Fabio Aru. Chacun a finalement trouvé sa place au sein de l’équipe Astana, partie avec trois atouts au départ de la Vuelta. Vincenzo Nibali exclu, Mikel Landa lâché, le leadership est naturellement revenu à Fabio Aru. Le grimpeur sarde, qu’on avait déjà vu prendre un léger ascendant vers La Alpujarra dans la première étape de montagne, a clairement dominé ses adversaires vers Els Cortals d’Encamp. « Lorsque je suis sorti à 8 kilomètres de l’arrivée, c’était dans l’idée de tout donner jusqu’à la ligne d’arrivée, dit-il. Je ne m’attendais pas à de tels écarts. J’ai travaillé dur pour ça, et même privés de Nibali et Tiralongo, nous avons prouvé que nous étions une grande équipe. Nous voulions durcir la course, qui fut l’étape la plus dure de tous les grands Tours que j’ai disputés. Maintenant la course est loin d’être terminée. »

Joaquim Rodriguez. En bel ambassadeur de la principauté d’Andorre qu’il est, Joaquim Rodriguez (Team Katusha) avait proposé aux organisateurs de la Vuelta un tracé spectaculaire. Hier, le Catalan s’en est tiré avec les honneurs. Il a été le dernier, avec son coéquipier Daniel Moreno, à accrocher la roue de Fabio Aru, ne lui cédant que 37 secondes dans les 5 derniers kilomètres. « Il y a eu plus d’attaques que je ne le pensais, souligne celui qui reste 2ème au général à 27 secondes. Movistar a lancé une course de mouvement dès le premier col. Fabio Aru a été très courageux. J’ai d’abord réussi à le suivre mais quand il est parti à 5 kilomètres du but, c’en était trop. Dani Moreno m’a beaucoup aidé. Nous avons perdu du temps sur Aru, mais nous en avons repris aux autres. Maintenant, il faut récupérer. J’ai passé Tom Dumoulin en vue du contre-la-montre de Burgos mercredi prochain mais il y a encore beaucoup à faire. »

Tom Dumoulin. A la sortie de la grande étape pyrénéenne du Tour d’Espagne, la plus dure de cette édition, Tom Dumoulin (Giant-Alpecin) reste plus que jamais dans le coup pour un podium à Madrid ! Brillant sur les rampes andorranes, 9ème à 2’59 », celui qui sera favorisé par le contre-la-montre de Burgos mercredi prochain occupe le 3ème rang du classement général à 30 secondes de Fabio Aru. « C’est bien mais pas génial, modère le Néerlandais. Je ne me suis pas surpris comme dans l’étape que j’ai gagnée mais je n’ai pas cessé de croire que j’allais bien faire. J’ai fait une faute dans la Gallina en perdant ma place en enfilant une veste. Je me suis retrouvé derrière et ça m’a coûté de l’énergie pour reprendre contact avec le groupe des favoris. Je ne sais pas si j’ai prouvé quelque chose, mais c’est bon de rester avec les meilleurs. »

Alejandro Valverde. S’il a tenté de prendre les devants dans la descente de la Rabassa à une quarantaine de kilomètres du but, Alejandro Valverde (Movistar Team) a fini par caler dans la montée finale vers Els Cortals d’Encamp. Le champion d’Espagne, distancé sur le démarrage de Fabio Aru, lui a cédé 1’42 », ce qui le repousse au 6ème rang du classement général à 1’52 » de l’Italien. « On savait que ce serait une étape très difficile, rappelle-t-il. Et bien que nous aurions pu mieux faire je me contente de ce résultat. C’est vrai que nous avons perdu du temps sur Aru qui, dès le départ, m’a semblé très bien, mais nous ne sommes plus au niveau du Tour de France et c’est déjà bien d’être là où nous sommes. On est toujours dans la course et il reste encore du chemin à parcourir dans cette Vuelta : on peut perdre plus de temps dans les jours à venir ou bien en récupérer, ce qui est sûr c’est que nous allons continuer à nous battre. »

Nairo Quintana. S’il a atteint le pied de la montée finale au cœur du groupe des favoris, Nairo Quintana (Movistar Team) a craqué dans l’ascension d’Els Cortals d’Encamp. Au sommet, le Colombien a abandonné 3’57 » à Fabio Aru et passe 9ème du général à 3’07 ». « La nuit passée, j’ai été victime d’une décompensation, a-t-il fait savoir. J’ai passé une mauvaise nuit, avec un peu de fièvre. Nous sommes des êtres humains et j’ai payé les conséquences de cette poussée de fièvre subite. Pour être honnête j’ai pensé plusieurs fois à me retirer de la course, mais je ne pouvais pas abandonner mon équipe. Le moins que je pouvais faire, c’était de rallier l’arrivée, au terme d’une étape dans laquelle j’ai beaucoup souffert. J’ai essayé d’aider mes coéquipiers mais je n’en ai pas eu les moyens. J’espère pouvoir y parvenir dans les jours à venir. »

Omar Fraile. Il en est un autre qui a réussi son coup dans l’étape-reine du Tour d’Espagne. Porteur du maillot blanc à pois bleu de meilleur grimpeur, Omar Fraile (Caja Rural-Seguros RGA) a défendu sa tunique en rejoignant la bonne échappée pour faire le plein de points sur quatre des six cols au menu, 1er au Collada de Beixalis, 2ème au col d’Ordino, 2ème au Puerto de la Rabassa et 1er au col de la Gallina. « C’était une journée très, très difficile, a-t-il accentué. Il suffit de voir comment chacun a atteint la ligne d’arrivée : mort. Je peux être satisfait. Le plan s’est déroulé comme prévu. Mon objectif était de marquer 30 points au cours de cette étape et j’en totalise plus que 30. Je peux vraiment songer à ce classement de la montagne désormais. Encore un effort et ce sera bientôt fait ! »

Chris Froome. C’est une défaillance dont a été victime Chris Froome (Team Sky) sur le coup d’accélérateur des Astana dans le Puerto de la Rabassa à 45 kilomètres de l’arrivée hier. Arrivé seul au sommet d’Els Cortals d’Encamp, 7’19 » après Fabio Aru, le Britannique recule au 15ème rang du classement général à 7’30 ». Le vainqueur du Tour de France a avant tout mis ses difficultés sur le compte d’une chute qui l’a handicapé dès le départ. « Je ne pouvais plus accélérer quand je suis reparti, et j’ai dû rouler à mon rythme pour réintégrer le peloton, a-t-il précisé. Cette chute m’a vraiment entamé. A partir de là, je n’ai pu que m’accrocher pour sauver ma peau. Je me suis convaincu d’aller au bout. Et mes équipiers ont fait un sacré boulot pour me permettre de rester dans la course. C’était bien de savoir que Mikel Nieve et Ian Boswell étaient devant. »

Sécurité. Quatre jours après l’accrochage avec une moto d’assistance neutre dont Peter Sagan avait été victime à Murcie, Sergio Paulinho (Tinkoff-Saxo) a été à son tour touché par une moto de la télévision. S’il n’est pas tombé, il s’est entaillé le mollet gauche au contact du véhicule et a été contraint à l’abandon. Dix-sept points de suture, dont six internes pour suturer une artère, ont été posés au coureur portugais. L’ironie du sort veut que quelques heures plus tôt la formation russe ait réclamé d’Unipublic, l’organisateur du Tour d’Espagne, des excuses publiques après l’accident dont a été victime Peter Sagan et des mesures concrètes pour prévenir des incidents similaires dans le futur. Elle a demandé en outre à l’UCI une révision des règles régissant l’admission des pilotes en course et l’annulation de l’amende de 300 francs suisses infligée à Peter Sagan pour « comportement portant préjudice à l’image du cyclisme ».

Mikel Landa. Largement distancé au classement général, à plus de 25 minutes hier matin, Mikel Landa (Astana) n’avait plus d’autre objectif personnel que de s’adjuger une étape de la Vuelta, trois mois après avoir conquis deux étapes du Giro – Madonna di Campiglio et Aprica – et le podium de la course rose (3ème). Hier, il a profité de sa présence dans l’échappée du matin pour gagner l’étape-reine. « J’étais peut-être un peu trop anxieux de bien faire en première semaine, reconnaît-il. Je voulais donner mon maximum et comme je n’y arrivais pas, j’étais très nerveux. Gagner ici, j’en rêvais. J’ai eu des jours difficiles dans cette Vuelta et aujourd’hui que j’avais ma chance, je me devais de tout donner pour la prendre. J’ai obtenu ma récompense et je peux à présent me concentrer sur ma mission : aider Fabio Aru à conserver le maillot rouge. »

L’étape du jour :

12ème étape : Escaldes-Engordany-Lérida (173 km). Le Tour d’Espagne quitte la principauté d’Andorre aujourd’hui, au départ d’Escaldes-Engordany, pour prendre la direction de la cité catalane de Lérida. Cette unique étape de la Vuelta 2015 à parcourir les routes de Catalogne devrait autant convenir à une échappée partie de loin qu’à un groupe plus ou moins massif qui pourra profiter d’un final tout plat pour offrir une nouvelle chance de s’exprimer aux rares sprinteurs toujours en course. Afin d’éviter un tel scénario, les attaquants devront creuser l’écart dans le col de Boixols (15,8 km à 5,1 %), après une cinquantaine de kilomètres de course, une autre difficulté non référencée se présentant à 55 kilomètres de l’arrivée… avant un final tout plus jusqu’à Lérida qui nécessitera d’avoir amassé suffisamment de temps.