Victor, comment t’es-tu retrouvé devant au Roc d’Azur ?
Je me suis retrouvé en tête sur une descente assez appuyée après la Flûte, à partir de cinquante minutes de course. J’ai réussi à prendre quelques longueurs d’avance. En bas, je comptais une quinzaine de secondes d’avance. Et sur le Roc, 15 secondes, il faut les saisir car ensuite, dès qu’il y a du visuel, on ne laisse plus partir personne. J’ai utilisé ce petit écart pour gérer mon effort. Ça restait très long avant de rejoindre la Base Nature. Il fallait gérer l’effort, ne pas s’affoler. Car même une fois passé le Bougnon, ce n’est pas fini, et il faut en avoir gardé sous la pédale. Surtout pour le final avec le vent de face sur la piste cyclable.

L’écart sur tes poursuivants se réduisait dans les bosses, pourquoi ?
Je montais au train dans les bosses et je faisais l’écart sans trop me fatiguer dans les descentes, qui reste mon point fort. Mes adversaires revenaient à chaque fois un peu dans les montées mais je faisais en sorte d’en garder sous la pédale pour la fin et le retour sur Fréjus. Je savais que ça allait être long au compteur, avec deux heures et quart de course. J’essayais de ne pas me mettre dans le rouge dans les montées pour pouvoir faire de belles descentes, propres, sans risque de crevaison ou de casse. Quand je me suis retrouvé avec un peu plus d’une minute d’avance, j’ai pu faire toute la fin à bloc, mais à mon rythme.

Tu as franchi le col du Bougnon en tête, qu’as-tu ressenti ?
Grimper devant le col du Bougnon, l’Alpe d’Huez du VTT, restera exceptionnel. Sur tout le tracé du Roc, on est souvent seuls dans la nature. Et quand vient le Bougnon, c’est extraordinaire ! Il doit y avoir 2000 personnes rassemblées sur 300 mètres, c’est juste énorme ! On ne s’entend même plus respirer. Après cela le final m’a paru long. Il y avait en plus vent de face sur cette partie-là, je me suis mis en position aérodynamique, un peu comme en route.

Tu t’adjuges le Roc d’Azur, ça fait référence sur un palmarès ?
Oui, gagner le Roc au moins une fois, c’est géant. D’autant plus que je ne suis qu’Espoir 3ème année. Je suis vraiment très content. Je pourrai dire que j’ai gagné le Roc d’Azur au moins une fois dans ma vie. C’est une référence. Cette victoire me réjouit. Elle me permet de finir la saison en beauté, moi qui était ressorti du Championnat du Monde Espoirs sur une mauvaise note. C’était une petite frustration, j’avais à cœur de la soulager au Roc d’Azur, que je suis vraiment content d’avoir gagné. Je viens à Fréjus depuis que je suis tout petit. J’avais gagné le Kid Roc en catégorie Poussin en 2004.

Que t’inspire un événement comme le Roc d’Azur ?
Quand on est gamin, on vient là, on voit tous les vélos, les nouveautés, ça fait rêver de voir du beau matos et ça donne envie de continuer à progresser pour rouler sur de beaux vélos. Aujourd’hui le Roc, c’est un peu les vacances, même si je gagne. On profite quand on est ici. L’ambiance est autre qu’une Coupe du Monde. On est plus ouverts aux gens, c’est la dernière course de la saison.

As-tu à 21 ans l’ambition de participer aux Jeux Olympiques de Rio la saison prochaine ?
Je serai encore Espoir l’an prochain, or pour entrer dans les critères olympiques il faudra courir en catégorie Elite. Mon objectif est de me faire surclasser en Elite pour pouvoir jouer les critères de sélection avec Julien Absalon, Maxime Marotte, Jordan Sarrou, Stéphane Tempier et Hugo Drechou. Nous serons six pilotes pour trois places. La sélection pour les Jeux reste plus dure que la course ! Ça a toujours été comme ça. Et encore ce n’est pas le pire en France. Prenez la Suisse avec six coureurs dans les dix meilleurs mondiaux…

Propos recueillis à Fréjus le 11 octobre 2015.