« Ça reste toujours une émotion. Tu pars le matin, tu vas en direction du soleil, là où a lieu le Roc d’Azur. C’est le plus grand événement VTT du monde, tu constates combien de gens aiment ce sport, tu ressens au quotidien l’énergie qui en découle, et que tu fasses un résultat ou non, ça reste la plue belle émotion. » Miguel Martinez, seul pilote au monde à avoir inscrit trois fois son nom au palmarès du Roc d’Azur, à seize ans d’intervalle, possède une vision spirituelle de l’événement qui continue à faire référence. Ils sont 5200 à ressentir le même frisson ce matin à l’approche de la gigantesque zone de départ qui s’ouvre sur la Base Nature de Fréjus, qui symbolise depuis près de vingt ans le point de départ d’un défi mythique.

L’heure des derniers efforts de la saison a sonné. Des deux dernières heures plus exactement s’agissant des plus rapides à revenir vers Fréjus après 56 kilomètres d’une excursion à travers le massif des Maures et des lieux-dits indissociables du Roc d’Azur : Fournel, la Flûte, les Clapiers, la Bastide Neuve, le Car Brûlé, le Bougnon, la Gaillarde, les hauts de Saint-Aygulf, la plage de la Galiote et le chemin des douaniers. Et l’opportunité est belle, pour qui sait la saisir, de finir l’année en triomphe avant la saison olympique qui s’ouvrira en 2016.

Loin de Rio qu’il espère voir avec l’équipe de France l’an prochain, ce pourquoi il sera surclassé sur les Coupes du Monde, Victor Koretzky défend à Fréjus les chances du team BH-SR Suntour-KMC, privé pour la circonstance de Maxime Marotte et du tenant du titre Jordan Sarrou, retenus par le Test Event brésilien au même titre que Julien Absalon. Il y a un mois à Vallnord, l’Héraultais de 21 ans est reparti frustré des Championnats du Monde Espoirs, une médaille d’argent autour du cou, au terme d’une saison qui l’a vu s’adjuger une Coupe du Monde Espoirs à Windham après une 3ème place à Mont-Sainte-Anne, et multiplier les podiums au niveau national (2ème du Championnat de France Espoirs, 2ème et 3ème au scratch des Coupes de France de Plœuc-sur-Lié et Lons-le-Saunier).

Cette frustration, Victor Koretzky entend bien la soulager avec une performance au Roc d’Azur, où il avait accroché une première victoire en 2004… sur le Kid Roc ! Pour finir en beauté, le pilote BH va mettre à profit sa connaissance du terrain, que les puristes estiment toujours plus roulant d’une année sur l’autre. Sur des traces sèches mais compactées, il va être le premier des favoris à se découvrir au moment où débutent les choses sérieuses avec la descente du Fournel et la longue montée de la Flûte dont les pentes avoisinent les 15 %, qui fait cette année son retour sur le parcours du Roc. Au sommet, le point culminant du tracé à 310 mètres, on attaque une descente en sous-bois sur un sentier monotrace. C’est là que Koretzky a choisi de se défaire d’un groupe qui, au gré des aléas et nombreuses circonstances, a déjà perdu quelques candidats déclarés à la victoire.

Profitant de ses qualités de descendeur, Victor Koretzky obtient un avantage de 15 secondes au bas de la descente, kilomètre 21, avant l’enchaînement des difficultés. « 15 secondes d’avance à cet endroit là sur le Roc d’Azur, il faut les saisir car après, quand on retrouve du visuel, on ne laisse plus partir personne », se dit aussitôt le pilote BH, qui disparaît dans le massif en prenant soin de bien gérer son effort sans s’affoler. Il va ainsi monter au train dans les bosses, quitte à permettre à ses poursuivants de se rapprocher, pour privilégier la réalisation d’écarts sur des descentes appuyées, son point fort. Surtout, il en garde sous la pédale pour le final. Car après la montée riche en émotion du Bougnon entre des centaines de spectateurs amassés sur 300 mètres à la verticale, il lui faut encore traverser la plage de la Galiote, longer la Méditerranée par le spectaculaire chemin des douaniers, et emprunter la piste cyclable ralliant la Base Nature.

Mais avec une minute d’avance pour affronter le final, Victor Koretzky est serein. Il finira en beauté, sans se mettre dans le rouge, pour succéder au palmarès à Jordan Sarrou et entretenir la tradition d’une victoire française à Fréjus depuis 2012. Restés loin de lui, les Suisses Nicola Rohrbach (Goldwurst-Power-Felt) et Martin Fanger (BMC MTB Racing Team) complètent le podium.

Classement :

1. Victor Koretkzy (FRA, BH-SR Suntour-KMC) en 2h18’19 »
2. Nicola Rohrbach (SUI, Goldwurst-Power-Felt) à 1’26 »
3. Martin Fanger (SUI, BMC MTB Racing Team) à 3’47 »
4. Sébastien Carabin (BEL, Merida-Wallonie MTB Team) à 3’48 »
5. Johnny Cattaneo (ITA, Trek-Selle San Marco) à 3’49 »
6. Jochen Kass (ALL, Centurion Vaude) à 5’06 »
7. Markus Bauer (ALL) à 5’44 »
8. Daniel Geismayr (AUT, Centurion Vaude) à 5’49 »
9. Hugo Pigeon (FRA, Chambéry Cyclisme Formation) à 6’08 »
10. Adrian Brzozka (POL, JBG-2 Professional MTB Team) à 7’14 »