Mais qu’avait le Dieu du sport aujourd’hui pour nous réserver de telles surprises ? Alors que le tonnere s’est abattu à Daegu aux championnats du monde d’athlétisme avec la disqualification de Usain Bolt en finale du 100 mètres, certains coureurs cyclistes ont aussi subi ses foudres, sur les routes de la Vuelta à des milliers de kilomètres de la Corée du Sud. Ce soir, au terme de la neuvième étape du Tour d’Espagne, la liste des favoris a été profondément revue. Et nul doute que le contre-la-montre individuel de demain va perdurer le jeu d’élimination qui se déroule actuellement. A 24 heures de la journée de repos, rarement un Grand Tour n’avait offert une première semaine de course aussi palpitante.

L’étape du jour a ainsi apporté plusieurs enseignements. Tout d’abord, une confirmation, Igor Anton (Euskaltel-Euskadi) ne sera pas sur le podium à Madrid. On savait que la victoire finale lui était interdite depuis sa défaillance vers la Sierra Nevada, mais sa sixième place hier laissait entrevoir un éventuel regain de forme. 33ème de l’étape à 1’50 de Daniel Martin (Garmin-Cervélo), le vainqueur du jour, Anton doit se résoudre à viser les victoires d’étapes. Les pentes régulières vers la Covatilla ont aussi crucifié – et pour le coup c’est une surprise – Michele Scarponi (Lampre-ISD). Très en jambes hier, l’Italien a souffert du vent de face et termine dans le même temps qu’Igor Anton. Ce soir, Scarponi est 18ème du classement général à près de deux minutes de la première place. Rien de définitif, mais rien d’encourageant d’autant plus que le chrono de Salamanque ne risque pas de jouer en sa faveur.

Si Joaquim Rodriguez (Team Katusha) n’a pas perdu le Tour d’Espagne, loin de là puisque le Catalan est deuxième du général à une petite seconde du leader, sa défaillance aujourd’hui nous rappelle que Purito connait systématiquement un « jour sans » sur un Grand Tour. L’an passé, alors qu’il portait déjà le maillot rouge, Rodriguez avait craqué sur les pentes menant en Andorre. Aujourd’hui, le grimpeur de poche a lâché prise à deux kilomètres du sommet et concède 50 secondes à Daniel Martin. Surtout, il perd son maillot rouge au profit de Bauke Mollema (Rabobank), nouveau leader inattendu de la Vuelta.

Mollema, Kessiakoff… les outsiders de la Vuelta se retrouvent en position de force.

Car c’est tout là le paradoxe de cette première semaine de course. Si certains grands favoris ont montré leurs limites : Anton, Scarponi, Brajkovic, Menchov, des outsiders se retrouvent en position de force pour finir sur le podium à Madrid ! Bauke Mollema, le jeune grimpeur néerlandais, en est le parfait exemple. Battu au sprint par Daniel Martin, le 5ème du dernier Tour de Suisse s’affirme comme le coureur le plus régulier de cette première semaine. Que dire alors de Fredrik Kessiakoff (Astana) dont personne n’aurait parié un copeck sur une quatrième place au classement général après neuf jours de course. Et pourtant, le Suédois, récent vainqueur du Tour d’Autriche, a prouvé aujourd’hui que les longs cols ne lui posaient aucun problème. Bon rouleur, Kessiakoff pourrait même être sur le podium du général demain soir.

Toutes ces surprises nous feraient presque oublier les deux hommes les plus impressionnants aujourd’hui : Bradley Wiggins (Team Sky) et Vincenzo Nibali (Liquigas-Cannondale). En tractant le groupe des favoris dans les deux derniers kilomètres, le Britannique a prouvé qu’il avait totalement récupéré de sa fracture de la clavicule. 13ème du général à une minute de Mollema, l’idée de voir Wiggins en tête de la Vuelta demain soir n’est pas à exclure tant il a semblé facile aujourd’hui. Son grand rival se nomme Vincenzo Nibali. Après une performance inquiétante hier vers San Lorenzo de el Escorial, l’Italien s’est rassuré en attaquant à de multiples reprises et en finissant sixième de l’étape. Il occupe ce soir la troisième place du classement général à neuf secondes de Mollema.

Par ailleurs, l’étape fut marquée par la longue échappée de Sebastian Lang (Omega Pharma-Lotto), José-Vicente Toribio (Andalucia-Caja Granada), Pim Lightart et Martijn Keizer (Vacansoleil-DCM). Un quatuor devenu duo lorsque Lightart, le champion des Pays-Bas, et Lang ont faussé compagnie à leurs compagnons à quarante kilomètres de l’arrivée. Ils abordent la montée finale de 19 kilomètres avec plus de 4 minutes d’avance. Insuffisant au vu de la pente sévère et du fort vent de face qui souffle sur la Covatilla. A sept kilomètres de l’arrivée, le regroupement général intervient. Dès lors, une succession d’attaques lancées par Scarponi, Taaramae (Cofidis) ou Nibali secouent le peloton. Mais Bradley Wiggins, au train, ne laisse personne partir. Le Britannique mène un rythme effréné dans le dernier kilomètre, mais se fait déborder par Daniel Martin qui remporte l’étape juste devant Mollema.

Demain, le contre-la-montre individuel de 47 kilomètres autour de Salamanque devrait apporter de grands bouleversements au classement général.

Classement 9ème étape :

1. Daniel Martin (IRL, Garmin-Cervélo) les 179,5 km en 4h52’14 »
2. Bauke Mollema (PBS, Rabobank) m.t.
3. Juan Jose Cobo Acebo (ESP, Geox-TMC) à 3 sec.
4. Bradley Wiggins (GBR, Team Sky) à 4 sec.
5. Christopher Froome (GBR, Team Sky) à 7 sec.
6. Vincenzo Nibali (ITA, Liquigas-Cannondale) à 11 sec.
7. Rein Taaramae (EST, Cofidis) à 12 sec.
8. Denis Menchov (RUS, Geox-TMC) m.t.
9. Haimar Zubeldia (ESP, RadioShack) m.t.
10. Fredrik Kessiakoff (SUE, Astana) m.t.

Classement général :

1. Bauke Mollema (PBS, Rabobank) en 37h11’17 »
2. Joaquin Rodriguez (ESP, Team Katusha) à 1 sec.
3. Vincenzo Nibali (ITA, Liquigas-Cannondale) à 9 sec.
4. Fredrik Kessiakoff (SUE, Astana) à 18 sec.
5. Jurgen Van Den Broeck (BEL, Omega Pharma-Lotto) à 27 sec.
6. Daniel Moreno (ESP, Team Katusha) à 35 sec.
7. Jakob Fuglsang (DAN, Team Leopard-Trek) à 37 sec.
8. Kevin Seeldraeyers (BEL, Quick Step) à 42 sec.
9. Haimar Zubeldia (ESP, RadioShack) m.t.
10. Juan Jose Cobo Acebo (ESP, Geox-TMC) à 46 sec.