La première quinzaine du mois d’Août est un peu l’heure de vérité en ce qui concerne l’effectif des différentes nations pour les championnats du monde qui se tiennent à la fin du mois de septembre.  En effet, c’est le 15 août que l’on arrêtera le classement mondial UCI des nations qui détermine le nombre de coureurs autorisé pour chaque pays lors des prochains championnats du monde. Ce sont les dix premières nations de ce classement qui pourront envoyer une délégation de 9 coureurs en Australie. Au-delà de la dixième place, l’équipe sera réduite à six coureurs.  A onze jours de l’échéance, la lutte pour rentrer dans ce top Ten promet d’être rude. Et parmi les nations concernées par cette bataille, on retrouve notamment la France. La situation peut paraître paradoxale mais elle est malheureusement réelle. Bien que la saison 2010 soit un grand cru pour les coureurs français avec 126 victoires depuis le début de l’année et notamment les six étapes sur le Tour de France – du jamais vu depuis 1997- l’équipe de France, douzième actuellement du classement, risque d’être contrainte à envoyer seulement six coureurs pour les prochains championnats du monde à Melbourne…

En fait, tout repose désormais sur les épaules de Jean-Christophe Péraud (Omega Pharma-Lotto) qui court actuellement le Tour de Pologne et sur les français qui vont participer à la Vattenfall Cyclassics le 15 août. Mais étant donné que le Tour de Pologne est la dernière épreuve par étapes avant le 15 août, Péraud semble le plus à même de combler les 32 points de retard sur l’Allemagne, dixième du classement. Pour cela il faudrait par exemple qu’il termine dans les 6 premiers du classement général final et qu’aucun coureur allemand ne rentre dans les dix premiers. Mais cela ne tient pas compte des résultats des Néerlandais qui, onzième au classement mondial UCI des nations, pourraient bien chiper la dixième place aux français et aux allemands. Vous l’aurez compris, la tâche s’annonce ardue, pour ne pas dire quasi impossible… Il aurait fallu une belle performance de l’un des coureurs français présents sur la Clasica San Sebastian pour faciliter le travail de Péraud qui, en plus, revient d’un mois de convalescence.

Cette situation est d’autant plus frustrante pour l’équipe de France que le système d’élaboration du classement mondial UCI par nations est sujet à discussion. Il se calcule par la somme des points des cinq meilleurs cyclistes par pays. Ainsi, pour la France les coureurs étant importants pour ce classement sont Péraud (80 pt), Casar (73 pt), Coppel (61 pt), Riblon (51 pt), Vogondy (46 pt) et à la rigueur Voeckler (41 pt) et Chavanel (40 pt). On note ainsi une belle homogénéité autour des 50 points, mais aucun coureur capable de faire le plein de points. Et c’est là que le bât blesse, car il suffit que deux ou trois coureurs d’un pays soient parmi les meilleurs mondiaux pour assurer une place dans le Top 10 au pays concerné. Prenons un exemple tout simple : le Luxembourg est actuellement 7ème du classement mondial UCI des nations grâce…à deux coureurs seulement : les frères Schleck ! Il n’y a pas d’autres coureurs luxembourgeois dans le classement mondial UCI. Pour une telle situation, le règlement stipule qu’une « nation ayant moins de 6 coureurs classés au classement mondial partira néanmoins avec 6 coureurs ». Ainsi le Luxembourg devra envoyer six coureurs, bien que quatre d’entre eux n’aient marqué aucun point UCI.Cette incohérence devrait toutefois permettre à l’Equipe de France d’envoyer un coureur supplémentaire en Australie, car comme le réglement indique que « Les places des nations qualifiées par le calendrier mondial mais non attribuées en fonction des dispositions particulières seront réattribuées aux nations classées à partir de la 11ème place au calendrier mondial, à raison de une place supplémentaire par nation. »
Derrière tout ce casse-tête made in UCI, on dénote une incohérence du système de qualification certes, mais une situation qui reflète surtout le manque de grand leader français capable de faire jeu égal avec les meilleurs dans les Grands Tours ou les grandes classiques…

Léos Maere