Entre les embruns de la mer Méditerranée qu’on ne quitte jamais des yeux et les senteurs de maquis des montagnes capcorsines, la Cyclo’Corse et ses paysages époustouflants donne certainement lieu à l’une des cyclos les plus esthétiques du calendrier. Au départ de Bastia et de sa place Saint-Nicolas, la cyclosportive de l’Ile de Beauté entreprend depuis plusieurs années maintenant de remonter le Cap Corse, cette presqu’île du nord-est qui donne à la Corse sa silhouette si distinctive. Une invitation à la découverte d’un site plein d’histoire et de terroir, riche de saveurs et de senteurs. On en veut pour preuve le sac de bienvenue offert à chaque participant, comprenant les traditionnels canistrelli et une bouteille de Pietra. Ou la marque des événements du Challenge Cyclo’Tour Rotor, dont la Cyclo’Corse constituait ce week-end le premier rendez-vous.

Car il faut bien parler de week-end s’agissant de l’événement proposé depuis 2010 par LVO, et qui s’est enrichi depuis deux ans d’une mise en jambes de 71 kilomètres le samedi. Si elle n’attire pas encore les foules, une centaine de cyclos cette année, cette sortie du samedi a le mérite d’offrir un déblocage convivial à travers le Nebbio, les chronométrages n’étant pris que sur l’ascension vers la chapelle de Murato puis sur la montée du col du Teghime, depuis la cathédrale de Nebbio à Saint-Florent. Les liaisons entre chaque col, elles, se seront faites en convoi.

Un bon moyen en tout cas de se dégourdir les pattes avant la cyclo dominicale, qui a donc le bon goût de proposer un tour du Cap Corse de 140 ou 118 kilomètres, selon l’envie ou le niveau, avec vue quasi omniprésente sur la Méditerranée puisque le parcours emprunte des routes de corniche à 80 %. Pas de grosse difficulté à proprement parler. Dès la sortie de Bastia, neutralisée jusqu’au bout de la zone urbaine, on attaque la remontée du Cap Corse. Par la côte ouest cette année. Histoire d’aller chercher d’entrée de jeu le col de San Stefano et ses pentes très raisonnables (9 km à 3,9 %). S’ensuit à compter du Golfe de Saint-Florent un relief de capi le long de la côte. Pour atteindre le Moulin Mattei (6,6 km à 5, 5%), qui relie les deux côtes à la pointe de la Corse.

Si le moulin, dernier des treize du genre à se dresser encore debout à la pointe du Cap, témoigne par sa présence – avec les éoliennes de la Serra – des vents tourbillonnants qui balaient cette région de l’île, le souffle d’Eole se sera fait discret en ce dimanche printanier voire chaud qui n’aura fait que relever la beauté des parcours. Un coin de Corse tout à fait magnifique en cette saison, où il fait bon pédaler en contemplant les petits villages très typiques et en respirant les senteurs du Cap Corse. Après le moulin Mattei, seulement rejoint par les adeptes du grand parcours, commence le retour vers Bastia par la côte est. Toujours en bord de mer, sur des routes peu encombrées par la circulation et toujours bien gardées.

Le chronométrage de la Cyclo’Corse s’arrête en haut de la côte de San Martino di Lota (4 km à 5 %), la redescente sur Bastia se faisant en liaison sans chronométrage.

Car si certains auront pris le temps de découvrir les paysages grâce aux différentes formules proposées, d’autres ont bien entendu défié le chrono et tenté de décrocher la première place. C’est Benjamin Roux (Team Sprinters Tropéziens) qui y est parvenu sur le 140 kilomètres en 3h55’06 », non sans avoir bénéficié auparavant du soutien de Thomas Vaubourzeix, l’ex pro de La Pomme désormais exilé dans l’équipe continentale américaine Lupus Racing. Un garçon dont on regrettera le comportement de coursier. Car une fois encore, si la présence des pros est appréciée sur les cyclos, ouvertes à tous, ce n’est pas ici qu’ils doivent venir faire leurs preuves. Certaines notions propres au langage des coursiers (leader, stratégie, etc.) n’ont rien à faire sur une cyclo.

En sautant sur tout ce qui bougeait et en chassant les échappés, Thomas Vaubourzeix a cadenassé la « course » pour dénaturer l’esprit cyclosportif au profit du futur lauréat, du même club que le sien. Une influence sur le résultat qu’on ne peut que déplorer tant de tels comportements se sont multipliés ces dernières semaines.

Pas de là toutefois à gâcher le plaisir de ce formidable week-end qui restera une découverte exceptionnelle de l’Ile de Beauté.

Classement 140 km :

1. Benjamin Roux (Team Sprinters Tropéziens) en 3h55’06 »
2. Axel Narbonne-Zuccarelli (VC La Pomme Marseille) en 3h55’11 »
3. Stéphane Cognet (Equipe de France de la Défense) en 3h55’15 »
4. Jean-Luc Chavanon (Chamrousse Team Cyclosport) en 3h55’18 »
5. Paul-Emile Lorthioir (Team Scott-Vélo 101-Risoul) en 3h55’20 »
6. Thomas Warner (CAF DSA) en 3h55’45 »
7. Cyril Alonzo (UC Grasse) en 3h55’46 »
8. Dume Bellini (Macinaggio) en 3h55’46 »
9. Stéphane Cheylan (Team Scott-Vélo 101-Risoul) en 3h55’48 »
10. Jeremy Brunello (Froges Villard Bonnot) en 3h56’01 »

51 et 1ère Dame. Karine Saysset (Green Cycling Dame) en 4h40’07 »

Classement 118 km :

1. Dario Giovine (VC Pontois) en 3h20’36 »
2. Eric Mela (VC Porto-Vecchio) en 3h24’22 »
3. Adrien Cheriaux (Team Sprinters Tropéziens) en 3h27’10 »

66 et 1ère Dame. Danielle Rossi (CCCV Dame) en 4h03’02 »