Vélo101 a continué sa tournée auprès des équipes pendant le Giro et cette semaine c’est Groupama FDJ qui a été approchée via l’un de ses mécaniciens, Thomas Bourgeois. D’autant que c’est Arnaud Démare qui l’emporte aujourd’hui. De quoi en savoir plus sur les coulisses d’une victoire.

En attendant son interview à lire ci-dessous, côté actualité liée au matériel sur ces 2 courses, s’il y en a un qui n’a pas bu le champagne au soir du CLM du Giro c’est bien le directeur sportif de l’équipe Lotto Soudal. Alors que Victor Campenaerts était en lice pour le gain de l’étape, le voilà finalement 2ème à 11 sec du vainqueur Primoz Roglic (Jumbo Visma). Un débours très probablement laissé lors de son changement de vélo entre son vélo de chrono et son vélo traditionnel.

Jugez par vous-même :

https://www.youtube.com/watch?v=ZmRxAjf2uGI

Pour en revenir à Thomas Bourgois, le voilà depuis 6 ans au sein de la structure de la Française des Jeux, devenue Groupama FDJ. Son histoire l’a fait passer par 2 années chez Big Mat Auber, après avoir rejoint l’atelier d’un magasin de cycles dès l’âge de 16 ans.

Thomas Bourgeois interviewé par Vélo 101Thomas Bourgeois interviewé par Vélo 101 | © Vélo101

Quel est le côté le plus passionnant que tu trouves dans ce métier ?

– Ils sont nombreux car je travaille réellement par passion. J’ai la chance de côtoyer et de travailler avec le top matériel, côtoyer les plus champions cyclistes de la planète, me rendre sur les belles courses de notre sport.

Travaillant depuis 8 ans dans le milieu, tu as évidemment connu les évolutions que sont l’augmentation du nombre de pignons, l’apparition des vitesses électriques et aujourd’hui les disques. Quelle est pour toi la plus grosse évolution ?

– Je ne mets rien spécialement au-dessus du reste. Je dirais plus simplement que le matériel évolue, la quantité de matériel disponible par coureur aussi. Tout est devenu plus précis, de plus en plus performant aussi. Nous sommes aujourd’hui en Shinano 11V. On se demande toujours ce qui peut encore être amélioré et pourtant ça continue de bouger. C’est véritablement impressionnant. On a la chance de travailler avec Lapierre et Shimano. C’est un réel avantage d’avoir les mêmes partenaires (Shimano, Lapierre) donc c’est mieux pour le suivi, la stabilité et le travail sur le long terme.

A l’inverse, quel est le côté le plus désagréable de ce métier ?

– (Hésitations). Difficile de trouver un point en particulier ici, donc c’est une bonne nouvelle. Même être en dehors de chez moi je ne le vois pas vraiment comme un inconvénient. J’aime voyager, rencontrer différentes cultures. Tout cela reste enrichissant.

Vous travaillez sur des vélos traditionnels et des vélos de Contre La Montre. Quel est le côté le plus compliqué à gérer au quotidien ?

– On nous demande d’être précis, les coureurs ont besoin de matériel qui fonctionne parfaitement, avec précision justement. Ils sont sur leur machine toute la journée, il leur arrive d’avoir des jours moins bien mais le matériel n’a pas le droit de faiblir.

Nous sommes 5 mécanos pour 8 coureurs. Donc nous avons largement de quoi assurer côté « personnel ». Nous savons ce que nous avons à faire, d’autant qu’à force de les côtoyer nous savons comment chacun de nos coureurs fonctionne, et eux comment nous fonctionnons.

Thomas Bourgeois au travail sur l'une des machines de l'équipe Groupama FDJThomas Bourgeois au travail sur l’une des machines de l’équipe Groupama FDJ | © Groupama FDJ

Les courses passent de 9 à 8 coureurs sur les Grands Tours voire de 8 à 7 coureurs. En tant que mécano, avez-vous vu ça d’un bon œil ?

– Un coureur en moins c’est 4-5 vélos en moins, répartis sur l’ensemble des mécaniciens. Donc c’est finalement assez peu sensible.

Quel est le côté le plus stressant que tu dois gérer au quotidien ?

– Il faut qu’il y ait du bon stress – et nous en avons – mais il faut travailler dans la sérénité. Donc il faut prendre tout ceci avec recul. Je dirais quand même que certains moments sont un peu chauds comme les arrivées massives, les CLM, les courses courtes.

Sur ce Giro, 3 Contre La Montre sont programmés. Des contrôles des vélos sont donc organisés chez les commissaires. On imagine là encore le stress ?

– Ca pourrait être stressant mais ce ne sont pas les 1ers chronos de l’année, les cotes sont les mêmes depuis le début de saison voire plusieurs années. Donc ce sont des choses qui ont été validées. Donc peu de problèmes finalement. Il reste néanmoins toujours une petite incertitude avec la façon de mesurer nos vélos.

On peut saluer votre fidélité avec Lapierre et Shimano. Comment verrais-tu l’arrivée d’un nouveau partenaire ?

– On est Lapierre depuis très longtemps, depuis 2002. On a un Pôle Performance qui a développé des choses sur les vélos de chrono. Personnellement je suis très content avec Lapierre et Shimano. Par exemple avec tout l’ensemble de la marque pour la transmission et les freins qui fonctionne parfaitement plutôt que d’aller chercher ici une autre chaine ou là un autre élément.

Changer de partenaire, pourquoi pas mais je sais que tout aura été validé en amont donc je ne me fais pas vraiment de soucis par rapport à ça.

Quel est le coureur le plus méticuleux que tu as croisé ?

– Finalement, ils le sont tous un petit peu et avec tous leurs particularités mais il faut savoir traiter avec eux. Mais on apprend à voir avec chacun d’eux. Evidemment, les grimpeurs seront plus attentionnés sur les étapes de montagne, les rouleurs sur les CLM.

Beaucoup communiquent par WhatsApp. Acceptez-vous de communiquer comme ça ?

– On utilise tous WhatsApp qui est un super outil car nous ne sommes pas toujours disponibles à un instant T. Donc dans les cas où tout va bien, on peut confirmer par ce réseau-là. Mais quand il y a des petits soucis à régler, des choses à affiner, personnellement j’insiste pour voir le coureur en face de moi. Notamment évoquer de vive voix ce qui va et ce qui ne va pas.

On sait que dans certaines équipes des coureurs remontent les infos aux directeurs sportifs qui les font remonter aux mécaniciens ? Qu’en pensez-vous ?

– Pourquoi pas, le DS est peut-être plus en relation avec le coureur. Mais pas toujours. Ça reste un sport mécanique et le coureur peut avoir besoin de s’entretenir directement avec celui qui intervient sur sa machine. Ça me parait indispensable.

| © Groupama FDJ

Et à propos du World Tour Matériel 101, si notre trio Specialized/Shimano/Roval s’est montré discret sur le Giro, il a continué à performer du côté du Tour de Californie. Donc il garde la tête de notre classement.

Podium WT Matériel 101Podium WT Matériel 101 | © Vélo101