Félix, vous preniez la 4ème place de Paris-Troyes il y a dix jours. Êtes-vous satisfait de vos débuts chez les pros ?
Oui, j’étais plutôt content. Ça m’a fait du bien de faire une petite place dès le début de la saison. Mais les Coupes de France du week-end dernier ne se sont pas du tout bien passées pour moi. La Classic Loire-Atlantique m’a remis en place.

Que s’est-il passé ?
Dans le premier tour, j’étais dans un coup avant la ligne. Je me suis mis dans le rouge, à bloc tout de suite. Je me suis fait reprendre et on est passé vent de côté. Le peloton s’est tendu et quand on se retrouve en file indienne, il est impossible de s’abriter. Je n’ai pas pu récupérer et j’ai dû m’écarter. Quand ça a pété, je n’ai jamais su revenir dans la course et j’ai abandonné au bout de deux tours. J’étais forcément déçu. Si j’avais su que ça allait courir comme cela, j’en aurais moins fait. Je serais resté placé, tout en économisant mon énergie. Je pense avoir présumé de mes forces.

C’est une erreur de jeunesse…
Oui, mais ce sont les jambes aussi qui parlent. D’autres font la course dès le départ, sans pour autant péter dans la foulée. Je me suis simplement enflammé. Je voulais être devant et on m’avait dit que ça partait souvent au premier tour sur la Classic. J’ai pris le retour de bâton. Ça calme. Ces épreuves de Coupe de France auraient pu me permettre de préparer les futurs échéances, mais encore fallait-il les terminer ! Comme j’ai abandonné après deux tours sur la Classic Loire-Atlantique, je suis parti rouler après mon abandon.

Cela vous inquiète-t-il avant la première manche de la Coupe des Nations, la Course des Chats, ce dimanche ?
Disons que ça ne met pas en confiance. Je sais cependant que ce n’est pas le même niveau. J’ai vu à Paris-Troyes en Classe 2 que ça fonctionnait bien. Il faut savoir en tenir compte, prendre conscience que quelque chose ne s’est pas bien passé, mais il ne faut pas tout remettre en question et se prendre la tête.

Les rôles au sein de l’Equipe de France ont-ils déjà été établis ?
Non, nous n’avons pas encore discuté de la répartition des rôles. Je ne revendique pas une place de leader. D’autres coureurs marchent bien en ce moment. Je pense notamment à Nans Peters qui gagne la Durtorccha samedi. Qui plus est, nous avons des coureurs rapides en cas de sprint comme Jérémy Lecroq et Damien Touzé. Je ne sais donc pas quel sera mon rôle. Mon objectif sera simplement de répondre aux exigences de l’équipe.

Même si cette épreuve se déroulera sur votre terrain ?
Oui, je vais partir en reco avec Nans Peters jeudi. Nous en referons une la veille de l’épreuve. C’est un coin que je connais plutôt bien. J’ai déjà couru là-bas en Juniors. Les côtes que l’on va passer, je les connais. Je suis originaire de Bourghelles, près de Cysoing. Ce sont des noms qui parlent aux amateurs de Paris-Roubaix. Ça devrait me donner un avantage sur la plupart des coureurs qui seront présents.

La saison dernière, ces classiques pavées ont marqué votre retour au premier plan. Dans quelle mesure votre 4ème place à Paris-Roubaix-Espoirs vous a redonné confiance ?
Avant ça, c’était vraiment dur. En 2014, je me suis fait opérer des deux artères iliaques et je me suis fracturé une vertèbre suite à un accident de voiture. J’ai beaucoup travaillé pour revenir. Mais jusqu’au mois de mai, ça ne payait pas. J’étais vraiment dans le doute. Paris-Roubaix Espoirs a été mon premier vrai résultat en plus de dix-huit mois. Cela m’a vraiment relancé. Une course comme celle-là, c’est tout de même quelque chose. Cela m’a redonné confiance.

D’autant que cette performance arrivait à une époque où vous doutiez…
J’en étais vraiment à me demander si je voulais continuer le vélo. À partir de ce moment, j’ai été remis dans la bonne spirale. Le lundi qui précédait Paris-Roubaix Espoirs, j’ai subi la course au GP des vallons de Schweighouse, manche de Coupe de France. Je me suis dit que je déciderai de la poursuite de ma carrière après Paris-Roubaix. Je réfléchissais déjà à ce que je pouvais faire à la rentrée de septembre au niveau scolaire. C’est le destin. Finalement, sur cette dernière semaine de mai, je suis passé d’un extrême à l’autre : de l’envie d’arrêter à la certitude que j’étais fait pour cela.

Cette année noire en 2014 vous a-t-elle endurci ?
Oui, j’ai touché le fond, je sais ce que c’est. Quand on est Juniors, le vélo c’est facile, on est sur le devant de la scène tous les dimanches. On se dit que l’on a une belle carrière devant nous. Là, j’ai vu que du jour au lendemain tu peux te retrouver seul, sur un lit d’hôpital. Tu retombes vite dans l’oubli et si tu veux revenir, tu ne peux compter que sur toi même. C’est en ce sens que cette saison blanche m’a endurci. J’ai appris à relativiser et je me sens plus solide.

Propos recueillis à Cholet le 20 mars 2016.