Nairo Quintana (Movistar Team) peut désormais s’enorgueillir d’appartenir à un cercle très fermé et ô combien prisé : celui des multiples vainqueurs de Grands Tours. Jusqu’alors, le palmarès du prodigieux grimpeur colombien affichait encore et toujours une seule conquête. Celle du Tour d’Italie 2014, quand il était allé apprécier sa valeur sur les routes transalpines plutôt que de s’empresser à revenir sur un Tour de France qui l’avait hissé sur un piédestal l’été précédent, 2ème, meilleur jeune et meilleur grimpeur à 23 ans pour sa première participation ! Ce n’est qu’auréolé du titre de vainqueur du Giro que Nairo Quintana était revenu à la course qui l’obnubile en 2015. Sans y trouver la manière d’y vaincre Chris Froome et son bloc Sky, 2ème encore, avant de faire un vrai blocage en juillet dernier, amoindri par des allergies, et pâle 3ème du Tour de France derrière Chris Froome et Romain Bardet.

Nairo Quintana aurait pu en rester là, avec ses frustrations, lui dont la saison n’avait alors été qu’une suite de réussites, vainqueur du Tour de Catalogne, du Tour de Romandie et de la Route du Sud, 3ème du Tour de San Luis et du Tour du Pays Basque. Mais si curieusement les jambes n’avaient pas voulu répondre sur le Tour, la forme était bel et bien là. Le Colombien a vite remis le pied à l’étrier, déterminé à faire bon usage de la session de rattrapage de septembre que représente parfois le Tour d’Espagne. « Je m’étais entraîné vraiment dur pour le Tour de France, confirme-t-il, mais des allergies m’ont empêché d’être à 100 %. J’avais néanmoins toujours une grande condition pour la Vuelta et je l’ai mise à profit pour réussir un bon Tour d’Espagne, quitte à renoncer aux Jeux Olympiques. »

Si la condition était au rendez-vous, il restait au leader de Movistar à reprendre confiance en ses capacités, ce qu’il se sera rapidement attaché à faire en s’emparant du maillot rouge à La Camperona il y a quinze jours quand Chris Froome (Team Sky) avait affiché quelques difficultés à mettre en route dans la première étape capitale. Le Britannique allait encore perdre pied dans les premiers virages de la montée des Lacs de Covadonga, deux jours plus tard, avant de surmonter sa défaillance pour se présenter en fin de première semaine comme le duelliste rêvé d’un Nairo Quintana imprenable. « Ma victoire d’étape aux Lacs de Covadonga m’a donné la motivation nécessaire pour le reste de la Vuelta, affirme le Maillot Rouge. Chris Froome s’est alors présenté comme mon adversaire direct. Et c’est un honneur pour moi que de gagner devant mon plus grand rival. Cela rend ma victoire d’autant plus précieuse. »

Un duel de toute beauté entre Nairo Quintana et Chris Froome.

Pourtant, l’issue de cette Vuelta aurait pu être tout autre si les autres protagonistes, Alberto Contador (Tinkoff) en particulier, n’avaient pas fait les frais de la rivalité Quintana-Froome. Ayant concédé chaque jour un peu plus de terrain dans sa quête d’un podium, le Madrilène préparait dans son coin une réaction épique comme lui seul ou presque en a le culot. Une attaque dès le départ de l’étape de Formigal qui allait mettre en défaut Chris Froome et son équipe Sky, incapables de rentrer sur les quatorze hommes qui s’étaient fait la belle, Nairo Quintana compris. A Formigal, ce sont 2’37 », plus 6 secondes de bonification, que le Maillot Rouge ajoutait dans sa balance personnelle. Et la conviction d’avoir éloigné le danger représenté par Chris Froome dans la perspective du contre-la-montre de Calpe. « Je pressentais que les choses étaient bien engagées mais je savais aussi qu’il restait de rudes étapes. »

Finalement, le temps gagné par Nairo Quintana à Formigal grâce à l’action d’Alberto Contador lui aura été salutaire, car Chris Froome allait lui reprendre 2’16 » sur les 37 kilomètres chronométrés et revenir à 1’21 » au classement général. Sans pouvoir ravir davantage de temps dans l’Alto de Aitana, ascension dans laquelle Nairo Quintana allait répondre à chacun des démarrages de son adversaire, défait pour la première fois dans un duel de cette envergure et 2ème du Tour d’Espagne pour la troisième fois après 2011 et 2014. « Cette victoire finale dans la Vuelta doit nous donner confiance en nos capacités à vaincre Chris Froome dans le futur, se persuade le désormais lauréat du Tour d’Espagne Nairo Quintana. Battre Chris Froome sur le Tour de France est toujours difficile car son équipe y est une véritable forteresse. Mais nous avons nous aussi une très bonne équipe et nous savons désormais de quoi nous sommes capables. »

Après trois semaines d’une telle intensité, il n’était pas pensable de voir le peloton forcer l’allure ce soir alors que Madrid était en vue. Koen Bouwman (Team LottoNL-Jumbo), Loïc Chétout (Cofidis), Quentin Jaurégui (Ag2r La Mondiale) et Peter Kennaugh (Team Sky) n’auront ouvert les hostilités qu’à l’entrée sur le circuit madrilène, neuf tours d’un circuit urbain de 5,8 kilomètres, pour ne céder leur grosse minute d’avance face au peloton qu’à l’entame du dernier tour. Les sprinteurs, qui auront finalement eu sept occasions de s’exprimer sur cette Vuelta, étaient à nouveau attendus pour une ultime explication. A l’issue de laquelle Magnus-Cort Nielsen (Orica-BikeExchange) imposait une fois encore sa pointe de vitesse au peloton, trois jours après son succès d’étape à Gandia, en laissant derrière lui Daniele Bennati (Tinkoff) et Gianni Meersman (Etixx-Quick Step).

Classement 21ème étape :

1. Magnus-Cort Nielsen (DAN, Orica-BikeExchange) les 104,1 km en 2h48’52 » (37,0 km/h)
2. Daniele Bennati (ITA, Tinkoff) m.t.
3. Gianni Meersman (BEL, Etixx-Quick Step) m.t.
4. Kristian Sbaragli (ITA, Dimension Data) m.t.
5. Nikias Arndt (ALL, Giant-Alpecin) m.t.
6. Lorenzo Manzin (FRA, FDJ) m.t.
7. Romain Hardy (FRA, Cofidis) m.t.
8. Jhonatan Restrepo (COL, Team Katusha) m.t.
9. Rudiger Selig (ALL, Bora-Argon 18) m.t.
10. Salvatore Puccio (ITA, Team Sky) m.t.

Classement général final :

1. Nairo Quintana (COL, Movistar Team) en 83h31’28 »
2. Chris Froome (GBR, Team Sky) à 1’23 »
3. Esteban Chaves (COL, Orica-BikeExchange) à 4’08 »
4. Alberto Contador (ESP, Tinkoff) à 4’21 »
5. Andrew Talansky (USA, Cannondale-Drapac) à 7’43 »
6. Simon Yates (GBR, Orica-BikeExchange) à 8’33 »
7. David De La Cruz (ESP, Etixx-Quick Step) à 11’18 »
8. Daniel Moreno (ESP, Movistar Team) à 13’04 »
9. Davide Formolo (ITA, Cannondale-Drapac) à 13’17 »
10. George Bennett (NZL, Team LottoNL-Jumbo) à 14’07 »

Classement par points :

1. Fabio Felline (ITA, Trek-Segafredo) 100 pt
2. Nairo Quintana (COL, Movistar Team) 97 pt
3. Alejandro Valverde (ESP, Movistar Team) 93 pt
4. Chris Froome (GBR, Team Sky) 92 pt
5. Luis-Leon Sanchez (ESP, Astana) 75 pt
6. Gianni Meersman (BEL, Etixx-Quick Step) 73 pt
7. Simon Yates (GBR, Orica-BikeExchange) 56 pt
8. Alberto Contador (ESP, Tinkoff) 56 pt
9. Esteban Chaves (COL, Orica-BikeExchange) 54 pt
10. Daniele Bennati (ITA, Tinkoff) 54 pt

Classement de la montagne :

1. Omar Fraile (ESP, Dimension Data) 58 pt
2. Kenny Elissonde (FRA, FDJ) 57 pt
3. Robert Gesink (PBS, Team LottoNL-Jumbo) 37 pt
4. Alexandre Geniez (FRA, FDJ) 28 pt
5. Nairo Quintana (COL, Movistar Team) 27 pt
6. Egor Silin (RUS, Team Katusha) 23 pt
7. Sergey Lagutin (RUS, Team Katusha) 22 pt
8. Thomas De Gendt (BEL, Lotto-Soudal) 19 pt
9. Gianluca Brambilla (ITA, Etixx-Quick Step) 18 pt
10. Luis-Angel Mate (ESP, Cofidis) 18 pt

Classement du combiné :

1. Nairo Quintana (COL, Movistar Team) 8 pt
2. Chris Froome (GBR, Team Sky) 17 pt
3. Kenny Elissonde (FRA, FDJ) 34 pt
4. David De La Cruz (ESP, Etixx-Quick Step) 39 pt
5. Alejandro Valverde (ESP, Movistar Team) 41 pt
6. Fabio Felline (ITA, Trek-Segafredo) 43 pt
7. Simon Yates (GBR, Orica-BikeExchange) 46 pt
8. Gianluca Brambilla (ITA, Etixx-Quick Step) 48 pt
9. Robert Gesink (PBS, Team LottoNL-Jumbo) 48 pt
10. Egor Silin (RUS, Team Katusha) 49 pt

Classement par équipes :

1. BMC Racing Team (USA) en 249h48’23 »
2. Movistar Team (ESP) à 4’43 »
3. Cannondale-Drapac (USA) à 22’44 »
4. Team Katusha (RUS) à 35’19 »
5. Ag2r La Mondiale (FRA) à 35’30 »
6. Astana (KAZ) à 56’22 »
7. Etixx-Quick Step (BEL) à 1h04’57 »
8. IAM Cycling (SUI) à 1h08’38 »
9. Tinkoff (RUS) à 1h23’50 »
10. Orica-BikeExchange (AUS) à 1h33’00 »