110 ou 55 kilomètres le long de la côte sauvage de Tahiti et de ses falaises battues par l’océan Pacifique, voilà ce qui attend les cyclosportifs qui prendront fin mai la destination de la Polynésie française pour disputer le dimanche 1er juin la 3ème édition de la Ronde Tahitienne. Un événement enchanteur qui associe au cyclisme découvertes et rencontres (avec un package touristique à l’attention des cyclos et de leurs accompagnateurs), écocitoyenneté par le biais d’actions menées dans le cadre du programme Eco Cyclo, et sport santé accessible à tous avec l’organisation d’une Ronde Loisir de 15 kilomètres. Une destination cycloparadisiaque que Vélo 101, partenaire de la Ronde Tahitienne, s’en ira explorer à la fin du mois de mai, trois ans après le pionnier Jimmy Casper, premier lauréat de la Ronde en 2011.

Jimmy, vous êtes et resterez le premier coureur à avoir inscrit son nom au palmarès de la Ronde Tahitienne, le 4 décembre 2011. Comment vous êtes-vous retrouvé à participer à la 1ère édition de la cyclo polynésienne ?
C’est Henri Sannier, le parrain de la Ronde, avec qui je suis ami, qui a pensé à moi. Tahiti, ça donne envie déjà rien que pour les vacances ! J’avais déjà eu la chance de découvrir cet endroit magnifique aux décors somptueux à l’occasion de mon voyage de noces. Mais sans le vélo. Cette opportunité qui m’a été présentée d’y retourner m’offrait la possibilité d’aller faire des bornes au soleil. Il n’y a quasiment que le tour de l’île à faire, mais ça fait 130 bornes. Ça correspondait précisément aux sorties qu’il me fallait faire en préparation hivernale. Ça m’a permis de joindre l’utile à l’agréable, entraînement et vacances, au rythme d’un tour de l’île tous les deux jours.

Pour rejoindre Tahiti, il faut compter vingt-deux heures de vol sur Air Tahiti Nui au départ de Paris et encaisser douze heures de décalage horaire. Comment s’y préparer ?
Il faut s’y préparer avant de partir, d’abord en n’ayant pas de dette de sommeil. Si tu embarques très bien reposé et que tu arrives à dormir dans l’avion, ça va passer tout seul. A l’arrivée, les deux, trois premières nuit, on se réveille très tôt, vers 4h00, mais on constate que la vie commence tôt sur les îles car il y fait très chaud la journée et que le soleil se couche tôt également. Dès 6h00, les rues sont animées, si bien que se lever de bonne heure n’est vraiment pas un problème.

Quelles astuces pourriez-vous donner aux cyclosportifs métropolitains qui voyageront avec leur vélo à la fin du mois de mai ?
Pour rejoindre Papeete depuis Paris, on passe par Los Angeles. Il faut donc bien protéger son vélo dans une housse après avoir pris soin, c’est important, de démonter le dérailleur, les pédales, et de protéger ses fourches de manière à ce que les valises ne les écrasent pas. On peut se servir de vieux moyeux pour les caler ou même, c’est ce que j’avais fait, d’un manche à balai coupé et réduit à la taille d’un moyeu que l’on insère entres les fourches avant et arrière, bien scotché. Le guidon doit aussi être scotché au tube horizontal de façon à ce qu’il ne bouge pas. Ainsi ça passe sans problème. Je n’ai d’ailleurs jamais cassé le moindre vélo dans l’avion.

A l’arrivée à Tahiti, comment s’est organisé votre séjour ?
Je suis parti pour une douzaine de jours avec Henri Sannier et Bernard Thévenet, les parrains de cette 1ère édition. Mais ils ne roulaient pas autant que moi ! En marge de la Ronde Tahitienne nous avons réalisé des activités dans les écoles afin d’initier les enfants au vélo. Nous sommes notamment allés à Bora-Bora, où nous avons fait plusieurs tours de l’île dont un complet avec les enfants. Ils nous regardaient avec de grands yeux, impressionnés et super contents de voir des champions métropolitains. Certains en revanche découvraient le vélo, n’ayant jamais entendu parler du Tour de France. C’était rigolo de constater qu’à cet endroit du globe on ne connaissait pas le Tour, qui est diffusé en pleine nuit à Tahiti, ce qui ne permet pas aux gamins de tomber sur du vélo à la télé.

Point d’orgue de ce séjour, votre participation à la Ronde Tahitienne le dimanche, dont vous êtes un pionnier. Comment s’est déroulée cette 1ère édition ?
Le grand parcours fait 110 kilomètres et fait un aller-retour sur la côte sauvage. Ça a roulé tranquillement un bon bout de temps, jusqu’au demi-tour à la marina de Faratea. Sur le retour on a accéléré progressivement, sans à-coups. Ça a tourné en éventail, la sélection s’opérant naturellement par l’arrière jusqu’à la colline du Tahara’a, la difficulté principale, une bosse de 2 kilomètres sur une belle route à l’aller, un peu plus longue et moins raide au retour mais avec une rampe à 12 % sur la fin. On s’est mis des cacahuètes. J’ai été présomptueux en attaquant mais je me suis fait avoir sur le haut. Il faisait chaud, je n’avais pris que deux bidons avec moi, et j’ai commencé à sentir des crampes. J’ai levé le pied, ce qui a permis à un coureur, Thierry Tonnellier, de rentrer sur moi. Je lui ai caché que j’avais des crampes et j’ai gagné au sprint.

C’est ainsi que vous avez associé votre nom à la 1ère édition de la Ronde Tahitienne…
Avant la cyclo, j’avais interrogé l’organisateur Benoît Rivals. Qu’un professionnel gagne une cyclo peut être mal vu, je lui avais demandé ce qu’il en pensait. Il m’a répondu qu’étant donné qu’il s’agissait de la 1ère édition, ça pouvait être bien qu’un coureur professionnel mette son nom au palmarès. C’est pourquoi j’ai fait le sprint, bien que ça m’embêtait de battre un coureur qui méritait de gagner parce qu’il roulait vraiment bien. J’avais été surpris du niveau qu’il avait.

Comment avez-vous justement perçu le niveau des cyclos tahitiens ?
Au demi-tour du grand parcours, nous étions encore une soixantaine dans le paquet de tête. Et quand nous avons commencé à bien rouler dans les 30/40 derniers kilomètres, j’ai été surpris que nous soyons tout de même une douzaine à tourner à 40/45 km/h. Des coureurs compétitifs. Ce n’est pas le niveau de la France mais il y a quand même un bon niveau. Il ne faut en tout cas pas s’attendre à y découvrir une cyclotouriste mais bien une cyclosportive, c’est important de le dire !

Retournerez-vous un jour sur la Ronde Tahitienne ?
J’y avais pensé pour cette année mais je ne serai malheureusement pas dispo. Je continue à rouler avec l’école de vélo de Montdidier, dont je m’occupe. Je fais la sortie avec les Minimes et les Cadets mais en général, quand je roule, c’est pour les jeunes et pas vraiment pour moi. Je fais aussi quelques jours avec le CC Nogent-sur-Oise comme directeur sportif. J’y prends beaucoup de plaisir. Nous avons un groupe très jeune et je trouve super intéressant d’encadrer des jeunes qui sortent de Juniors et d’essayer de les faire progresser, de leur faire prendre conscience des concessions à faire pour atteindre le haut niveau. Le CCNO est une équipe amateur structurée comme une équipe pro. C’est très intéressant de commencer à travailler à ce niveau-là.

On sent que vous conservez un souvenir impérissable de votre séjour tahitien…
Tahiti, c’est déjà unique en tant que tel. Mais avoir la chance de rouler sur sa côte, toujours en bord de mer où l’on voit les gens surfer, dans des paysages et des couleurs magnifiques, c’est sublime. Je pense que s’il y a bien une destination vélo à faire, au-delà des monuments historiques du cyclisme, c’est Tahiti. La culture du vélo y est différente, c’est un autre état d’esprit, et honnêtement ça vaut vraiment le coup d’aller rouler là-bas.

Propos recueillis le 3 avril 2014.