Comme si le parcours de cette première édition n’était pas assez épique, le mauvais temps est venu ajouter une nouvelle dimension à cette première édition de la Mercan’Tour-Café du Cycliste. Les chiffres sont déjà parlants : 180 kilomètres, trois cols, 4800 mètres de dénivelé, une altitude maximale de 2800 mètres, plus de six heures d’effort pour les meilleurs. Pourtant ils sont loin de refléter la difficulté réelle de cette épreuve. Il n’y aura qu’un vainqueur, Thomas Navarro (AVC Aix-en-Provence), 5ème du Championnat de PACA au début du mois de juin, et pourtant, chacun des 116 finishers mériterait que son nom soit cité au bout de cette journée d’anthologie débutée sous un ciel mitigé à Guillaumes. La météo alarmiste en a malheureusement découragé certains à partir, visiblement pas prêts à affronter un tel chantier.

Il est vrai qu’il fallait du courage pour se présenter au départ compte tenu du menu de la journée avec la Cayolle en entrée, la Bonette en plat de résistance et la Couillole en dessert. Terminer, venir à bout de ces géants des Alpes, c’était l’objectif que s’étaient donné les participants du grand parcours. Le menu est copieux certes, mais il est rendu délicieux par les merveilles que réserve le parc naturel du Mercantour. Même si la météo fut capricieuse sans pour autant être apocalyptique, les paysages du Mercantour ont toutefois pu se révéler dès lors qu’un coin de ciel bleu est venu percer la grisaille. C’est à mi-pente du col de la Cayolle que l’épreuve fait son entrée dans le parc naturel à proprement parler. Les routes commencent alors à serpenter à travers les pâturages avec des sommets encore enneigés en toile de fond. Le décor change radicalement dans les derniers kilomètres de la montée de la Bonette où les paysages sont beaucoup plus lunaires.

Là, les groupes de niveau se sont créés depuis fort longtemps. La longueur de la Bonette a déjà fait son œuvre. C’est bien là la principale difficulté de ce col mythique, car les pourcentages n’ont rien d’effrayant, la pente est régulière et le bitume est dans un état impeccable. A partir de 2500 mètres, voire dès 2000 mètres pour certains, l’altitude joue également son rôle. L’oxygène vient à manquer, et pourtant, les participants doivent encore grimper alors que la météo se gâte. Le mercure est proche du zéro et les sommets sont encore entourés par la brume. Par « chance », le détour sur la cime de la Bonette initialement prévu est rendu impossible par une averse de neige survenue deux jours plus tôt. Les moins bons grimpeurs ne s’en plaindront pas quand on sait la difficulté de cette dernière rampe… Arrivés au col de Restefond, les cyclos plongent directement sur Saint-Etienne-de-Tinée. La délivrance ? Pas vraiment. La descente sera presque aussi pénible que la montée. Certains cyclos accompagnés s’arrêtent même au sommet pour se changer dans leur voiture.

Le froid et la neige fondue ne font pas de cette descente une partie de plaisir. D’autant que la visibilité est nettement réduite dans cette première partie en raison de la brume. Heureusement, tous les participants sauront se montrer prudents dans cette portion délicate. Heureusement aussi, la météo est nettement plus favorable au moment d’entamer la dernière difficulté. Le soleil est revenu, mais l’amplitude des températures met à mal les organismes. Les crampes que connaîtront certains ne sont pas uniquement imputables à l’effort.

Même s’il ne culmine « qu’à » 1678 mètres, le col de la Couillole n’a rien du Petit Poucet. Au contraire, placée au bout d’un parcours ultra-montagneux, la difficulté pourrait presque être considérée comme la plus exigeante. Ses 16,7 kilomètres à 7,3 % demandent de fournir l’ultime effort. Et la route dans un état nettement moins bon qu’à la Bonette n’arrange rien. Au sommet, les cyclos plongent sur Beuil avant d’aborder les six derniers kilomètres menant à la station de Valberg. Rien à voir avec ce que les participants à ladite Valberg ont enduré le week-end précédent. Ces six derniers kilomètres s’apparentent à un long faux-plat où ceux qui ont encore un tant soit peu d’énergie pourront même passer la plaque.

Treize kilomètres séparent le site d’arrivée à Valberg, du site de départ et du lieu des festivités à Guillaumes. Treize kilomètres que certains devront faire à vélo. Treize kilomètres sous la pluie que ceux-là auraient bien voulu éviter après plus de sept heures de selle. C’est là l’inconvénient des arrivées au sommet. On notera également l’absence de douches qui auraient été bien utiles pour se réchauffer. Qui l’eut cru arrivé au milieu du mois de juin ! Les participants ne s’attarderont pas à la belle cérémonie de remise des prix qui vient suivre un repas complet à l’arrivée. Car même si le départ était donné de bon matin à 7h30, il n’est pas loin de 14 heures quand les premiers franchissent la ligne.

Même s’il ne s’agit que de la première édition, les organisateurs de la Mercan’Tour-Café du Cycliste sont loin d’être novices et l’événement n’a rien à envier aux grands rendez-vous traditionnels de l’été. Les signaleurs sont bien présents et les bénévoles sont aux petits soins. Qui plus est, le tarif abordable et les diverses options rendent l’événement accessible à tous. On espère que cette Mercan’Tour-Café du Cycliste sera amenée à durer et à grandir. Elle possède en tout cas tous les atouts pour s’installer parmi les cyclosportives les plus prestigieuses du calendrier.

Classement 180 km :

1. Thomas Navarro (AVC Aix-en-Provence) en 6h12’53 »
2. Matthieu Converset (AVC Aix-en-Provence) en 6h12’54 »
3. Cédric Dubois (Café du Cycliste) en 6h19’23 »
4. Michel Roux (Team Scott-Vélo 101-Risoul) en 6h19’32 »
5. Paul-Emile Lorthioir (Team Scott-Vélo 101-Risoul) en 6h21’10 »
6. Alberto Botasso (De Rosa-Santini) en 6h29’22 »
7. Fred Garrandes (Café du Cycliste) en 6h30’44 »
8. Jérémy Defaye (SCO Dijon) en 6h46’03 »
9. Vebjorn Hordnes en 6h46’43 »
10. Cédric Armand (Azur-Tri-Atlhé Team) en 6h51’53 »

53 et 1ère Dame. Anna Nunia (Vigor Cycling Team)

Classement 113 km :

1. Fabien Oules (Btwin) en 3h50’57 »
2. Florent Icard (Café du Cyclisme) en 4h13’23 »
3. Stéphane Camillieri en 4h14’49 »