6h30 du matin, on a quitté Boulder, le pied des Rocky mountains, pour aller vers les hauteurs, à Boulder. Mercredi, c’était le passage du printemps à l’été, là, on retourne en hiver, à Winter Park, le paradis des gros vélos et des Crankworx. 138 kilomètres, 3500 mètres de D+, et une première incursion au-delà de 3000.

Tôt le matin, mais pas de voisins dérangés, l’organisation et les autorités ont le bon goût de couper le son, le speaker au chômage, classe comme départ. Neutralisation sur 8 kilomètres, l’occasion de discuter en fonction des drapeaux, des prénoms, Caterina est la seule Costaricienne engagée, pas vraiment habituée à l’altitude. On parle pâtisserie, française au hasard, les collines sont déja baignées de soleil, on va vivre une bonne journée. Un peu plus loin, Charlie Livermore, citoyen US, manager du team Volvo-Cannondale de la grande époque, disons fin des années 90. LE team du VTT avec Sunn. On reste aux Etats-Unis avec Jennifer, une locale de Boulder qui vit à Denver, désormais. Je lui demande le nom de la rivière qu’on remonte, elle ne sait pas, seconde chance 70 kilomètres plus loin, au niveau de l’interstate 7, elle se renseigne et c’est bien la rivière où le rafting est roi, super excitant même.

Les choses très sérieuses commencent au pied de Magnolia drive, 2641 mètres d’altitude, 1173 mètres de D+, sur 25 kilomètres, soit du 4,2 %. Rien comme ça mais dès le départ c’est du 18 % et ça sur 5 kilomètres. Promis, les magnolias, on ne les verra plus sans y penser à cette vacherie, ne parlons pas de Claude François ! Rien qu’à l’odeur plus que cramoisie des freins des pick-up qui descendent, on pouvait penser que… ne parlons pas des locaux qui ne montent pas Magnolia drive. Le sommet est vraiment sympa, 5 kilomètres de dirt, du vrai, la terre battue de Roland-Garros, avec les rebonds car on est au coeur de la montagne. Nos voisins sont les cow boys, avec des pick-up géants, en hiver ici, mieux vaut anticiper.

La descente est du même tonneau, propre, un plaisir de rouler là-dessus. Rien à voir avec la seconde section de gravel, une quinzaine de kilomètres autour du 60ème, une section sale dans le sens où le gravillon c’est sympa en pilotage à la montée, mais à la descente, à 2 kilomètres de la fin de la section chrono, c’est chaud. Résultat. Deux clavicules en l’air, attention à ce que trop de gravel ne tue le gravel, justement.

L’épreuve a déjà sa personnalité, du dirt un peu, et surtout, toute la journée, des paysages à plus de 4000, partiellement enneigés où comment être transportés par les paysages. Et le plus costaud est à venir, longue neutralisation, avant d’attaquer le sommet du jour : le Berthoud Pass, 3446 mètres d’altitude, que ceux qui ont déjà passé 3000 lèvent l’index ! 20,9 kilomètres de montée pour des passages à 13 % maxi, rien à voir avec les magnolias, mais le fait est que ça arrive en fin d’étape, avec pas loin de 30°C et surtout l’altitude, prendre son rythme, ne pas faire d’effort violent, en plus on avait le vent de face, on comprend pourquoi chez les pros, il ne se passe pas grand-chose sur ces profils-là.

Sommet, ravito bienvenu, et puis descente de nouveau face au vent, à fond, histoire de profiter, la descente c’est le salaire de la montée ! Arrivée à Winter Park, le comité d’accueil est sympa, la montagne à perte de vue, le ciel limpide et puis les vélos de descente à foison, des belles bêtes : Santa cruz, Yeti, Rocky Mountain… que des noms de rêve. Pour le reste la routine des presque pros s’est installée, vous la connaissez, la même qu’hier. Place au repos, l’étape a laissé des traces.