Il y a des images qui ne trompent pas, et celles qui défilent sous nos yeux au quotidien depuis le départ de la Vuelta – à nous entendre on croirait que c’était il y a déjà deux semaines mais ce n’était qu’il y a trois jours – trahissent bien l’état de fatigue qui a gagné le peloton alors que nous ne sommes plus qu’à un mois et demi du terme de la saison 2010. Inutile de chercher à leurrer son monde, les signes parlent d’eux-mêmes et il est écrit que ce Tour d’Espagne va faire mal, très mal, tant les concurrents qui en ont pris le départ sont épuisés par la longue et intense saison qu’ils traînent désormais dans les pattes. La fatigue a fait son œuvre (quatre abandons déjà en seulement deux étapes en ligne) et de sérieux écarts ont été enregistrés hier soir dans une étape qui ne s’apparentait tout de même pas à une grande étape de montagne.

En Espagne, ce sera la course par élimination. Elle a commencé hier, va se poursuivre aujourd’hui, et à ce rythme-là on ne tardera pas à y voir clair au classement général. Voilà seulement trois jours que le peloton s’est élancé dans la nuit de Séville et les coureurs offrent déjà l’image d’un peloton de fin de course. La touffeur caniculaire et la rudesse du terrain andalou sont passées par là. Au départ de Malaga ce matin, ils ne sont plus qu’une grosse soixantaine à se tenir en moins de cinq minutes. Les autres évoluent déjà à plus de dix minutes au classement général, quand la lanterne rouge accuse un retard voisin des trois quarts d’heure ! Ces écarts révélateurs offrent de la marge au leader du classement général, dont l’équipe ne sera pas forcément contrainte de courir après tout ce qui bouge.

Philippe Gilbert et ses coéquipiers d’Omega Pharma-Lotto sont en effet tenus aujourd’hui à contrôler une course qui s’enfonce dans les terres, toujours en Andalousie. 183,7 kilomètres séparent Malaga de Valdepeñas de Jaen, entrecoupés de nombreuses difficultés. Cette quatrième étape va encore faire mal aux jambes et s’avérer beaucoup plus décisive qu’escompté. En attendant un final dantesque sur des pentes vertigineuses (l’arrivée est jugée au sommet d’une côte de 900 mètres à 9,4 % présentant un passage annoncé à 27 %), ceux qui ont perdu toutes chances de bien figurer au classement général sont candidats à l’échappée matinale. Quatre hommes s’évadent après 16 kilomètres : Guillaume Bonnafond (Ag2r La Mondiale), Sergio Carrasco (Andalucia-CajaSur), Dario Cataldo (Quick Step) et Dominik Roels (Milram).

Carlos Sastre est décroché à la régulière, il va débourser 1’34 ».

Pour l’équipe Omega Pharma-Lotto, les écarts importants réalisés hier sont du pain béni dans la défense du Maillot Rouge de Philippe Gilbert. Malheureusement, si Carrasco, Cataldo et Roels évoluent à dix voire vingt minutes du leader du général, le Français Guillaume Bonnafond n’a que 2’59 » de retard sur la première position. Le peloton devra donc rester vigilant et ne pas accorder plus de 6’10 » d’avance aux quatre échappés. C’est suffisant pour que Guillaume Bonnafond se pare pour la route du statut de leader virtuel mais bien insuffisant pour résister au travail de sape des Katusha dans la dernière partie de l’étape, marquée par l’ascension dans les 20 derniers kilomètres de l’Alto de Valdepeñas de Jaen (9 km à 4,8 %), dont le sommet n’est situé qu’à 8 kilomètres du but. Les échappés y sont rejoints.

Certains favoris ayant noté les faiblesses de bien des coureurs ont choisi d’exploiter ce final d’étape accidenté. Les Katusha étriquent un peloton qui ne demande qu’à imploser et c’est le grand ménage qui est réalisé. Andy Schleck (Team Saxo Bank), qui ne fait plus partie de la liste des favoris, est piégé sur crevaison. Carlos Sastre (Cervélo TestTeam), en revanche, est décroché à la régulière, confirmant les craintes de ses proches quand il avait perdu une demi-minute hier sur les 1000 derniers mètres de l’étape. Cette fois, le Madrilène est lâché bien plus loin que cela. Courir trois Grands Tours au top n’est décidément pas possible, le grimpeur va débourser 1’34 » sur le vainqueur de l’étape à Valdepeñas de Jaen. Roman Kreuziger (Liquigas-Doimo) aussi perd toutes chances de jouer le classement général : il concède pour sa part 2’48 ».

L’écrémage des Katusha ne laisse qu’une vingtaine de coureurs aux avant-postes à 10 kilomètres de l’arrivée. On y retrouve sans surprise Anton, Arroyo, Bruseghin, Danielson, Gilbert, Karpets, Menchov, Mosquera, Nibali, Nieve, Péraud, Plaza, Roche, Rodriguez, Sanchez, Schleck, Ten-Dam, Tondo, Uran, Van Garderen et Velits. Cette vingtaine de coureurs va se départager dans le mur conduisant à l’arrivée, qu’aborde en tête Rigoberto Uran. Mais la pente est raide et le Colombien cale, contré par un Joaquin Rodriguez (Team Katusha) déchaîné. Le Catalan en fait trop et il s’expose au contre d’Igor Anton (Euskaltel-Euskadi) à 300 mètres du but. Le Basque remporte l’étape devant Vincenzo Nibali (Liquigas-Doimo), Peter Velits (Team HTC-Columbia) et les autres favoris. Philippe Gilbert garde le Maillot Rouge.

Demain mercredi, la cinquième étape offrira un peu de répit au peloton entre Guadix et Lorca (198,8 km).
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Classement 4ème étape :

1. Igor Anton (ESP, Euskaltel-Euskadi) les 183,7 km en 5h00’29 »
2. Vincenzo Nibali (ITA, Liquigas-Doimo) à 1 sec.
3. Peter Velits (SVQ, Team HTC-Columbia) m.t.
4. Joaquin Rodriguez (ESP, Team Katusha) m.t.
5. Philippe Gilbert (BEL, Omega Pharma-Lotto) à 5 sec.
6. Tejay Van Garderen (USA, Team HTC-Columbia) à 8 sec.
7. Ezequiel Mosquera (ESP, Xacobeo Galicia) à 12 sec.
8. Nicolas Roche (IRL, Ag2r La Mondiale) m.t.
9. Ruben Plaza (ESP, Caisse d’Epargne) m.t.
10. Rigoberto Uran (COL, Caisse d’Epargne) à 19 sec.
Classement complet

Classement général :

1. Philippe Gilbert (BEL, Omega Pharma-Lotto) en 13h56’30 »
2. Igor Anton (ESP, Euskaltel-Euskadi) à 10 sec.
3. Joaquin Rodriguez (ESP, Team Katusha) m.t.
4. Vincenzo Nibali (ITA, Liquigas-Doimo) à 12 sec.
5. Peter Velits (SVQ, Team HTC-Columbia) à 16 sec.
6. Tejay Van Garderen (USA, Team HTC-Columbia) à 29 sec.
7. Xavier Tondo (ESP, Cervélo TestTeam) à 49 sec.
8. Frank Schleck (LUX, Team Saxo Bank) à 50 sec.
9. Ruben Plaza (ESP, Caisse d’Epargne) à 54 sec.
10. Ezequiel Mosquera (ESP, Xacobeo Galicia) à 55  sec.
Classement complet

Classement par points :

1. Igor Anton (ESP, Euskaltel-Euskadi) 41 pt
2. Philippe Gilbert (BEL, Omega Pharma-Lotto) 37 pt
3. Joaquin Rodriguez (ESP, Team Katusha) 34 pt
4. Vincenzo Nibali (ITA, Liquigas-Doimo) 34 pt
5. Yauheni Hutarovich (BLR, FDJ) 25 pt
6. Mark Cavendish (GBR, Team HTC-Columbia) 20 pt
7. Nicolas Roche (IRL, Ag2r La Mondiale) 18 pt
8. Ezequiel Mosquera (ESP, Xacobeo Galicia) 17 pt
9. Tyler Farrar (USA, Garmin-Transitions) 16 pt
10. Peter Velits (SVQ, Team HTC-Columbia) 16 pt

Classement de la montagne :

1. Serafin Martinez (ESP, Xacobeo-Galicia) 13 pt
2. Dario Cataldo (ITA, Quick Step) 8 pt
3. David Moncoutié (FRA, Cofidis) 6 pt
4. Oscar Pujol (ESP, Cervélo TestTeam) 5 pt
5. Niki Terpstra (PBS, Team Milram) 5 pt
6. Egoi Martinez (ESP, Euskaltel-Euskadi) 5 pt
7. Sergio Carrasco (ESP, Andalucia-CajaSur) 5 pt
8. Mickaël Delage (FRA, Omega Pharma-Lotto) 3 pt
9. Luis-Leon Sanchez (ESP, Caisse d’Epargne) 2 pt
10. Mikaël Chérel (FRA, FDJ) 2 pt

Classement par équipes :

1. Caisse d’Epargne (ESP) en 41h23’24 »
2. Team Katusha (RUS) à 1’05 »
3. Omega Pharma-Lotto (BEL) à 1’18 »
4. Team HTC-Columbia (USA) à 1’48 »
5. Euskaltel-Euskadi (ESP) à 2’56 »
6. Cervélo TestTeam (SUI) à 4’36 »
7. Liquigas-Doimo (ITA) à 4’50 »
8. Ag2r La Mondiale (FRA) à 7’19 »
9. Xacobeo-Galicia (ESP) à 8’15 »
10. Lampre-Farnese Vini (ITA) à 8’32 »