Une question nous hante au sortir de trois magnifiques journées passées à Bienne, au siège de DT Swiss, où les équipes de Daniel Berger ont été rejointes par celles, tout aussi super, de Schwalbe : combien de kilomètres de tube d’aluminium passent par l’usine de Bienne chaque année ? On pourrait compliquer le jeu, en y adjoignant rivets, rayons, moyeux, fourches, amortisseurs, etc. faits pour la marque DT ou en sous-traitance. Nous n’avons pas la réponse mais on vous promet de vous la donner dès qu’on l’aura. En tout cas, nous voici, en plein cœur de l’Europe, dans une usine dernier cri. 200 personnes au total s’affairent à produire d’un bout à l’autre les roues alu dont l’emblème est la Tri Con (prononcez trailleconne !) ou encore les moyeux DiCUT, TriCon, SPline (la nouveauté 2013) et Classic.

Trois mots pour définir cette usine : assemblage, humain et précision. Précision car on est en plein cœur de la vallée horlogère qui fait la réputation mondiale de la Suisse et des aiguilles aux rayons, des rivets aux boutons-poussoirs, il n’y a que quelques millièmes et les deux industries se rejoignent sur cet aspect-là avant tout.

Deuxième facteur très prégnant tout au long de cette visite passionnante où l’on voit naître et grandir une roue, celle sur laquelle vous allez rouler, celle sur laquelle la moindre erreur, la moindre imprécision, peut être dramatique tant la roue fait le contact entre le cycliste et le sol macadamisé ou non, c’est la présence humaine. A tout instant, sur des machines dernier cri, il y a un homme/une femme qui, tranquille, sans précipitation, contrôle au millimètre les réglages, les diamètres, ou assemble les éléments avant ou après usinage. C’est propre et précis !

Troisième facteur marquant : l’assemblage. Comme pour le vin, on part d’un tube d’aluminium, on découpe, on fixe, on découpe les rayons, prépare les rivets, pose la bande de freinage. Chaque roue est identifiée, trackée. Bref, comme pour les derniers crus, on mélange le dernier cri de la technologie avec des caisses en bois qui datent du siècle dernier et que DT Swiss rachète aux chemins de fer suisses (pour le convoyage d’étape en étape des rayons au travers des entrepôts de l’usine) ou de caisses en palettes pour les cercles d’aluminium. Un peu comme pour les fûts dans les caves prestigieuses, l’ancienneté du bois fait la tradition et sécurise quant au côté non standardisé de la production locale.

On l’a compris, à Bienne, DT Swiss est fier de montrer qu’il est l’un des seuls fabricants non seulement à produire en Europe, mais surtout à produire l’ensemble des composants qui font sa gamme de roues aluminium. Fierté légitime, car la qualité a un prix, celui du made in Europe auquel on peut ajouter la spécificité suisse quant aux droits de douane, non appartenance à l’Europe économique oblige. La gamme route 2013 est déjà là et elle s’étoffe encore un peu plus, même si le Mon Chasseral et ses 1609 mètres sera toujours l’un des spots préférés des techniciens pour les tests à la montée comme à la descente (superbes mais qui se méritent), la Mon Chasseral ne sera plus à la gamme… Dommage car c’est un nom référent qui disparaît.

Pour 2013, la gamme de roues DT Swiss destinées à la route s’articule sur quatre types de moyeux : DiCUT, Tricon, SPLine et Classic.

La gamme DiCUT s’étoffe… en modèle et en pignons !

DiCUT (pour Diamond Cut), un moyeu présenté en 2012, optimise le rapport poids-rigidité pour une meilleure répartition des contraintes et un esthétique accrocheur. On retrouve ce moyeu sur l’ensemble de la gamme carbone. A noter la fixation des rayons, étudiée pour permettre une orientation aérodynamique optimale. Ce moyeu utilise le nouveau concept Ratchet Sytem, qui permet un changement rapide et facile du corps de roue libre. Il faut souligner que ces modèles sont compatibles, déjà, avec un corps de roue libre 11 vitesses qui pourront accueillir le nouveau groupe Shimano 2013. DT Swiss est dans l’allure !

La gamme DiCUT propose un modèle en 32, 46 et 66 millimètres, ainsi qu’une roue pleine pour le contre-la-montre. Pour les RR32 et RR46, la roue avant dispose de 20 rayons droits (radiaux) et d’une roue arrière équipée de 24 rayons croisés par deux. Le modèle RR66 dispose de 16 rayons à l’avant et 20 à l’arrière. A noter que cette gamme est disponible en version pneus et version boyaux.

Jante carbone ou hybride… c’est Reynolds !

Pourquoi investir des centaines de milliers d’euros et prendre le risque de faire moins bien que des spécialistes ? Quand Reynolds a besoin de rayons et de moyeux, la société se fournit chez les meilleurs : DT Swiss, une marque référence en la matière. Eh bien les Suisses font de même quand il s’agit de faire fabriquer une jante carbone. Les ingénieurs DT Swiss élaborent un cahier des charges précis mais c’est Reynolds qui applique et fabrique les jantes carbones utilisées sur les modèles DiCUT road race carbon 32/46/66/Disc. Une des nouveautés DiCUT 2013, c’est une jante hybride qui inclue une bande de freinage en aluminium usiné, offrant plus de sécurité au freinage tout en conservant les atouts d’une jante carbone haute. C’est la RRC46 DiCUT Hybrid; disponible uniquement en modèle à pneus.

Adieu Mon Chasseral…

L’année 2013 marque le retrait du Mon Chasseral du catalogue. Cette roue fut le modèle emblématique de la gamme durant des années, à l’image du Mon Chasseral qui surplombe la cité de Bienne et offre un terrain de test fabuleux et éprouvant. En remplacement, DT Swiss propose un modèle RR21 Dicut, une jante aluminium en 21 millimètres à pneus, de couleur noire à rayons blancs ou blanche à rayons noirs, au choix. Décoration et résistance au lavage… Beaucoup d’utilisateurs s’en plaignaient jusqu’à présent : les décorations et autres autocollants DT Swiss avaient la mauvaise tendance à se décoller au fil des lavages et nettoyages des roues, offrant un aspect peu esthétique au fil des usages. Les Suisses ont résolu le problème en valorisant le procédé Waterslide, la mise sous verni des décorations, offrant ainsi une protection efficace lors des lavages. Ce procédé est utilisé sur les jantes carbones de la gamme DiCUT.

Tricon, in Tubeless we trust !

DT Swiss poursuit la fabrication de la roue Tricon, seule roue offrant la technologie Tubeless depuis 2009. Peu de nouveauté technologique sur cette gamme de roues, polyvalente, fiable et offrant un bon rapport poids-rigidité même si elle se destine plus à des gabarits légers et des parcours montagneux. Les gammes de pneus tubeless s’étoffent et cette technologie devrait séduire de plus en plus d’adeptes compte tenu du faible risque de crevaisons. C’est le pari technologique de DT Swiss. A noter que cette gamme aussi est compatible avec le corps de roue libre 11 vitesses de Shimano. Cette roue, RR1450 Tricon, est disponible en deux coloris (blanc perle ou noir), mais seul le modèle black dispose de la technologie Waterslide pour la protection des autocollants.

Ça plane pour la SPline

C’est la grosse et principale nouveauté de la gamme 2013. Une gamme de roues dont la jante est compatible avec la technologie tubeless mais pas que ça. Un moyeu carbone avec des roulements céramiques, la gamme SPline joue dans le haut de gamme ! On a aperçu un prototype lors du Presscamp de la RC38 SPline, une jante carbone 38 millimètres, nouvelle génération, nouveau look, une jante à boyaux qui utilise la technologie Waterslide pour la décoration. 20 rayons radiaux à l’avant, 24 croisés par deux à l’arrière. C’est simple, sobre, beau. Mais la SPline ne se conjugue pas qu’au carbone. DT Swiss propose la R23 SPline en aluminium, qui remplace l’ancienne RR1600. Une jante alu de 23 millimètres, disponible en blanc ou noir selon le choix de l’acheteur. Il y a aussi la R28 Spline, qui offre un profil un peu plus haut, toujours en aluminium. On devrait retrouver cette roue dans plusieurs comparatifs et tests des prochains magazines et site web… Affaire à suivre !

Classic DT Swiss, accessible !

La gamme Classic porte bien son nom : rendre abordable la fiabilité et la technologie DT Swiss au plus grand nombre, avec un budget restreint. Cette gamme propose des jantes carbones (RC32 ou RC46) mais aussi des jantes alu (RR1850) avec un profil de 30 millimètres avec un choix de couleur (noir ou blanc). C’est un peu lourd certes mais c’est fiable et abordable, les rayons sont simples mais l’utilisateur a accès à un produit homogène, abordable et fiable. C’est déjà beaucoup !

Des jantes et de nouveaux moyeux…

Le catalogue 2013 propose neuf modèles de jantes aluminium, certaines à profil haut (30 mm), d’autres offrant des largeurs de jantes variées et un modèle asymétrique. Les amoureux du beau matériel, qui aiment assembler leurs roues, trouveront une large gamme de moyeux utilisant les technologies Straightpul comme les nouveaux 240S straightpull ou le 350 straightpull. Sans oublier les classiques : 240S, le 350… Et toute une gamme de rayons aux dimensions riches et variées pour fabriquer une roue à votre goût !

Côté pneus, la grosse annonce de ce mois de mai 2012 est l’arrivée de Schwalbe sur le marché du tubeless route. Nouvel acteur, sérieux, fiable, qui vient encore renforcer le marché du tubeless où les seuls Hutchinson, d’un côté, Shimano, Campagnolo et DT Swiss de l’autre, se sentent, se sentaient un peu seuls. L’Ultrémo ne sera donc plus seulement proposé en version classique (où le blanc vient se rajouter aux coloris qui font 60 % des ventes de l’Ultrémo, 40 % donc pour la version noire). A compter de septembre, vous le trouverez en tubeless, annoncé à 295 grammes, aux alentours de 65/70 euros, et gonflable et ajustable avec une pompe à pied, conseillé avec le liquide de protection (efficacité redoutable en cas de perçage complet avec un tournevis ou après un pschitt de chaque côté, le trou est colmaté et la perte d’air ultra limitée). Si ce genre de cas n’arrive jamais, rien ne vaut un bon test que vous retrouverez très vite sur Vélo 101.

A l’usage, l’Ultrémo blanc a les avantages de son inconvénient, la blancheur qui claque jusqu’à un certain effacement. Aimera… ou pas ! Selon la couleur dominante de son vélo. La version tubeless de l’Ultremo est belle, comme l’ensemble de la gamme. La gomme Ultrémo offre ces reflets bleus-violets, sympa. Nous pouvons penser que les Allemands vont le décliner en diverses sections d’ici sa commercialisation en septembre 2012.

L’Ultremo ZX étoffe la gamme des pneus tubeless et propose ainsi une diversité de choix aux consommateurs qui veulent accéder à cette technologie et limiter le risque de crevaisons par pincements ou perforations. Ce modèle offre un très bon rendement et une accroche sécurisante ! Schwalbe a mis longtemps avant de s’engager dans le tubeless mais leur produit est abouti. Certes un pneu tubeless reste toujours plus lourd qu’un ensemble pneu-chambre à air haut de gamme, mais on élimine toutes les frictions entre les parties et les risques crevaisons par pincement. Un choix à faire entre le poids et la fiabilité, en attendant que la technologie tubeless s’optimise.

Un prochain test-terrain longue durée devrait nous permettre d’affiner notre avis sur ce produit mais en attendant on ne peut que saluer la venue d’un nouveau fabricant sur le marché du tubeless en route.