« PRO CYCLING MANAGER 2022 vous met dans le costume d’un directeur sportif. Prenez toutes les décisions afin d’amener votre équipe au sommet : recrutement, planification des objectifs et programmes de course, gestion des sponsors, détection des futurs talents, formation, stratégie de course et bien d’autres choses seront sous votre responsabilité. ». Ainsi se présente le jeu vidéo de référence de la planète vélo. Apparu en l’an 2000 et renouvelé chaque année par les studios Cyanide, il a égayé les après-midis pluvieuses de plusieurs générations de passionnés de cyclisme. Faire remporter le Tour à Thibaut Pinot ? Réussir une stratégie collective à la Movistar ? Devenir soi-même champion du monde ? Tout cela est désormais possible, du moins virtuellement, grâce à PRO CYCLING MANAGER !

La jaquette de Pro Cycling Manager 2022

La jaquette de Pro Cycling Manager 2022

Mais ne vous trompez pas ! Il s’agit ici uniquement du jeu vidéo PC, largement dédié à la gestion de votre équipe. Son petit frère, intitulé « Tour de France », proposant quant à lui une immersion accrue dans la course grâce aux consoles de jeu, n’a pas fait l’objet de ce test. Néanmoins, il serait erroné de rapprocher cette distinction de celle qui sépare les licences FIFA et FOOTBALL MANAGER. Pour ceux qui n’ont pas encore franchi le pas entre ballon rond et bicyclette, imaginez-vous que le mode « carrière » de PRO CYCLING MANAGER ressemble davantage à une fusion des deux modèles. Pour les plus joueurs d’entre vous, il est même possible de se rapprocher du premier grâce à l’option « course simple ».

L’heure de la rentrée a sonné, les feuilles mortes s’accumulent sur les trottoirs et les jours baissent. Et si c’était le temps de s’y essayer ? Mais vaut-il le coup face aux anciens opus, moins onéreux ? Notre test révèle les réponses à toutes ces interrogations !

De l’art du spectacle, la grande nouveauté de PRO CYCLING MANAGER

Lors d’une visite des studios Cyanide, en mai dernier, les développeurs avaient annoncé la couleur. Ce nouvel opus de PRO CYCLING MANAGER mettrait l’accent sur l’attaque et l’échappée. Fort est de constater que le rendu est particulièrement offensif ! A l’image du dernier Tour de France, PCM 2022 fait le spectacle, en s’appuyant sur quelques innovations savamment étudiées.

En premier lieu, les raids solitaires, remis au goût du jour dans la réalité par Remco Evenepoel (Quick-Step Alpha-Vinyl) ou Tadej Pogacar (UAE Team Emirates), sont désormais possibles. S’ils nécessitent force et réussite, ils ont le mérite de tirer la corde de l’audace, et promettent des finaux palpitant, même lorsque le profil n’explose pas le compteur de dénivelé. Comme en vrai, une petite bosse à proximité de l’arrivée, un vent de dos ou encore un final tortueux sont autant de facteurs facilitateurs. S’il est cruel d’être avalé par la meute des sprinteurs dans le dernier kilomètre, rien n’est plus jouissif que de réussir son coup !

Deuxièmement, le système des bordures, introduit en 2021, a encore été peaufiné et amélioré. Proposées sur certains tronçons matérialisés sur le profil par une bande bleue, elles rayent l’ennui de certaines étapes de plaine. Pour peu que votre équipe dispose de bons rouleurs, cette option vous donne l’opportunité d’éliminer quelques adversaires, dans l’optique du bouquet du jour ou de la victoire finale. Et voir un peloton se répandre en pièces détachées, ça éveille le palpitant !

Ainsi, si la mise à jour annuelle de PRO CYCLING MANAGER ne peut se consacrer qu’à une poignée d’amélioration, faute de moyens suffisants pour faire plus, les développeurs des studios Cyanide ont visé juste avec ce travail ! En réel comme en virtuel, le cyclisme redevient exaltant !

Des petits pas aux grandes avancées en matière de détection et d’évolution

Autre avancée majeure présentée par PRO CYCLING MANAGER pour cette nouvelle sortie : la partie détection / évolution des jeunes coureurs, aspect fondamental du management de long terme. Sur la page officielle du jeu, les studios annoncent à ce propos la refonte du « système de détection des talents ». A la vue de cette ambition, le rendu offert par le jeu est assez satisfaisant. En effet, la possibilité de recruter par secteur géographique, selon les exigences des sponsors, contraste drastiquement avec le fouillis international des éditions précédentes. L’influence de la démocratisation du cyclisme dans la zone et de la connaissance du milieu par les scouts permettent également au système de gagner en intérêt. Ainsi, votre équipe gagne en identité, chose importante lorsque l’on connaît la forte territorialité du cyclisme.

En outre, le potentiel d’évolution des talents n’est plus seulement estimé sur un barème global de 1 à 8, mais présente désormais la marge de progression restante sur une poignée de critères. Selon vos projets en matière de recrutement pour l’avenir, cet indicateur vous permettra donc de mieux cibler les profils dont vous avez besoin. Et son intérêt ne s’arrête pas là ! Même pour les coureurs qui figurent déjà dans votre effectif, et même pour les hommes âgés de plus de 25 ans, il reste généralement une marge de progression à exploiter dans certains domaines. Ainsi, votre poulain a beau avoir atteint le paroxysme de ses performances en montagne, vous pourriez lui faire travailler le contre-la-montre dans une perspective de gains des classements généraux.

Naturellement, c’est l’entraînement qui en ressort gagnant. Comme dans la réalité !

Des bugs persistants et un immobilisme récurrent, l’éternelle critique de PRO CYCLING MANAGER

Mais voilà, le problème de ces belles innovations, c’est que ce sont bien les seules nouveautés du 23e opus du nom, excepté la mise à jour de dizaines de parcours. Normal, l’équipe PRO CYCLING MANAGER chez Cyanide, c’est tout juste quatre personnes, prises annuellement dans l’étau de l’échéance. Alors pour ceux qui espéraient un jeu transfiguré, on ne peut malheureusement que vous conseiller de passer votre chemin. L’interface « Manager » est à peu près identique, tout comme la fenêtre de course, et les graphismes inchangés.

En fait, hormis les grandes avancées citées précédemment et quelques rénovations accessoires, concernant notamment l’IA, il s’agit bien du même jeu. Pire, quelques bugs « ancestraux » persistent, expulsant nos « porteurs d’eau » hors du peloton (et les condamnant à un effort conséquent pour revenir) ou scindant le peloton en créant sans raison un groupe amorphe en second rideau, piégeant ça et là des favoris. Naturellement, il est assez improbable d’observer de tels scénarios dans la réalité, c’est pourquoi il s’agit ici véritablement de « bugs ». Néanmoins, rassurez-vous, leur occurrence reste très limitée !

Enfin, comme nous l’avions déjà relevé dans notre avis sur l’opus 2019, il devient de plus en plus frustrant de ne pas pouvoir jouer les catégories de jeunes, du moins en mode « Pro Cyclist ». En effet, ces divisions sont devenues tellement intégrées au cyclisme de haut niveau qu’elles forment vraiment son antichambre, participant intrinsèquement à l’émergence des talents. De même, si le cyclisme féminin jouit d’un flamboyant épanouissement, incarné pour la réincarnation du Tour de France Femmes, il reste porté disparu de PRO CYCLING MANAGER. Heureusement que la communauté est là pour vous proposer des bases de données et patchs y remédiant !

De l’avis de Vélo 101, un achat rafraichissant

Toutefois, on ne pourrait conclure ce test par une note négative, tant cet opus est rafraichissant ! Dans la tactique des petits pas opérée par la licence, il fait figure de grand bon en avant vers le réalisme. En effet, le déroulement des courses devient soudainement beaucoup plus fidèle, du moins plausible, vis-à-vis des faits réels. Les favoris n’attendent plus le dernier col pour se lancer à l’assaut, les échappés adoptent un comportement notoirement plus humain du point de vue de la collaboration, les monts des Flandres sourient nettement plus aux puncheurs venus d’ailleurs.

Cet ensemble d’apports rend la partie sincèrement satisfaisante, avec cette touche spectaculaire si jouissive. Aux frustrés des étapes mornes, aux déçus des performances de leurs chouchous, aux râleurs de l’attentisme, foncez ! Mettez la pagaille ! Et si vous visez juste, vous réaliserez peut-être (virtuellement) vos espoirs déchus.