Pas plus tard qu’il y a trois mois, ils étaient grands chez les petits. Les voilà petits chez les grands. Le Grand Prix La Marseillaise a marqué hier le baptême du feu de nombreux néo-pros. De premiers tours de roue dans la catégorie suprême qui n’ont pas laissé insensibles les nouveaux visages du peloton. « J’ai eu peur de ne pas bien dormir, c’est ce qui était arrivé à Romain Bardet l’an passé, m’a-t-il dit, nous confie Alexis Gougeard (Ag2r La Mondiale). J’ai fait chambre avec Mikaël Chérel, entre Normands, et j’ai tout de même passé une bonne nuit. »

« C’est sûr qu’on a affaire à un autre niveau, estime Pierre Gouault (BigMat-Auber 93), mais ce n’est pas une raison pour se mettre la pression plus que nécessaire. J’ai échangé avec des coureurs d’expérience que je connais et qui ont pu me conseiller, comme Jonathan Thiré qui a fait une carrière chez les pros. Ses conseils m’ont aidé à appréhender cette première épreuve. » « Je prends aussi des conseils auprès des coureurs d’expérience, reconnaît Alexis Gougeard. Comme Samuel Dumoulin et Hubert Dupont, qui apportent leur point de vue au cours des briefings, ce qui est intéressant. »

Presque à domicile à la Marseillaise, le Varois Christophe Laporte (Cofidis), lui, a déjà entamé sa carrière au Gabon, « mais avec l’ouverture de la Coupe de France on entre dans le vif du sujet. C’est un stress supplémentaire, la reprise pour tout le monde, on se demande quel est le niveau. Je l’admets, j’ai mis un peu de temps à dormir, j’étais un peu pensif, mais finalement j’ai passé une bonne nuit. »

Le niveau auquel il va être confronté chez les pros, Pierre Gouault y songe aussi, sans être trop soucieux. « Ceux qui ont déjà fait un stage l’an passé ont un petit avantage sur moi mais je pense que je vais vite trouver des repères. J’ai déjà participé à des épreuves relevées comme le Tour de l’Avenir. Bien sûr en tant que néo-pro il serait prétentieux de penser à la victoire, mais en tant que compétiteur on l’a toujours dans un coin de la tête. » Gagner n’est toutefois pas la mission qui lui a été affectée. A l’heure du briefing, les rôles des néo-pros se conjuguent : découvrir, protéger et… animer. « J’ai pour mission de me montrer offensif durant l’épreuve si j’en ai les capacités et si les sensations sont là », poursuit Pierre Gouault au départ.

Idem pour Alexis Gougeard, qui saisit la bonne avec un autre néo-pro de BigMat-Auber 93, Frédéric Brun. « Mon boulot était d’aller dans les coups pour protéger les autres coureurs de l’équipe, j’ai donc suivi le premier et ça a été le bon, se réjouit après la course le coureur d’Ag2r La Mondiale. J’étais pas trop mal et ça s’est plutôt bien déroulé pour nous. Je lâche au pied de la Gineste, je suis plutôt satisfait. »

C’est la déception, en revanche, qui prédomine du côté de Christophe Laporte. Lui n’a pas accroché l’échappée mais il a basculé avec les meilleurs en haut du Petit Galibier… avant d’être éliminé sur crevaison. « J’ai basculé dans les 10-15 au sommet mais j’ai crevé dans la descente et ça a été compliqué pour rentrer avec les cassures, explique le Varois de Cofidis, qui poursuivra son apprentissage au Tour Méditerranéen puis au Tour du Haut Var. J’ai essayé de rentrer dans l’Espigoulier mais le peloton était déjà coupé en plusieurs morceaux. C’est décevant de crever au mauvais moment et d’être éliminé comme ça car j’avais de bonnes sensations. »

Une première découverte qui aura permis à chacun de vérifier que le niveau est effectivement placé un cran au-dessus. Alexis Gougeard : « niveau rythme, ça va, mais il y a encore du boulot à faire sur la distance. Je vais acquérir cela en course. Je dois encore m’affûter car je suis trop grassouillet, c’est là que je me rends compte qu’il y a encore du travail. » Et penser à récupérer, bien que le Normand ne courra pas avant le  Grand Prix de Lugano le 2 mars. « J’optimise la récupération, plus que je ne le faisais chez les amateurs, poursuit Alexis Gougeard. J’essaie de mettre des bas de compression et de prendre des produits de récupération. C’est important. » Des réflexes nouveaux qui scellent l’entrée de nos jeunes bleus dans l’univers professionnel.