La caravane du Tour d’Espagne poursuit sa descente vers le sud de la Péninsule Ibérique. Hier en province d’Alicante, voici que les coureurs débarquent aujourd’hui dans celle de Murcie. Les températures y sont encore plus élevées et la météo encore plus aride. Il faut aimer la chaleur en ce début de Tour d’Espagne. Aujourd’hui, le mercure flirtait avec la barre fatidique des 40 degrés celsius. Alors, durant les 163 kilomètres entre Petrer et Totana, c’est le ballet incessant des allers-retours vers les voitures suiveuses pour aller chercher les bidons frais qui a rythmé l’étape. C’est dans ces étapes que l’expression « porteur de bidon » donnée aux équipiers prend tout son sens.

En plus de la chaleur étouffante, les 197 coureurs du Tour d’Espagne –Matthew Goss (HTC-Highroad) a abandonné hier- ont rencontré les premières aspérités de la Vuelta. Certes, pour voir de la haute-montagne il faudra attendre demain –déjà !- et l’arrivée à la Sierra Nevada, mais l’étape du jour proposait tout de même deux ascensions de troisième catégorie, qui plus est dans les cinquante derniers kilomètres. L’Alto de la Santa, à douze kilomètres de Totana, est particulièrement intéressant puisqu’il offre un pourcentage moyen de six pourcents sur 4,5 kilomètres avec des passages à près de douze pourcents. Bref, un tremplin idéal pour les audacieux.

Justement, les premiers audacieux de l’étape se nomment Markel Irizar (RadioShack), Pablo Lastras (Movistar Team), Ruslan Pydgornyy (Vacansoleil-DCM), Nicolas Edet (Cofidis) et Sylvain Chavanel (Quick Step). Le champion de France a des fourmis dans les jambes. Il souhaite se rattraper après son Tour de France perturbé par une mauvaise chute. L’air espagnol lui réussit plutôt bien d’ailleurs. En 2009 il avait porté le maillot de leader – or à l’époque – l’espace d’une journée. Chavanel, à l’instar de Thomas Voeckler (Team Europcar), possède une réelle intelligence de course, il ne rate que rarement les bonnes échappées. Le voir à l’avant de la course est donc bon signe.

A vingt-cinq kilomètres de l’arrivée, les équipes de sprinteurs lâchent l’affaire.

L’impression de la bonne conduite de l’échappée est vite confirmée. A 80 kilomètres de Totona, les cinq hommes de tête comptent plus de huit minutes d’avance. Le peloton roule bon train, mais ne semble pas préoccupé plus que ça par la perspective d’une victoire d’étape. L’Alto de la Santa fait sûrement peur aux équipes de sprinteurs qui font le choix de ne pas assumer le poids de la poursuite. Une chute spectaculaire de Christophe Le Mével (Garmin-Cervélo) et Yuriy Trofimov (Team Katusha) perturbe encore davantage le train du peloton qui se scinde même en deux. Mark Cavendish (HTC-Highroad) est piégé. Il reste alors 25 kilomètres à parcourir et l’avance est supérieure aux 3’30 ». L’échappée ne sera pas reprise. Une échappée dont ne fait plus partie Nicolas Edet retardé par une piqûre d’insecte vraisemblablement.

A 16 kilomètres de l’arrivée, le quatuor se présente dans les premières rampes de l’Alto de la Santa. Les fuyards restent unis, personne ne saute son relais. Les kilomètres passent et la pente devient de plus en plus abrupte. Dans les pourcentages à deux chiffres, les échappés, maillot ouvert sous la fournaise murcienne, le coup de pédale se fait plus haché mais toujours efficace. Dans le peloton, c’est le Team Sky qui mène les débats et impose un rythme soutenu. Les dégâts sont considérables, Stijn Devolder (Vacansoleil-DCM) reste notamment collé au goudron rugueux de cette côte. Mais le principal perdant du jour se nomme Denis Menchov (Geox-TMC). Le double vainqueur de la Vuelta cède et termine avec près d’une minute trente de retard sur les autres favoris.

En tête de course, Pablo Lastras attaque à 500 mètres du sommet. Une attaque franche qui laisse deviner que le vétéran espagnol a encore de la force. Il s’engage alors dans un contre-la-montre individuel qui peu à peu tourne à l’avantage du trio de poursuite. Alors qu’il avait 25 secondes d’avance à 6 kilomètres de l’arrivée, l’écart redescend à 9 secondes à trois bornes sous l’impulsion surtout de Chavanel. Mais comme bien souvent dans ces situations, les trois tergiversent tandis que Lastras met les gaz. A Totona, l’Espagnol remporte sa troisième victoire d’étape sur la Vuelta. Une victoire à la saveur particulière puisqu’il franchit la ligne d’arrivée les index tournés vers le ciel. Hommage à Xavi Tondo, son équipier décédé tragiquement dans un accident domestique au mois de mai, Wouter Weylandt, mais aussi Juan-Mauricio Soler, toujours en voie de rétablissement. Chavanel finit deuxième à quinze secondes. Le peloton – réduit à une quarantaine d’unités – en finit lui avec 1’43 » de retard.

Demain la course se décantera davantage avec les deux ascensions au dessus de 2000 mètres entre Baza et la Sierra-Nevada (170,2 km).

Classement 3ème étape :

1. Pablo Lastras (ESP, Movistar Team) les 163 km en 3h58’00 »
2. Sylvain Chavanel (FRA, Quick Step) à 15 sec.
3. Markel Irizar (ESP, RadioShack) m.t.
4. Ruslan Pydgornyy (UKR, Vacansoleil-DCM) m.t.
5. Nicolas Roche (IRL, Ag2r La Mondiale) à 1’43 »
6. Matti Breschel (DAN, Rabobank) m.t.
7. Valerio Agnoli (ITA, Liquigas-Cannondale) m.t.
8. Francesco Gavazzi (ITA, Lampre-ISD) m.t.
9. Enrico Gasparotto (ITA, Astana) m.t.
10. Jan Bakelants (BEL, Omega Pharma-Lotto) m.t.

Classement général :

1. Pablo Lastras (ESP, Movistar Team) en 8h25’59 »
2. Sylvain Chavanel (FRA, Quick Step) à 20 sec.
3. Markel Irizar (ESP, RadioShack) à 1’08 »
4. Ruslan Podgornyy (UKR, Vacansoleil-DCM) à 1’24 »
5. Jakob Fuglsang (DAN, Team Leopard-Trek) à 1’55 »
6. Maxime Monfort (BEL, Team Leopard-Trek) m.t.
7. Vincenzo Nibali (ITA, Liquigas-Cannondale) à 1’59 »
8. Valerio Agnoli (ITA, Liquigas-Cannondale) m.t.
9. Eros Capecchi (ITA, Liquigas-Cannondale) m.t.
10. Kanstantsin Siutsou (BLR, HTC-Highroad) à 2’04 »