Arthur, nous vous avions laissé sur une victoire aux Boucles du Sud Ardèche, que s’est-il passé depuis ?
Après cela, je me suis cassé la clavicule sur Paris-Nice, ce qui a entraîné une longue période de récupération et de remise en forme. J’ai repris avec pas mal de courses par étapes : le Tour de Turquie, le Circuit de Lorraine et le Tour de Luxembourg. La forme revient bien, j’étais bien au Luxembourg, et je peaufine maintenant ma préparation en montagne pour les prochaines échéances.

Comment estimez-vous votre début de saison ?
J’ai été satisfait de mes premières courses, j’ai été tout de suite dans l’allure. J’ai fait de bons résultats dès le début en étant acteur sur mes premières apparitions. Ensuite il y a eu le contretemps de la clavicule fracturée, mais ce n’est pas grave. Je suis parvenu à bien revenir et à bien travailler pour mes coéquipiers. Ca m’a redonné le moral et la confiance.

Qu’a-t-il véritablement fallu reconstruire après votre clavicule cassée ?
J’ai passé dix jours sans vélo, puis j’ai repris deux semaines sur le home-trainer. Il a alors fallu reprendre les bases gentiment, sans trop s’enflammer, et laisser l’organisme se reposer. C’était une fracture simple, il fallait laisser au corps le temps de se refaire.

Comment jugez-vous vos sensations actuelles par rapport à celles qui vous avaient permis de vous imposer aux Boucles du Sud Ardèche ?
C’est difficile à comparer mais la forme est là. Je l’ai prouvé en terminant 2ème de l’étape-reine du Tour de Luxembourg. Les courses par étapes précédentes m’ont permis de revenir bien. J’espère pouvoir encore monter en puissance pour les prochaines courses.

Vous êtes régulièrement cité parmi les coureurs qui incarnent l’avenir du cyclisme français, comment percevez-vous cela ?
Franchement, je ne m’en occupe pas trop. Avec Thibaut Pinot notamment, on a été interviewés plusieurs fois sur ce sujet. Dès qu’un jeune coureur français fait des résultats, on dit de lui qu’il est peut-être un futur grand champion. Vous savez, on a le temps. Beaucoup de champions sont arrivés à ce statut progressivement. Regardez Philippe Gilbert… Il marchait bien à ses débuts mais il n’était pas non plus un champion du monde. Ne brûlons pas les étapes. Si ça doit venir, ça viendra. C’est vrai qu’en France on a beaucoup de bons jeunes coureurs, j’espère qu’un ou deux parviendront à sortir du lot.

Dans le cadre de votre préparation en montagne, vous vous êtes rendu sur le bord de la route samedi pour voir passer le Critérium du Dauphiné, quelles ont été vos impressions ?
Je suis allé les voir au col des Aravis, tout près d’où je loge. J’ai regardé les copains, je les ai encouragés. C’est toujours sympa de garder le contact avec le milieu. Et puis j’ai un regard assez différent quand je regarde une course à la télé. J’ai toujours l’impression que ça roule vite, ça m’impressionne, alors que quand t’es sur le vélo tu n’as pas l’impression que c’est pareil. C’est la même chose quand je vois un sprint à la télé. Je me dis que les mecs sont fous à rouler à bloc, à frotter n’importe comment. Et quand je les vois monter, je ne m’imagine pas rouler à cette allure non plus…

Vos prochains rendez-vous vont être la Route du Sud et les Championnats de France…
Et c’est aussi pour cela que je suis venu me préparer en montagne. Ma grand-mère a un appartement à Notre-Dame-de-Bellecombe, juste au-dessus de Megève. J’en ai profité pour monter quelques cols avant la Route du Sud, qui s’annonce montagneuse.

Vous avez participé en outre à la Time Megève Mont Blanc, comment percevez-vous les cyclosportives ?
Je sais que les cyclos ont bien changé par rapport au passé. Ce sont aujourd’hui des mini compétitions, avec la création de teams, la participation de coureurs très motivés. J’étais plus là pour m’entraîner, bien travailler. Ca restait une préparation.

Connaissez-vous le parcours des Championnats de France de Boulogne-sur-Mer ?
Pas du tout. Ils avaient déjà eu lieu ici en 2005 mais je ne faisais pas de vélo à l’époque. J’ai entendu dire que c’était un circuit difficile, tant mieux, les hommes forts seront en tête et il n’y aura pas de surprises. A la FDJ, nous avons les deux vainqueurs de l’édition 2005, Pierrick Fédrigo chez les pros et Rémi Pauriol chez les amateurs. Pierrick est quelqu’un de respecté et de respectable, un coureur de championnat. Il sera notre leader, c’est légitime, mais après ça reste un championnat, il faudra être collectifs. Tout le monde pourra tirer son épingle du jeu au final.

Pierrick Fédrigo n’a pas encore gagné cette saison, dans quel état d’esprit se trouve-t-il ?
Il tourne autour. Je n’ai pas couru avec depuis Paris-Nice. Je l’ai vu ce week-end, il avait l’air pas trop mal. Il monte bien en puissance pour ses principaux objectifs qui sont le Championnat de France et le Tour de France.

Après le Championnat de France, quel sera le programme ?
Il y a le Tour de France… Je suis dans la présélection. Je me donne une chance sur deux d’y être. Nous sommes quatorze pour sept places, ça fait 50 %. L’équipe a organisé un stage à Saint-Jean-de-Maurienne il y a deux semaines mais j’étais pour ma part au Circuit de Lorraine. Mon stage en montagne, je l’effectue à présent tout seul.

Attaquer le Tour de France à 22 ans et pour une seconde année pro ne serait-il pas difficile ?
Toutes les courses le sont, que l’on soit devant ou derrière. Le Tour est la plus grande course du monde, théoriquement c’est aussi la plus dure. Il y a donc forcément un peu d’appréhension mais aussi une grosse envie de bien faire pour ne pas décevoir. On verra. Pour le moment je n’y suis pas mais je ne me mets pas plus de pression car ce n’est pas dans ma nature. Prenons les choses dans l’ordre, d’abord la Route du Sud, ensuite le Championnat de France.

Propos recueillis à Megève le 11 juin 2011.