Jean-Paul, comment Swiss Side en est-il venu à travailler avec DT Swiss ?
Nous ne nous concentrons pas seulement sur le développement de nos propres roues, mais aussi sur le développement en matière d’aérodynamique pour le compte d’autres clients. Actuellement, nous sommes en partenariat avec DT Swiss. Nous nous occupons de leur développement aérodynamique pour eux depuis presque deux ans. Ces derniers jours, nous avons présenté les nouvelles roues aérodynamiques de DT Swiss, les ARC 1100 Dicut, mais aussi une nouvelle mesure de traînée : la traînée rotationnelle.

Depuis quand votre marque existe-t-elle ?
Nous avons commencé à vendre nos roues à partir de 2013, soit à peine quatre ans. Ces trois dernières années, nous nous sommes concentrés sur l’aérodynamique. Swiss Side n’a rien à voir avec la Formule 1, mais toute l’équipe, mes employés et moi-même étions des ingénieurs qui étaient précédemment dans le monde de la F1. Au total, ce sont plus de 50 ans d’expérience dans ce milieu, surtout en matière d’aérodynamisme.

Vous évoluez dans un véritable pôle technologique au tunnel à vent de GST à Immenstaad en Allemagne. Combien peut coûter une journée de test en soufflerie ?
C’est assez bon marché. La soufflerie en elle-même, c’est 3000 euros par jour. En comparaison, Magny-Cours, c’est de l’ordre de 5000 euros et jusqu’à 6000 euros à Milan. Les prix européens sont un peu plus élevés qu’aux États-Unis. Mais le niveau de précision de mesure que l’on peut faire ici est de très haut niveau.

L’activité de ce tunnel à vent était auparavant consacrée à l’aérospatial. Désormais est-il davantage consacré à l’activité cycliste ?
Tout à fait. Il s’agit de l’ancienne soufflerie de la marque Dornier qui fabriquait des avions commerciaux. Depuis, la marque n’existe plus, mais le propriétaire a continué de faire des mesures aérodynamiques. Depuis quatre ans, il s’est spécialisé dans le milieu du vélo. Désormais, 60 % des tests réalisés chez GST sont purement réalisés dans le domaine du vélo.

Vous avez trois options de travail : roue avant uniquement, vélo complet et vélo avec coureur.
Exactement. Tout dépend de ce que l’on doit travailler. Si on développe des roues, on peut ne tester que les roues. Chez Swiss Side, nous développons également des vélos complets et avons réalisé deux vélos pour la marque Cube. Bien sûr, nous faisons également des optimisations pour des coureurs professionnels et du matériel qu’il peut avoir.

S’agit-il en priorité d’études portant sur le contre-la-montre ?
La traînée aérodynamique, dans tous les milieux cyclistes, est la résistance la plus élevée. Nous faisons beaucoup de tests, des optimisations de vélos de route. Nous venons d’ailleurs de terminer le développement d’un vélo pour une marque où nous avons travaillé sur la forme du cadre. En bref, l’aérodynamique ne vaut pas seulement que pour le contre-la-montre.

Cette optimisation pourrait-elle être étudiée pour, par exemple, des trains de sprinteurs ?
Pour le moment non. Nous avons un vélo qui possède plusieurs capteurs qui permettent de mesurer les effets aérodynamiques. Nous avons pour projet de mesurer l’aérodynamique dans ce train de coureurs. C’est donc un projet que nous avons planifié. Pour le moment, nous nous concentrons sur l’aérodynamisme d’un seul coureur, mais les améliorations aérodynamiques pourront profiter aux coureurs qui sont dans son sillage.

Vous insistez surtout sur le couple roue-pneu. Pourquoi ?
Sans le bon pneu, la roue aérodynamique ne fonctionne pas. J’insiste surtout sur l’importance d’avoir une roue avant stable. C’est cette stabilité qui permet au coureur de maintenir plus longtemps sa position aérodynamique. D’où la nécessité d’avoir une meilleure stabilité. Il n’est pas nécessaire d’avoir un pneu slick à l’avant pour être plus efficace. Au contraire, on voit que la roue avant est moins aérodynamique avec un pneu slick à l’avant. Par un effet aérodynamique, il faut avoir un pneu assez profilé pour optimiser l’aérodynamisme de la roue. Cela ne vaut pas seulement pour nos roues, mais pour toutes celles qui sont sur le marché.

Quid de l’association moyeu-rayon ?
Avec la nouvelle mesure de traînée, la traînée de rotation, les moyeux et les rayons jouent un grand rôle. Ce n’est pas négligeable. Nous essayons de comprendre et de quantifier ces effets dans le but de créer de nouveaux produits qui pourraient améliorer la performance.

Retrouvez demain la suite de cette interview sur Vélo 101.