Dimanche 6 avril au moment où tous les finisseurs des deux parcours de l’Héraultaise (ex Roger Pingeon) recevaient leurs diplômes sitôt l’arrivée franchie, il est au moins deux autres sortes de protagonistes de cette 16ème édition qu’il faut féliciter. D’une part, les motards qui ont fait un travail superbe pour faire garer les voitures en face de la course. D’autre part, les automobilistes qui ont parfaitement joué le jeu : c’est un début de saison qui s’annonce bien de ce côté-là aussi. Autre très bon point, évidemment la météo qui était tendance manches et cuissards courts, bronzage et repas d’arrivée pris sur le gazon. Un vrai régal ! Le plateau, mais aussi des conditions comme ça, un mois de mars avec cinq week-ends, un printemps magnifique : la saison s’annonce bien pour les magasins de vélo, aussi et c’est tant mieux.

Le départ était donné à 9 heures pour le parcours de 90 kilomètres, 20 minutes après pour le peloton des 138 kilomètres, la logique a échappé à beaucoup. Il doit y en avoir une, mais elle doit être d’origine locale. Un peu moins de 700 coureurs sur la formule courte, et un peu plus de 400 sur le long : la tendance est respectée. Un très beau total en tous cas. Sur le vu de l’ensemble des prestations, c’est tout à fait normal tant l’organisation, avec le concours du Conseil Général, se donne les moyens de bien accueillir les participants de cette cyclo qui, même sans le cirque de Navacelles, plaît et trouve son public de l’Aude jusqu’à la Lozère en passant par l’Aveyron, le Gard, le Vaucluse, et même l’Isère !

Les nostalgiques du cirque de Navacelles regretteront que cette Héraultaise nouvelle formule manque de difficultés, de personnalité. On répondra qu’il en faut pour tous les types de coureurs et qu’en début de saison, 1700 mètres de dénivellation pour 138 bornes, ça laisse le temps de se préparer pour les ascensions hors catégorie, celles de juin, juillet et août. Au vu des crampes, des défaillances de coureurs partis trop fort, tout ça sur fond de 26 degrés, on se disait à l’arrivée que c’était bien assez et qu’un ravitaillement juste après la ligne n’aurait pas été de trop. Le pire c’est qu’il y était, mais juste avant d’aller se ravitailler à la salle de sport, là où on prenait le repas d’arrivée ! C’est le seul petit point qui nous est apparu comme « peut mieux faire » : déplacer ce ravito avec de l’eau, du coca et le tour est joué. Jean-Pierre Devise et toute son équipe n’auront pas de problème à corriger le tir pour la 17ème édition. L’épreuve a certes été créée en 1996, mais la Roger Pingeon a passé quelques tours, pour renaître sous forme d’Héraultaise.

On l’a dit, cette cyclo propose le type de parcours où il y a tout ce qu’il faut, dans l’Hérault, c’est bien normal. Des paysages variés et globalement superbes, des routes de bonne qualité, des villages aperçus ou traversés, pas trop importants, bien gardés, et de quoi se faire plaisir surtout avec un temps pareil. Autre super point positif, la sécurité, les motards on l’a dit, mais aussi le fléchage. Il fallait presque le faire exprès pour ne pas voir les flèches et aussi les signaleurs présents à chaque carrefour et affublés du coupe-vent jaune : rien à dire, le compte y était.

Côté course, la sortie de Gignac se fait sur des routes assez larges, direction Saint-Guilhem-le-Désert. Évidemment quelques coups de freins intempestifs sont là pour rappeler tout le monde à l’ordre, mais on peut dire que tout s’est bien passé. C’est après une vingtaine de kilomètres que les choses se décantent. On s’en va chercher Causse-de-la-Selle (un peu plus de 300 mètres d’altitude) puis la source de l’Hérault en passant par Vis et les gorges du même nom. On touche le cirque de Navacelles, au moins par le nom puisqu’on traverse Saint-Maurice-de Navacelles où le plus dur est fait, avant de se taper 10 kilomètres absolument rectilignes, excellents pour travailler le contre-la-montre par équipes, mais mieux valait ne pas se retrouver seul, ou seule comme notre témoin Vélo 101 du jour. C’est au moment où on quitte le plateau du Larzac et son vent, la plupart du temps de côté, mais rarement de face, qu’on recolle les parcours et que la route est commune entre les différentes options. C’est aussi dans cette partie escarpée que s’est jouée la course des cadors du 138 kilomètres. Les quatre garçons forcément dans le vent, Olivier Candelon, Nicolas Chapel, « les locaux » d’un côté, et Jean-Luc Chavanon et Jean-Baptiste Trauchessec « les jean » de l’autre, vont se faire la belle avant de se faire la misère et permettre aux deux locaux de finir dans l’ordre de l’alphabet en 3h40’45 » et deux centièmes pour les départager.

Chez les filles, trop peu nombreuses sur ce parcours, Karine Saysset met à peine 12 minutes de plus. Du côté du 93 kilomètres, ça a roulé moins vite, signe que les difficultés sont plus compactes. C’est donc une victoire (au sprint aussi) de Danny Pinol en 2h40’53 », devant Vincent Cantoni et Camille Sola. À noter la superbe 5ème place de Léos Maere, ex-jeune reporter du Tour, promo 2006, la toute première de Vélo 101, qui arrive au sprint pour la 3ème place : vous avez dit la tête et les jambes ? Chez les filles, là aussi 12 minutes plus tard à peine et c’est Livia Reveillas qui l’emporte en 2h52’16 »

Tout le monde a eu le temps d’arriver, de se restaurer, d’apprécier le petit café et les remises de prix pouvaient commencer. La saison était déjà bien partie avec les cyclos du mois de mars, l’Héraultaise et la Bisou dont vous retrouverez très vite le compte-rendu sur Vélo 101 ont montré qu’en ce début avril, le fil est bien maintenu.

Le témoin Vélo 101… Anne Nouvel-Owens

Anne, comment s’est déroulée l’Héraultaise pour toi ?
Très bien, il faisait beau, sans trop de vent. Il y en a eu un peu, mais seulement de côté donc ça allait. Mais je me suis retrouvée toute seule sur pratiquement la seconde moitié du parcours après avoir lâché mon groupe dans la montée. J’avais déjà fait le petit parcours de l’Héraultaise il y a deux ans. Je trouve que le grand parcours est plus intéressant. Je suis aussi plus en forme qu’il y a deux ans et je me suis donc plus fait plaisir. Les parcours de 90 kilomètres sont quelque chose que l’on fait régulièrement à l’entraînement. C’est bien de faire autre chose.

Quel est ton niveau de pratique ?
Je roule beaucoup avec mon mari et avec des copains. Je fais deux sorties le week-end. J’ai un travail assez prenant puisque je dirige l’entreprise familiale dans le domaine du négoce de matériel de seconde œuvre. Cela m’arrive pendant l’été de partir un peu plus tôt ou de rouler tôt le matin. Sinon, on essaye de faire des sorties d’une centaine de kilomètres.

Quel est ton programme pour les prochains mois ?
Je vais faire la Granfondo Saint-Tropez la semaine prochaine. Je participerai également à l’Etape du Tour. Puis je vais faire le Circuit des Cent Cols en Corse. Dix jours avec 200 kilomètres par jour et 3700 mètres de dénivelé. Je préfère grimper. Je n’aime pas descendre.

Comment expliques-tu qu’il y ait si peu de femmes sur les cyclos françaises ?
Pour avoir roulé un peu en Australie où il y a plus de femmes que d’hommes, je trouve que c’est assez étonnant en France. C’est un sport assez dur. Je ne sais pas si c’est ce qui arrête les femmes, mais c’est dommage. Mais les Français sont assez gentlemen. Quand on est en groupe, il ne te demande pas d’aller travailler à l’avant. En revanche, ils n’aiment pas trop quand on les double dans une montée.

Tu as roulé en Australie, mais au vu de ton maillot, tu as dû rouler en Italie également…
Oui, c’est un super pays pour rouler, boire du bon vin et pour bien manger. Je connais un groupe d’Australiens installés à Barolo qui ont fondé l’entreprise Experience It. Ils organisent des séjours vélos et dégustation de vins et de fromages. On le fait presque chaque année et on se régale à chaque fois. Ils connaissent toutes les petites routes et les producteurs locaux. C’est super de faire ça avec eux.

Classement 93 km :

1. Danny Pinol (VC Melgorien) en 2h40’53 »
2. Vincent Cantoni (ASPH Montpellier) en 2h40’54 »
3. Camille Sola (Montagnac) en 2h41’00 »
4. Jeremie Chapelle (Team Bouticyles Alès) en 2h41’01 »
5. Léos Maere (Guidon Sportif Sétois) en 2h41’01 »
6. Julien Chesnais (CVC Montfavet) en 2h41’02 »
7. Florian Dagorne (Team Montagnac AC) en 2h42’41 »
8. Franck Amoros (Guidon Sportif Sétois) en 2h42’41 »
9. Jean-Philippe Mandelli (Vélo Club La Pomme) en 2h42’46 »
10. Adrien Skakal (Guidon Sportif Sétois) en 2h42’47 »

Classement 138 km :

1. Olivier Candelon (EC Sainte-Luce) en 3h40’45 »
2. Nicolas Chapel (Team Montagnac AC) en 3h40’45 »
3. Jean-Luc Chavanon (Chamrousse Cyclosport) en 3h40’56 »
4. Jean-Baptiste Trauchessec en 3h41’15 »
5. Dominique Azam (VVSA) en 3h46’06 »
6. Erwan Kaggestad (AS Carcassonne) en 3h46’07 »
7. Benjamin Zamora (Team Montagnac AC) en 3h46’33 »
8. Gregory Fulcrand en 3h49’26 »
9. Yannick Bernad (CC Rivesaltes) en 3h49’27 »
10. Antonin Azam (GMC 38) en 3h49’27 »