julian Alaphilippe Maillot à Pois

Pour sa première victoire sur le Tour de France, Julian Alaphilippe (Quick Step Floors) aura remporté l’une des plus belles. Pour les débuts du Tour dans les Alpes, le Berrichon s’est mué en solide grimpeur au sein de l’échappée pour distancer, un à un, ses compagnons pour s’envoler en solitaire à l’assaut de la première victoire tricolore sur cette 105ème édition. « Je n’ai pas de mots… Aller chercher une victoire sur le Tour de France, c’était un rêve pour moi. Je l’ai réalisé aujourd’hui, avec la manière en plus a déclaré le puncheur de Quick Step Floors. J’ai tout qui se mélange dans ma tête. Le travail pour arriver là, ma famille… Je pense à eux et je suis content. Je savais que c’était une étape où il fallait que j’aille en échappée si je voulais essayer de gagner. J’étais un peu nerveux au début, ça n’arrivait pas à sortir et j’en faisais un peu trop. Dans le final, j’ai vraiment tout donné, j’ai été très loin. J’ai puisé vraiment au fond de moi-même, j’ai mis mes tripes sur la table et voilà. J’ai passé la ligne, j’ai vu Franck [son entraîneur, ndlr]. Dans les derniers kilomètres, j’ai vraiment pensé à ma famille, à mes petits frères, ma mère, mon père. Je suis vraiment content. »

Pour cette première étape de montagne dans les Alpes entre Annecy et le Grand-Bornand, les favoris se sont jaugés, restants bien au chaud au sein du peloton. La Sky a contrôlé le tempo derrière les échappés et personne n’a tenté d’attaquer, si ce n’est Warren Barguil (Fortuneo Samsic). Romain Bardet (AG2R La Mondiale) a passé une journée sans encombre. Il s’est expliqué sur ce manque d’offensive durant la 10ème étape. « Il y avait beaucoup de vent de face dans le final, ça a calmé les ardeurs de tout le monde, mais c’était une bonne journée de reprise a-t-il avoué. C’est bien d’être là, avec Pierre Latour, on est des observateurs à l’affût. Il faudra attaquer, bien sûr, mais c’est la plus grande course du monde avec les meilleurs cyclistes du monde. Il faut pas mal d’humilité et attendre le bon moment pour trouver l’ouverture. Tout le monde était un peu à la rupture, ça roulait très vite. il faut savoir être patient, ça se joue sur trois semaines, il y aura des ouvertures plus tard. La victoire de Julian Alaphilippe, c’est super. Il ouvre le compteur pour la France. Julian, ça fait un petit moment qu’il tourne autour sur le Tour. Félicitations à lui, il porte bien haut les couleurs nationales. »

Si les favoris ne se sont pas dévoilés sur cette 10ème étape, il y en a certains qui ont perdu gros à l’arrivée au Grand-Bornand. C’est le cas de Rigoberto Uran (EF Drapac Education). Le second du Tour l’année passée a terminé l’étape à plus de deux minutes et trente secondes du groupe où se trouvait Froome, Bardet, Nibali et les autres. Le Colombien est revenu sur cette défaillance qui lui coûte le top 20 du général. « J’ai essayé d’être devant mais c’était compliqué. Pendant l’étape, j’ai ressenti un peu de douleur dans mon dos et j’ai perdu du temps important. Nous évaluerons les choses avec l’équipe et on verra ce que je peux faire et ce que nous pouvons faire. J’ai aussi mal à mon genou, la douleur s’est un peu accentuée pendant la course. Le rythme était assez élevé. En dehors des blessures, je me sens bien. Bien sûr, je vais continuer à courir. Nous verrons ce que nous ferons mercredi. »

Court et intense 

profil étape 11 TDF 2018

Après une journée de reprise où les leaders sont restés en rang, au sein du peloton, la donne pourrait être bien différente, ce mercredi, entre Albertville et La Rosière. Seulement 108 kilomètres de course, mais non dénués de difficultés. En effet, quatre ascensions sont au programme et pas des moindres. Il faudra enchainer la Montée des Bisanne, le Col du Pré, le Cormet de Roselend et enfin la montée vers la Rosière. Charly Mottet, professionnel entre 1983 et 1994 et vainqueur de trois étapes du Tour, est revenu sur le profil de cette 11ème étape. 

« C’est l’étape de tous les dangers. Très courte, très dure, et pas de vallée, ce qui favorisera les attaquants et compliquera la défense du maillot jaune. Selon moi, un échauffement d’au moins 30 minutes, comme pour un chrono, sera nécessaire avant le départ car on gravira la montée de Bisanne presque d’entrée. Les leaders risquent de perdre des équipiers très tôt. Le col du Pré, inédit sur le Tour, est difficile et pendu, surtout lorsque l’on enchaine avec le Cormet de Rossland. Les écarts peuvent se faire dans ce secteur propice à mettre le feu, théâtre de mes sorties d’entrainements quand j’étais coureurs. La montée finale est plus roulante, usante et exposée au vent. Elle ne requiert pas les mêmes qualités que les ascensions précédentes. Il faudra mettre du braquet, et sortir de la roue un adversaire sera moins évident. Je suis curieux de voir le résultat de cette étape, dangereuse, passionnante car sans temps morts. Les coureurs ne feront pas 35 km/h de moyenne sur un tel parcours. Je vois un grand leader s’imposer. »

-LL