Le maillot tout rouge qui désigne depuis cette année (il était moucheté de noir à son introduction l’an passé) le leader du classement général de la Vuelta est quelque peu volage. Impossible pour quiconque de le fixer pour de bon sur son buste. En onze jours de course, il a déjà visité les épaules de huit coureurs. Huit leaders successifs au classement général qui auront été dans l’ordre Jakob Fuglsang (Team Leopard-Trek), Daniele Bennati (Team Leopard-Trek), Pablo Lastras (Movistar Team), Sylvain Chavanel (Quick Step), Joaquim Rodriguez (Team Katusha), Bauke Mollema (Rabobank), Christopher Froome (Team Sky) pour finir par se déposer hier soir sur les frêles épaules de Bradley Wiggins (Team Sky), certainement dans la forme de sa vie. Pour autant, le maillot rouge n’en a peut-être pas fini avec cette valse rythmique des leaders.

Au matin de la douzième étape, qui promet d’offrir un peu de répit aux prétendants à la victoire finale au classement général, on compte toujours cinq coureurs en moins de 20 secondes. Et pour Bradley Wiggins le danger principal provient de Vincenzo Nibali (Liquigas-Cannondale), campé à 11 secondes de lui, soit l’équivalent de quelques coups de pédale aériens en montagne, ni plus ni moins. Hier, dans une difficulté finale que le grimpeur sicilien n’a pas trouvé à sa convenance, pas assez raide et marquée par le vent, Vincenzo Nibali n’a pas trouvé bon de remettre en question une tactique qu’il veut défensive. Tant que le maillot rouge appartient aux Sky, il est de leur responsabilité de contrôler la course. Le vainqueur sortant du Tour d’Espagne aura bien assez de travail à fournir en dernière semaine s’il s’en empare ce week-end dans les grandes étapes de montagne qui devraient, selon toute logique, fixer les positions.

On n’est toutefois pas à l’abri d’une petite surprise aujourd’hui entre Ponteareas et Pontevedra (167,3 km), sur un tracé galicien propice aux sprinteurs – ils sont encore quelques-uns à ronger leur frein dans le peloton espagnol – car les écarts sont si minces entre les premiers du classement que la moindre micro-cassure enregistrée sur la ligne d’arrivée pourrait encore projeter le maillot rouge dans un nouveau camp. Et des micro-cassures, on en enregistrera bel et bien sur la ligne, que le peloton va franchir groupé après une longue procession seulement rythmée par l’échappée de quatre courageux. Lancée au kilomètre 14, l’échappée du jour aura été menée par Adam Hansen (Omega Pharma-Lotto), Luis-Angel Mate (Cofidis), Ruslan Pydgornyy (Vacansoleil-DCM) et José-Luis Roldan (Andalucia-Caja Granada).

De petites cassures qui modifient légèrement le classement général.

Le quatuor du jour sera bien parvenu à prendre un peu plus de neuf minutes au peloton, l’appétit des équipes de sprinteurs, qui ne sont pas loin de crier famine sur ce Tour d’Espagne, est tel qu’une course-poursuite s’engage de bonne heure. L’écart redescendu à deux minutes, Adam Hansen cherche une issue désespérée en attaquant ses compagnons de fugue à plus de 30 kilomètres de l’arrivée. Le retour de bâton n’en est que plus dur. Rejoint quelques minutes plus loin, il est lâché du groupe de tête. Mais les trois derniers coureurs qui se maintiennent devant n’iront guère plus loin. Ils sont revus aux portes de Pontevedra, où l’on voit les Sky et leur leader Bradley Wiggins, par crainte de se faire prendre dans une chute ou une cassure éventuelles, remonter aux toutes premières positions. Les équipes de sprinteurs reprennent toutefois rapidement du service. Et les meilleurs rouleurs du monde Fabian Cancellara (Team Leopard-Trek) et Tony Martin (HTC-Highroad) s’emploient tous deux au service de leur sprinteur, respectivement Daniele Bennati et John Degenkolb. Mais dans la roue des deux finisseurs qui paraissent en mesure de s’affronter demeure le Slovaque Peter Sagan (Liquigas-Cannondale), dans une formidable condition et irrésistible dans les derniers hectomètres, où il précède Degenkolb et Bennati.

Le sprint victorieux fourni par Peter Sagan est si puissant qu’il entraîne derrière lui de petits cisaillements au sein du peloton. Vigilant à ce genre de désagrément, Vincenzo Nibali gagne ainsi 1 petite seconde sur l’ensemble des favoris. La drôle de bonne opération du jour est réalisée par le Suédois Fredrik Kessiakoff (Astana), 11ème du sprint, ce qui lui permet de reprendre 5 secondes à Bradley Wiggins et de s’emparer de la 3ème place du classement général à 9 secondes du maillot rouge. Tout cela peut sembler bien anecdotique mais allez savoir si ces quelques secondes chipées ou cédées ici et là ne seront pas plus signifiante que cela dans une dizaine de jours à Madrid. Toujours est-il qu’elles modifient légèrement le classement général à l’issue d’une étape dont on n’attendait pourtant pas grand-chose.

Demain vendredi, la route se corsera à nouveau entre Sarria et Ponferrada (158,2 km).

Classement 12ème étape :

1. Peter Sagan (SVQ, Liquigas-Cannondale) les 167,3 km en 4h03’01 »
2. John Degenkolb (ALL, HTC-Highroad) m.t.
3. Daniele Bennati (ITA, Team Leopard-Trek) m.t.
4. Alessandro Petacchi (ITA, Lampre-ISD) m.t.
5. Juan-José Haedo (ARG, Saxo Bank-SunGard) m.t.
6. Tom Boonen (BEL, Quick Step) m.t.
7. Greg Van Avermaet (BEL, BMC Racing Team) m.t.
8. Paul Martens (ALL, Rabobank) m.t.
9. Nikolas Maes (BEL, Quick Step) m.t.
10. Lloyd Mondory (FRA, Ag2r La Mondiale) m.t.

Classement général :

1. Bradley Wiggins (GBR, Team Sky) en 46h53’47 »
2. Christopher Froome (GBR, Team Sky) à 7 sec.
3. Fredrik Kessiakoff (SUE, Astana) à 9 sec.
4. Vincenzo Nibali (ITA, Liquigas-Cannondale) à 10 sec.
5. Jakob Fuglsang (DAN, Team Leopard-Trek) à 19 sec.
6. Bauke Mollema (PBS, Rabobank) à 36 sec.
7. Maxime Monfort (BEL, Team Leopard-Trek) à 1’06 »
8. Juan-José Cobo (ESP, Geox-TMC) à 1’27 »
9. Haimar Zubeldia (ESP, RadioShack) à 1’53 »
10. Janez Brajkovic (SLO, RadioShack) à 2’00 »

Classement par points :

1. Joaquim Rodriguez (ESP, Team Katusha) 81 pt
2. Peter Sagan (SLO, Liquigas-Cannondale) 75 pt
3. Bauke Mollema (PBS, Rabobank) 69 pt
4. Daniel Martin (IRL, Garmin-Cervélo) 48 pt
5. Pablo Lastras (ESP, Movistar Team) 48 pt
6. Daniel Moreno (ESP, Team Katusha) 42 pt
7. Jakob Fuglsang (DAN, Leopard Trek) 41 pt
8. Marcel Kittel (ALL, Skil-Shimano) 41 pt
9. Michele Scarponi (ITA, Lampre-ISD) 40 pt
10. Daniele Bennati (ITA, Team Leopard-Trek) 40 pt

Classement de la montagne :

1. Matteo Montaguti (ITA, Ag2r La Mondiale) 33 pt
2. David Moncoutié (FRA, Cofidis) 32 pt
3. Daniel Martin (IRL, Garmin-Cervélo) 25 pt
4. Daniel Moreno (ESP, Team Katusha) 20 pt
5. Chris-Anker Sörensen (DAN, Saxo Bank-SunGard) 15 pt
6. Koen De Kort (PBS, Skil-Shimano) 14 pt
7. Bauke Mollema (PBS, Rabobank) 10 pt
8. Beñat Intxausti (ESP, Movistar Team) 10 pt
9. Ruslan Pydgornyy (UKR, Vacansoleil-DCM) 9 pt
10. Luis-Leon Sanchez (ESP, Rabobank) 9 pt

Classement du combiné :

1. Bauke Mollema (PBS, Rabobank) 16 pt
2. Daniel Moreno (ESP, Team Katusha) 26 pt
3. Joaquim Rodriguez (ESP, Team Katusha) 29 pt
4. Daniel Martin (IRL, Garmin-Cervélo) 30 pt
5. Bradley Wiggins (GBR, Team Sky) 34 pt
6. David Moncoutié (FRA, Cofidis) 45 pt
7. Christopher Froome (GBR, Team Sky) 46 pt
8. Juan-José Cobo (ESP, Geox-TMC) 52 pt
9. Chris-Anker Sörensen (DAN, Saxo Bank-SunGard) 55 pt
10. Luis-Leon Sanchez (ESP, Rabobank) 69 pt

Classement par équipes :

1. RadioShack (USA) en 140h10’17 »
2. Rabobank (PBS) à 1’58 »
3. Team Leopard-Trek (LUX) à 2’18 »
4. Geox-TMC (ESP) à 5’41 »
5. Astana (KAZ) à 11’50 »
6. Vacansoleil-DCM (PBS) à 14’23 »
7. Movistar Team (ESP) à 14’34 »
8. Ag2r La Mondiale (FRA) à 16’09 »
9. Team Katusha (RUS) à 18’02 »
10. Euskaltel-Euskadi (ESP) à 21’00 »