Vincent, vous avez triste mine au terme du Critérium du Dauphiné…
Forcément, on vient pour faire une victoire d’étape, un mec dans les cinq premiers et une victoire dans le classement par équipes et on ne fait rien de tout ça. Ce n’est vraiment pas une bonne semaine.

On vous voit extrêmement déçu par le résultat…
On est surtout extrêmement déçus de la malchance au quotidien, tous les jours pratiquement. Dès le premier jour on a joué de malchance. Ca a commencé lundi avec Christophe Riblon qui a dû mettre pied à terre dans le tunnel avant la montée finale, il y a perdu presque une minute. Ca a continué avec la déchirure musculaire de Blel Kadri, la lourde chute de Nicolas Roche. Sur la dernière étape encore, Mathieu Perget, qui était dans le groupe Maillot Jaune, tombe dans la dernière descente. C’était vraiment une année noire sur le Dauphiné pour nous.

Vous pensez qu’il y avait bien mieux à faire ?
Je pense que la forme de l’équipe était très bonne mais les circonstances nous ont énormément desservis, donc c’était finalement un Dauphiné très très décevant pour nous vu les ambitions que nous avions au départ.

Sans cette malchance et sur la forme du moment, les objectifs étaient-ils vraiment réalisables ?
Je pense que Nicolas Roche avait largement les moyens de rentrer dans les cinq premiers. Pour gagner une étape, Blel Kadri en avait à mon avis largement les capacités. Pour le classement par équipes, on termine 2ème alors qu’il nous manquait ce week-end deux de nos leaders, on avait donc tout à fait cet objectif aussi à notre portée.

Vous êtes néanmoins satisfait de la performance de Jean-Christophe Péraud, qui se classe 7ème au général ?
Oui, bien sûr, il s’est battu comme un beau diable. Tous les coureurs de l’équipe se sont vraiment bien battus, je ne leur en veux surtout pas, au contraire. C’est vraiment la malchance qui nous a touchés. Jean-Christophe s’est battu jusqu’au bout, il a réussi à tenir le choc, c’est dommage qu’il ait un peu loupé son chrono de Grenoble qui est pourtant son point fort mais ce jour-là il n’était pas très bien. Mais lui, en terminant 7ème, est tout à fait dans l’allure. C’est effectivement la satisfaction de ce Dauphiné mais c’est bien peu au regard de la déception globale.

La 4ème place de John Gadret sur le Giro vous rassure-t-elle en vue du Tour de France ? Elle confirme que votre équipe est une équipe de Grands Tours ?
Oui, c’est plutôt une équipe axée sur les Grands Tours mais ce qui m’embête surtout c’est que c’est une équipe qui ne gagne pas. Et quand on est un patron d’équipe, c’est un peu embêtant, il va falloir qu’on y remédie parce que le but premier de la compétition de haut niveau ce n’est pas de faire 3ème ou 4ème, c’est de gagner les courses. La 4ème place de Gadret sur le Giro est exceptionnelle, c’est sûrement un des plus beaux moments qu’il a réussi à nous faire vivre, mais il faut toujours aller de l’avant et il va falloir qu’on trouve des solutions pour avoir des coureurs qui gagnent des courses.

Pensez-vous que cela va être dur de rebondir après cette grande déception ?
On va rebondir, c’est sûr. On va positiver. Là ce qui est dur c’est l’accumulation de cinq jours de malchance, c’est l’amertume qui ressort. Je pense sincèrement qu’on avait la possibilité de faire beaucoup mieux mais derrière on va rebondir. Je pense qu’il y a des choses positives à retenir. Il faut vraiment qu’on reparte en se basant sur ces éléments positifs et en mettant les éléments négatifs de côté.

Propos recueillis à La Toussuire le 12 juin 2011.