La Vuelta attaque aujourd’hui son deuxième week-end de course. Un week-end qui s’annonce crucial avec l’arrivée au sommet de la Cotavilla dimanche et le long contre-la-montre individuel de Salamanque lundi. La caravane du Tour d’Espagne devra attendre mardi pour se reposer. Encore trois étapes qui vont sembler une éternité pour un peloton déjà sérieusement entamé par une première semaine plus éprouvante que prévue. Alors inutile de vous dire que les deux étapes de montagne de ce week-end ainsi que le contre-la-montre lundi vont nous réserver de belles surprises et de grosses modifications du classement général.

Du triptyque qui nous attend, l’étape d’aujourd’hui est sûrement celle qui allait le moins faire d’écarts entre les favoris. Entre Talavera de la Reina et San Lorenzo de el Escorial, il y avait bien trois difficultés répertoriées, dont un col de première catégorie, mais l’étape s’apparentait davantage à une classique ardennaise qu’à une étape de haute-montagne. En cause, les cinquante derniers kilomètres qui n’étaient qu’une succession de montées-descentes vers San Lorenzo del Escorial. Un véritable jeu de montagne-russe qui use terriblement les organismes et incite les coureurs à rouler à l’avant du peloton en raison des nombreuses cassures qui se forment sur ces routes étroites.

Mais surtout, tout le monde attendait cette arrivée à San Lorenzo de el Escorial qui allait offrir, c’était écrit, un final somptueux. L’arrivée était jugée au sommet de la montée de la Canada Nueva, en plein cœur de la cité ibérique. Une arrivée typique du Tour d’Espagne où les pourcentages frôlent le surréalisme. Avec un dernier kilomètre à 13% de moyenne et un passage à 28 pourcents les lois de l’inertie étaient défiées. Plus spectaculaire encore qu’à Valdepenas de Jaen où la pente ne se braquait qu’à 25 % au plus fort. Il ne suffisait plus d’être coureur cycliste aujourd’hui, mais escaladeur. De même qu’avoir des braquets adaptés était insuffisant, il fallait avoir mis du talc sur ses pneus pour vaincre le mur aujourd’hui !

Michele Scarponi se retrouve impuissant face à la pente qui se braque brusquement devant lui.

Malgré la difficulté qui les attend en fin d’étape, certains coureurs n’hésitent pas à brûler leurs cartouches dès le départ. Car encore une fois, c’est à un début d’étape très rapide auquel nous assistons. Si bien que plusieurs groupes se détachent à l’avant, dont un comprenant Sylvain Chavanel (Quick Step) qui vit aujourd’hui sa quatrième journée en rouge. Mais finalement tout rentre dans l’ordre au kilomètre vingt. Peu après, deux hommes passent à l’attaque et lancent l’échappée du jour : Heinrich Haussler (Garmin-Cervélo) et Matteo Montaguti (Ag2r La Mondiale). Dans le puerto de Mijanes, un col de 17 kilomètres à 5 % de moyenne, le duo est renforcé par un autre duo composé de Julien Fouchard (Cofidis), décidément infatigable, et Adrian Palomares (Andalucia-Caja Granada). A 100 kilomètres de l’arrivée, ce quatuor compte près de sept minutes d’avance.

Mais l’étape est trop prestigieuse pour que l’échappée soit prise à la légère par le peloton. L’équipe Katusha de Joaquim Rodriguez, favori logique du jour, commence alors à mener la poursuite. Un changement de rythme fatal à Oscar Freire (Rabobank) et Tyler Farrar (Garmin-Cervélo) qui font le choix d’abandonner la course. La débandade des sprinteurs continue sur la Vuelta. A vingt kilomètres de l’arrivée, alors que l’échappée a lâché Julien Fouchard, Martin Kohler (BMC Racing Team) attaque dans le peloton. Cette offensive marque le début d’une longue phase de mouvements durant laquelle on verra Rein Taaramae (Cofidis), Amets Txurruka (Euskaltel-Euskadi) ou encore Angel Madrazo (Movistar Team) revenir sur les hommes de tête. Mais le peloton n’est jamais loin, et à trois kilomètres de San Lorenzo de el Escorial, il reprend la dernière échappée qui comprenait notamment David Moncoutié (Cofidis) et Wout Poels (Vacansoleil-DCM).

C’est en file indienne que le peloton aborde le dernier kilomètre. La physionomie a changé en tête de peloton puisque c’est l’équipe Lampre-ISD qui donne le tempo pour son leader Michele Scarponi. Les premières pentes à dix pourcents, qui font office de faux-plats dans une telle arrivée, sont avalées à grande vitesse par la trentaine de coureurs qui compose encore le peloton. A 700 mètres de l’arrivée, Scarponi, toujours en tête, tourne à gauche et ne peut que se plier face au mur qui se dresse devant lui. Joaquim Rodriguez, lui, attend le passage à 28% à 500 mètres de la ligne pour placer son attaque. Sur une route mal pavée, le Catalan fend une foule en délire et, comme à Valdepenas de Jaen, personne ne peut le suivre. Purito remporte sa deuxième étape sur cette Vuelta mais surtout il s’empare ce soir du Maillot Rouge après la défaillance de Chavanel dans le dernier kilomètre. Après une semaine de course, Joaquim Rodriguez se pose plus que jamais en favori numéro un de cette Vuelta.

Classement 8ème étape :

1. Joaquim Rodriguez (ESP, Team Katusha) les 177,1 km en 4h49’01 »
2. Michele Scarponi (ITA, Lampre-ISD) à 9 sec.
3. Bauke Mollema (PBS, Rabobank) m.t.
4. Jurgen Van Den Broeck (BEL, Omega Pharma-Lotto) m.t.
5. Jakob Fuglsang (DAN, Team Leopard-Trek) à 12 sec.
6. Igor Anton Hernandez (ESp, Euskaltel-Euskadi) à 15 sec.
7. Nicolas Roche (IRL, Ag2r La Mondiale) m.t.
8. Denis Menchov (RUS, Geox-TMC) m.t.
9. Daniel Martin (IRL, Garmin-Cervélo) m.t.
10. Fredrik Kessiakoff (SUE, Astana) m.t.

Classement général :

1. Joaquim Rodriguez (ESP, Team Katusha) en 32h18’16 »
2. Daniel Moreno (ESP, Team Katusha) à 32 sec.
3. Jakob Fuglsang (DAN, Team Leopard-Trek) à 34 sec.
4. Vincenzo Nibali (ITA, Liquigas-Cannondale) à 45 sec.
5. Michele Scarponi (ITA, Lampre-ISD) à 51 sec.
6. Fredrik Kessiakoff (SUE, Astana) à 53 sec.
7. Jurgen Van Den Broeck (BEL, Omega Pharma-Lotto) à 55 sec.
8. Bauke Mollema (PBS, Rabobank) à 59 sec.
9. Sylvain Chavanel (FRA, Quick Step) à 1’00 »
10. Maxime Monfort (BEL, Team Leopard-Trek) à 1’01 »