Vainqueur du challenge Cyclo’Tour 2010, Jean-Baptiste Trauchessec, 27 ans, vient de nulle part ou presque. Du VTT au Cyclopsport, il y a un monde, non seulement en terme de rythme, mais aussi en qualité de travail pour devenir performant. Le coureur du team Scott-Vélo 101, originaire de la Lozère, a choisi une formule : le recours à un entraîneur à distance. Les résultats sont là et ce n’est peut-être pas fini….

Tu as un parcours particulier, puisque quand tu as intégré le team Scott-Vélo 101 alors que tu venais du VTT. Pourquoi tu as décidé de te mettre à la route?

J’ai commencé le VTT en 1999 avec un ami. Immédiatement, j’ai aimé l’ambiance qui tourne autour de cette discipline. La nature, partir avec un bidon d’eau au milieu des bois, j’adorais. Petit à petit, je suis allé dans un club, j’ai rencontré des copains et pris goût à la compétition. J’ai fait mes premières armes sur la coupe régional de Languedoc-Roussillon, puis, j’ai évolué au sein du club VTT du Roc de la Lègue, à Chirac. Ensuite, j’ai muté au vélo club Mende Lozère, puis en 2006, je suis passé dans le Gard, au Team Calvisson Egobike, où j’ai découvert le niveau national, les épreuves marathon VTT.Progressivement, je me suis lassé. Après dix ans, j’avais fait le tour et je plafonné au niveau des résultats. Durant mes entraînements, je faisais beaucoup de routes, et du coup j’ai fais la démarche, en septembre 2008, de rencontrer les dirigeants du Team Scott-Vélo 101 pour négocier une possible intégration au sein du club. En 2009, je me suis donc investi à 100% dans le Cyclosport.

Comment se sont passés tes premiers pas dans le Cyclosport?

J’allais dans le Cyclosport en totale découverte, sans aucun objectif. Pour moi, c’était des courses de vélo sur des grands parcours. Ce qui me plaît c’est de rouler sur les mêmes routes que les pros, monter les mêmes cols mythiques, le Galibier, le Glandon, la Croix de Fer, le Ventoux. Pour moi, le vélo de route, ça me ramène à mon enfance quand je regardais le Tour avec mon grand-père. Je réalise vraiment un rêve. Le début de la saison 2009 a été très dur moralement. Je prenais claque sur claque, je manquais de puissance et d’endurance. Je terminais très loin malgré ma motivation. J’ai donc décidé de prendre les choses en main et remettre en cause certaines idées pré-conçues.

Comment as-tu fait pour t’adapter à la course sur route?

L’effort du VTT est très différent de celui du Cyclosport. En VTT, l’effort dure 2 heures, en Cyclosport il peut aller jusqu’à 5 heures. C’est pourquoi, il fallait que je m’y adapte en développant plus de puissance. J’ai rencontré Xavier Nesi de  l’ESPHI de Toulon, un laboratoire avec de nombreux équipements pour tester les muscles, un SRM, une sorte de caverne d’Ali Baba pour quelqu’un qui veut peaufiner la découverte de son corps. Moi, j’aime cette approche scientifique du vélo. J’ai cherché à quantifier très précisément mes entraînements via le SRM.

Il y a deux ans, tu ne savais pas t’entraîner, aujourd’hui tu gagnes un challenge national cyclosportif, indéniablement tu as fait des progrès. Expliques-nous le cheminement?

Fin avril 2009, la conclusion d’une batterie de test physique a été difficile à encaisser. Xavier Nési m’a dit que j’avais du potentiel, mais que je ne savais pas du tout m’entraîner, en un mot, je faisais du vélo pour aller chercher le pain. Donc, forcément, ça demande une grosse remise en question mais je l’ai bien accepté. A partir de là, on a pas mal bossé, au départ avec un PowerTap puis avec un SRM. On a surtout travaillé avec la puissance développée, quantifiée par le pédalier SRM à partir des données récoltées sur le teste effectué à l’ESPHI. C’est une approche qui ne plaît pas à tout le monde, car il faut respecter ces données, sinon autant aller rouler sans montre et sans cardio. J’ai eu des charges très intensives, je suis passé de 8heures d’entraînement hebdomadaire  à 25 heures sur certaines grosses semaines. Logiquement, il y’a eu une évolution cardiaque et musculaire et j’ai commencé à avoir de bons résultats, comme sur la Clermont-Aurillac-Clermont que je termine à la 4ème place. J’ai commencé vraiment à faire des belles choses et j’ai repris confiance en moi. Gagner ce challenge Cyclo’Tour Rotor, c’est une grosse récompense pour moi après tant d’investissements.

Concrètement, ça veut dire que chaque semaine vous dialoguez par email, comment on coordonne ls entraînements malgré la distance?

On s’appuie sur un fichier informatique de planification qui regroupe beaucoup de chiffres dont le volume horaire, la puissance développée, etc. On travaille en fonction de ça. On discute de mes sensations et Xavier me propose une planification en fonction de mes objectifs. C’est une relation à distance, mais on s’en sort. Xavier est trés professionnel, il connait parfaitement son job et jusqu’a présent je ne suis passé au travers d’aucun objectif. C’est primordial qu’il y ait une confiance mutuelle entre l’entraineur et le sporti.f Je dois avoir confiance en la plannification de Xavier et lui doit avoir l’assurance que j’applique bien ces scéances, ses conseils.

Avoir un entraîneur, c’est quelque chose que tu recommanderais à n’importe quel cycliste qui veut progresser?

Je le recommande mais ce n’est pas conseillé à tout le monde, car sa demande une rigueur, il faut respecter les paliers qu’imposent le SRM et l’entraîneur. Quand on doit monter un col à 300 watts, il ne faut pas s’amuser à le monter plus haut ou plus bas. Il faut faire les séances aux rythmes conseillés. Si la personne est hyper motivée c’est bien, mais si l’entraineur se rend compte que ses planifications ne sont pas appliquées, le relationnel s’en trouvera dégradé.

Ton prochain objectif, c’est donc l’étape du Tour Pau-col du Tourmalet?

Aujourd’hui, sur cette dernière manche du Challenge Cyclo’Tour, je suis arrivé sur les rotules mais je pense que cette charge de travail payera sur le Tourmalet dimanche prochain. Vu la chaleur, ça va être très compliqué. Il faudra être un humble, car la haute montagne ne pardonne pas. Mon objectif personnel est de progresser par rapport à l’étape du Ventoux l’an dernier. J’aimerais bien faire un top 50.