Les Américains qui ne manquent jamais de superlatifs pour souligner un succès, au choix : gorgeous, awsome, iconic…vont pouvoir débattre de laquelle des étapes 5 ou 6 est la queen stage de cette Haute Route qui se termine ce vendredi 30 juin, jour des anniversaires, dont celui de Vélo 101, 17 ans, la limite, 17 exercices déjà, et vous êtes toujours plus nombreux à nous suivre.

Cette étape 6 est la plus longue : 170 km, la plus haute des 2 avec 3000 mètres de D+, elle relie Snowmass Village et monte Crested Butte, la station de Crested Butte, le old village, là où est né le vtt, fin des années 70. C’est sûrement l’étape qui permet un renversement de scénario, par son déroulé. En gros, une première partie longue de plus de 40 km, puis une section de plus de 100 km chronométrés avec la Mc Clure pass à 2669 mètres, une montée totale de 37 km, puis surtout  le Kebler pass, tout en dirt, situé à 3050 mètres, là-aussi, 37 km de montée, tantôt soft, tantôt face au vent, et surtout, une étape longue et difficile, après celle d’hier.

 

Un ingrédient s’est rajouté au débat, le gravel, abordé dès le départ, puis en différents points, au total, plus de 3 km dont pas mal en descente, là où il faut piloter son vélo plutôt que foncer tête baissée. Janel Holcomb, la super ambassadrice Mavic, Focus… ex pro, 4ème  des championnats du monde par équipes à Ponferada, en 2014, (que vous retrouverez bientôt en itv sur Vélo 101), l’avait souligné, « maîtrisez votre vélo, soyez souples des bras, et surtout continuez de pédaler pour abaisser votre centre de gravité, fixez loin pour capter les bonnes trajectoires. » Résultat ? Certains ont crevé (4 fois, on ne vous dira pas le nom, vous seriez surpris, un ex pro !), d’autres pas du tout. Pourquoi ? Le pilotage bien sûr, mais aussi le matériel, on a vu pas mal de Hutchinson Sector, en 28 mm, le compromis idéal pour ne pas sur gonfler et passer sans encombres, comme nous autres dont pas mal de Français, un signe du bon matériel à notre disposition, côté pneus et aussi roues, Mavic prenant enfin la bonne roue, tubeless, celle, entre autres, de DT Swiss ou Campagnolo-Fulcrum. Mavic dont les hommes d’action n’auront pas chômé.

 

La face de la course en a été changée puisque Emma Pooley, qui domine tout depuis le début, a crevé, en dehors des possibilités d’assistance, et Laetitia Roux n’a pas demandé son reste. Résultat ? Une vraie belle victoire d’étape au scratch général, hommes et femmes confondus, la classe, une vraie championne.

Pour le scénario de course, avantage étape 6, donc, côté paysages, on a encore été gâté. Imaginez, avant le km 40, un panneau next gas station 60 miles, soit plus de 100 km, sans ville d’importance, que des ranchs, des rivières, des forêts de bouleaux, les aspen trees, les montagnes enneigées au loin. Le premier col est long et régulier, jusqu’aux 5 derniers kilomètres, là où le vent s’en mêle, c’est dans la descente que c’est le plus marquant : 20 km sans donner un coup de frein, un boulevard, un pur bonheur. La transition vers Kelber pass se fait assez vite, mieux vaut ne pas être isolés, les courants remontent la vallée, et on attaque la longue montée du seul col entièrement en terre battue, Kebler pass, le 4ème et dernier plus de 3000 de la semaine.

 

La montée se fait à son rythme, on gère et pas mal vont ressentir les effets des étapes précédentes. On est au coeur d’un parc naturel, Gunnison park, et la nature est plus que reine. On entend les milou ou lily, selon, qui aboient dans les propriétés, on voit beaucoup de myrtilles, et autres petites baies qu’adorent les winnie, et bingo, un coureur, dossard 264, a vu passer la maman ours et son ourson, dépaysement garanti.

La descente du col est neutralisée, on fonce vers Crested Butte, sa station de ski, monte Crested Butte, final d’un chrono de 3 km, sa Fat Tire Beer, et son Fat Tire Festival, un des plus anciens de vtt aux Etats-Unis, qui en compte pourtant beaucoup.

Aujourd’hui, c’est fête à Colorado Springs, 70 km de mise en bouche et la bière coule à flots, plein d’anniversaires à fêter.