Nadia, que fait une footballeuse sur le Tour de France ?
Je suis sur le Tour, car je travaille au sponsoring pour Carrefour France. Nous sommes partenaires du maillot à pois pour le Tour, mais je suis aussi footballeuse. Je joue milieu défensif au FCF Juvisy. Nous avons terminé 3èmes du Championnat de France cette année, nous étions 2èmes l’an dernier. Disons qu’en 15 ans, le club n’est jamais sorti du quatuor de tête.

Quelle est votre journée type sur la Grande Boucle ?
C’est un peu particulier, car je ne fais pas toujours la même chose tous les jours. Aujourd’hui, par exemple, nous nous sommes occupés de la tente Carrefour. On accueille les invités. Ce sont principalement des gens de l’interne qui travaillent dans les magasins locaux. Nous faisons les animations sur le stand et organisons la séance de dédicace avec Richard Virenque. Ensuite, nous montons dans les voitures avant-course pour suivre la course avec nos invités, et faisons la même chose au village arrivée.

Découvrez-vous l’univers du vélo ?
Comme toutes les petites filles, j’ai appris à faire du vélo avec mon père qui me dit « je te tiens » et on se rend compte qu’il ne nous tient plus depuis cinq minutes et qu’on en fait toute seule (elle rit). C’est l’apprentissage du vélo sans roulettes. J’ai aussi quelques souvenirs du Tour de France. J’ai commencé à m’intéresser au sport durant les années Virenque, à la fin des années 90. J’ai souvenir d’avoir fait la course pour aller à l’hôtel des Festina pour apercevoir les coureurs à l’époque, Richard entre autres.

Comment voyez-vous le cyclisme, sport individuel qui se pratique en équipe, vous qui pratiquez un sport collectif ?
Il est vrai que, quand on pratique un sport collectif, on a tendance à se demander : « comment font-ils pour pratiquer un sport individuel avec tout ce que cela implique derrière ? » Effectivement, quand on n’est pas experts, on a du mal à saisir l’aspect collectif du vélo. On a l’impression que l’on est tout seul et que l’on pédale. En découvrant le Tour de France, en discutant avec d’anciens coureurs, on se rend compte que la dimension tactique, et le travail d’équipe sont hyper importants ! Je le découvre un peu maintenant, car de l’extérieur, on ne s’en rend pas forcément compte.

On voit souvent les footballeurs se tordre de douleur au moindre contact alors que les coureurs chutent et se relèvent sans broncher…
Nous avons souvent cette critique positive. On nous dit souvent : « au moins dans le foot féminin, il n’y a pas de tricherie, etc. » Il y a quand même de gros impacts dans le foot. Cela arrive de simuler et d’essayer d’influencer l’arbitre, mais cela reste un sport de duel. Dans le cyclisme, c’est différent. C’est un effort physique, mais le contact avec l’adversaire n’entre pas en jeu. Mais je tire mon chapeau à ceux que l’on a vus tomber hier et qui finissent l’étape. Comme l’an dernier, il y avait eu une chute impressionnante et des coureurs ont fini en sang. C’est spectaculaire.

Peut-on comparer le coaching en football, et celui en cyclisme, en ce qui concerne la gestion des personnalités et des profils ?
Dans tout sport, la dimension du coaching est primordiale. Dans le foot, il y a différentes manières de coacher, que ce soit au niveau mental ou tactique. Mais quelle que soit la discipline, on sait que les sportifs sont généralement des gens qui ont du caractère. Plus on atteint le niveau, plus ce sont des gens qui ont des égos importants aussi. Il faut arriver à gérer ça. Mais en général dans une équipe, on veut tous la même chose, on est tous là pour gagner, ça facilite le travail du coach. Il faut parvenir à mettre en musique tout cela. Je connais moins le côté tactique du vélo. C’est toujours essayer de tirer le meilleur de chacun au bon moment selon l’étape ou son profil pour arriver à gagner. Dans le foot, c’est la même chose.

Comment faites-vous pour garder la condition physique pendant le Tour ?
J’ai commis l’erreur pendant deux ans de faire le Tour en entier. La première fois, je l’ai fait en caravane, c’était vraiment la découverte du Tour. L’an dernier, j’avais une animation avant-course, où on allait à la rencontre du public avec une caméra. Je revenais du Tour de France pour reprendre ma saison une semaine plus tard. Je me suis rendu compte que ce n’était pas gérable. Cette année, je ferai la moitié du Tour, ce qui me permettra de partir en vacances. Nous reprenons la saison début août. Mais nous commençons les entraînements individuels à partir du 15 juillet. J’aurai quitté le Tour à ce moment. Je ferai deux ou trois footings de temps en temps, mais je suis dans ma période de récupération, ça tombe bien !

Avez-vous un coureur que vous souhaitez voir remporter le maillot à pois ?
Si ça pouvait être Thomas Voeckler comme l’an dernier, ce serait très bien, parce que c’est un Français qui a une superbe image. Et si un Français peut gagner le Tour aussi, tant mieux, mais je ne me risquerai pas sur ce terrain-là (elle rit).

Propos recueillis à Bastia, le 30 juin 2013.