du vélo s’est suffisamment féminisé pour vous admettre plus facilement ?
Non, pas encore ! Ca reste encore très macho et il faut vraiment réussir à faire sa place, à s’imposer, et surtout à ne pas se laisser marcher sur les pieds, sinon ça devient l’enfer pour la fille.

Pratiquez-vous un peu de vélo ?
Oui, je roule un peu l’été, en complément du ski.

Encourageriez-vous des jeunes à suivre une expérience telle que la vôtre ?
Je pense que toute personne qui rentre en formation de kiné rêve un jour d’atteindre ce niveau-là, auprès de sportifs professionnels. C’est un milieu très fermé et c’est difficile d’y rentrer. Tout le monde a envie un jour de tâter ce milieu et d’avoir cette expérience professionnelle.

Est-ce un plus auprès de vos patients en cabinet ?
C’est sûr que ça fait une ligne sur le CV. Les gens savent qu’on est là et regardent plus attentivement les résultats de l’équipe à travers les médias. On sent un engouement auprès de notre clientèle.

Les Elles du peloton :

• Episode n°1 : Aude Mangel, épouse de Laurent Mangel
• Episode n°2 : Lydia Poulle, responsable de l’école de vélo Le Grand Braquet La Pomme
• Episode n°3 : Marie-Antoinette Canu, présidente du comité des Bouches-du-Rhône
• Episode n°4 : Cécile Delaire, vététiste du Team Keops-Itwo
• Episode n°5 : Mireille Blain, maman d’Alexandre Blain
• Episode n°6 : Céline Mazard, attachée de presse d’Ag2r La Mondiale
• Episode n°7 : Claire Pedrono, ardoisière du Tour de France
• Episode n°8 : Stéphanie Maurice, Miss Pays de l’Ain
• Episode n°9 : Francine Valentin, organisatrice bénévole pour LVO
• Episode n°10 : Barbara Rumpus, journaliste à L’Equipe