Pierre, tu t’es présenté jeudi au départ du Roc Masters. C’était une manière de reconnaître le tracé du Roc ?
J’ai d’abord été très heureux de pouvoir faire un tour de vélo au terme d’une année difficile durant laquelle j’ai eu l’impression d’avoir pris cinq ans. Je n’ai pas manqué de remarquer que la boucle des Masters était la même que celle qu’aura à faire Julie Bresset ce dimanche matin, avec pas mal de chemins équivalents également à ceux des garçons. Nous avons encore effectué une reconnaissance de l’intégralité du parcours hier matin avec Julie. Ça me permet d’avoir déjà une certaine vision sur la course. Côté matériel, ce n’est pas un secret, ce sera un semi-rigide, des pneus assez roulants, et des roues de 29″.

Après ses prestations de belle facture en Marathon, championne de France à Tournus et 3ème de l’Extrême sur Loue, on pouvait s’attendre à retrouver Julie Bresset au départ du Roc Marathon…
Nous avons fait le choix de nous concentrer sur une course d’un jour. Elle avait envie de faire le Marathon, mais je pense qu’il était plus intéressant de se mettre dans l’optique de préparer une seule journée et de tout donner sur cette journée-là. Julie est sur le retour. Depuis un certain temps ça se passe bien. Elle le dira mieux que nous mais nous trouvons qu’il y a beaucoup de points positifs. Elle revient de manière très saine, très progressive, avec un beau niveau d’énergie tant techniquement que physiquement. Il y a plein de points encourageants et je pense qu’elle va essayer de finir sur une bonne note sur le Roc pour ensuite faire un bon hiver.

Comment avez-vous travaillé avec elle en cette nouvelle année compliquée ?
Le constat a été fait dès le début de saison que l’hiver n’avait pas permis de remettre certaines choses à plat. Il nous a fallu le refaire une bonne fois pour toutes ! Julie a fait montre d’une très grosse motivation. Partant de là où elle était, il fallait être capable de repartir de zéro encore une fois. Elle l’a fait. Elle a beaucoup travaillé, même s’il lui a fallu un peu de temps. Nous avons de notre côté beaucoup travaillé pour lui laisser ce temps-là, ce qui n’est pas facile à ce niveau avec les sollicitations, les sponsors… Mais Julie a montré de nombreux points positifs et nous croisons les doigts pour elle. Nous sommes en tout cas heureux de la voir sourire à nouveau sur le vélo.

Quel discours un coach doit-il tenir auprès d’un pilote dans une telle situation ?
Il y a tellement de choses à dire qu’il serait trop réducteur de ne donner qu’un mot. Une athlète de ce niveau-là, quand elle arrive coincée comme ça, ça ne dépend jamais que d’une seule raison. C’est un enchaînement d’erreurs, de pièges, de malchance. La remobiliser n’a pas nécessité qu’un discours. Il a fallu remettre à plat un ensemble de causes, multiplier les discussions et lui témoigner notre confiance. Et ça ce n’est pas difficile. Quand on connaît Julie, il n’est pas dur de garder confiance pour elle.

D’un point de vue plus général, comment as-tu ressenti la saison 2015 du team ?
Ça a nécessité également pas mal de boulot. Nous avons eu notre lot de malchance. Il ne s’agit pas de se plaindre, ça fait partie du sport. Il a fallu revoir beaucoup de choses. Mais je pense que tout le monde a bien redressé la barre en fin de saison. Maintenant, nous sommes déjà concentrés sur l’année olympique, et nous croisons les doigts pour tout le monde.

Il s’agira d’une année particulière. Doit-on imaginer de nouvelles adaptations si proche de l’échéance de Rio ?
A chaque fois, c’est presque un cycle de quatre ans. Depuis Londres en 2012, les pilotes ont récupéré puis ont reconstruit au fur et à mesure. Nous avons travaillé sur le matériel, le vélo, les pneus, les roues… Nous avions un nouveau cadre cette année, on peut encore imaginer quelques changements l’an prochain, même s’il ne faudra pas bousculer les pilotes. Nous travaillons au jour le jour pour les amener au mieux.

Comment allez-vous travailler sur l’échéance olympique ?
Les données du parcours sont assez fraîches puisque nous ne disposons des premières vidéos que depuis juillet. Nous avons deux coureurs à Rio ce week-end pour voir, Maxime Marotte et Jordan Sarrou. Nous allons faire le point à leur retour et voir ensemble comment nous préparons les JO.

A titre personnel, comment as-tu vécu l’atmosphère du Roc Masters de l’intérieur ?
C’était sympa. Pour être honnête, je ne me suis pas senti complètement coureur. C’était assez dur, et j’ai été obligé de ne pas forcer si je voulais aller jusqu’au bout. Ça a été de la grosse gestion mais c’est toujours super, on se fait toujours plaisir.

Propos recueillis à Fréjus le 8 octobre 2015.