Jean-René, vous étiez optimiste en début de Dauphiné, aujourd’hui vous êtes un homme heureux…
Je suis un homme heureux. On a encore vécu une très grande journée de sport dans la dernière étape avec beaucoup d’émotions parce que Thomas Voeckler a su prendre des risques. Et puis il y a cette complicité avec Christophe Kern, je pense qu’ils avaient une petite idée derrière la tête mais il est tombé sur plus fort que lui dans le sprint. Ce qui est certain c’est qu’on n’a pas de regrets, on est la meilleure équipe de ce Dauphiné, c’est un bilan exceptionnel ! C’est vrai qu’on a eu des émotions qui ne s’achètent pas. Christophe Kern sur le devant de la scène c’est vraiment un grand bonheur.

Que penser de ce nouveau numéro de Thomas Voeckler ?
La montée de la Toussuire lui convenait. Néanmoins il a décidé d’anticiper. Il a de bonnes jambes en ce moment, il attend son deuxième enfant, il est dans un état d’esprit euphorique et il pensait beaucoup à la naissance en grimpant. Maintenant, il a essayé, il n’a pas de regrets à avoir. C’était la stratégie et comme toujours, même si c’est bien calculé, ce n’est pas toujours gagnant.

Dimanche dernier, vous attendiez-vous à une telle démonstration de votre équipe sur le Dauphiné ?
Globalement oui, j’attendais beaucoup de cette semaine. Après, Christophe Kern est évidemment au-delà de mes espérances. Mais pour Thomas Voeckler et Pierre Rolland, ils me l’avaient annoncé, le collectif fonctionne bien. Maintenant que c’est fini, on peut faire le bilan et ce bilan est un peu au-dessus de mes espérances, évidemment.

Ca vous fait quoi d’être à la tête d’une si belle équipe sur ce Dauphiné ?
Tout d’abord ça me fait très plaisir d’entendre que nous avons une très belle équipe car si on fait ce métier c’est avant tout pour ça, pour amener du plaisir aux gens, amener du bonheur aux dirigeants et surtout dire merci à Europcar, merci de nous avoir fait confiance. Quand on signe un contrat avec un partenaire on ne signe pas d’engagement, on leur demande juste de nous faire confiance. Aujourd’hui, on est très heureux de leur rendre leur confiance en leur faisant plaisir.

On connaissait tous Thomas Voeckler et voilà qu’arrive Christophe Kern…
On commence à le connaître. Maintenant, la caisse de raisonnante du Tour sera bien évidemment plus forte et ce sera à lui de nous montrer au Tour de France qui il est vraiment puisqu’il l’a montré tous les jours sur ce Dauphiné avec néanmoins un regret, celui d’avoir eu des problèmes au contre-la-montre. Au bout du compte, ces 40 secondes lui coûtent la 5ème place.

Il se disait que Christophe Kern manquait de professionnalisme à l’entraînement, s’est-il amélioré à ce niveau-là ?
Il s’est vraiment amélioré à tous les niveaux. Christophe, c’est un affectif, et dans ce cas-là il n’y a pas de secret, pas de recette miracle. Cette réussite vient d’un réglage qui tient à très peu de choses : le moral, l’envie et l’encadrement.

Quel a été le déclic pour lui d’après vous ?
Thomas Voeckler y est pour beaucoup. Pour moi, Thomas garantit au minimum 50 % de la réussite de Christophe. C’est énorme mais je le pense vraiment. Tout simplement parce que pour gagner il faut être bien dans sa tête et avec Thomas il y a une vraie amitié. Cela montre que quand le travail est fait, quand tout est fait, on ne peut pas gagner si on n’est pas heureux. Thomas l’a influencé vers ce bonheur.

Vous nous confirmez que Christophe Kern fait partie, en plus des quatre noms déjà annoncés, des coureurs sûrs d’être au départ du Tour de France ?
Oui, la liste a été faite, cela a été inscrit, Christophe sera au départ du Tour de France en Vendée en juillet prochain.

Sera-t-il là pour le classement général ?
Pour l’instant, on ne pense vraiment pas au général. On va voir comment le Tour se déroule, on est très prudents, il faudra vraiment voir comment ça se passe. On a appris samedi qu’Alberto Contador serait au départ donc on attend vraiment de voir comment cela se passe. Aujourd’hui, on est à l’arrivée du Dauphiné, parlons du Dauphiné.

Vers les Gets vous avez pris vos responsabilités en mettant vos hommes à rouler, c’est relativement nouveau pour vous…
On l’a déjà fait pas mal de fois, maintenant c’est bien de le mettre en valeur. On roule sans complexes, quand on le fait ce n’est pas pour rire. On l’a fait l’an dernier sur le Tour de France dans le Jura, c’était une étape qui nous convenait. On a roulé, on a un peu été moqués au départ pour à l’arrivée une 3ème place avec Pierrick Fédrigo. Ca montrait bien que c’était jouable.

Vos coureurs, à l’image de Thomas Voeckler, ne sont-ils pas en train de se défaire du statut de simples baroudeurs qu’on leur attribuait ?
Ca n’a jamais été une équipe de baroudeurs, ça a toujours été une équipe qui roule pour gagner. C’est-à-dire que quand il faut être baroudeurs on l’est. On est une équipe qui roule avec un objectif clair, celui de gagner, on court après des objectifs réalisables.

Maintenant place aux Championnats de France, évidemment vous y viserez le maillot tricolore ?
Aux Championnats de France, tout le monde est là pour gagner. Mais attention, il y a des équipes qui sont plus fortes que nous, je pense par exemple à la FDJ. Thomas Voeckler sera certes le favori mais on aura fort à faire face à des équipes très bien armées, ce ne sera pas aussi évidemment que cela et on a plus de chances de perdre que de gagner, ça c’est une certitude.

Propos recueillis à la Toussuire le 12 juin 2011.