Fabien, vous avez disputé votre premier championnat de France professionnel dimanche dernier à Saint-Omer, comment s’est passée votre course ?

J’étais très excité de participer à mon premier championnat de France en pro. On nous avait dis que c’était un championnat pour sprinteurs, mais une fois la course passée on s’est rendu compte que c’était quand même une course usante. Et malgré un parcours soit disant plat, ça a fait pas mal de dégâts. Comme je dis souvent, ce sont les coureurs qui font la difficulté de la course et ce n’est pas parce que le parcours est plat que ce ne sera pas dur. Personnellement, j’ai eu des jambes corrects mais pas assez bonnes pour pouvoir rivaliser avec les meilleurs. Donc c’était plus dur sur le final, il y a eu deux bons tours de trop pour moi. J’ai craqué à un tour et demi de l’arrivée mais je suis quand même content d’avoir participé à ce championnat, en ayant essayé de prendre l’échappée comme convenu au briefing.

Le briefing justement, cela devait être particulier à seulement quatre coureurs, que s’est-il dit ?

On avait rien à perdre, on savait que Yoann Offredo était en forme et qu’il avait ciblé cette course donc c’était normal de faire la course pour lui. D’autant plus que les autres n’avaient pas de grandes ambitions sur cette course, comme Guillaume Levarlet qui revenait seulement à la compétition. Donc on l’a laissé tranquille, il devait faire ses kilomètres. Guillaume Martin et moi étions désignés pour prendre l’échappée et celui qui était devant essayait de profiter de la situation, on ne sait jamais. Et le deuxième devait d’épauler Yoann dans le peloton.

Vous êtes-vous préparé spécifiquement pour ce championnat ?

Non je n’ai pas pu me préparer spécifiquement à 100 %. Sur le Ster ZLM Toer, qui est une course qui préparait pas mal à ce championnat, j’aurais aimé rallonger un jour où on avait fait plus de 200 kilomètres pour pouvoir faire une bonne sortie. Mais malheureusement je suis tombé sur cette étape là donc j’ai préféré rentrer vite à l’hôtel pour soigner vite les blessures, plutôt que de refaire des kilomètres sur un corps abîmé.

Votre mois de juin a été riche en course, avec 14 jours de compétition, et vous faîtes deux top 20 sur le Tour du Luxembourg et le Ster ZLM Toer, quel est votre sentiment par rapport à vos résultats ?

Sur ce mois de juin, je suis content. J’ai retrouvé les sensations que je pense pouvoir avoir tout au long d’une saison et je me suis bien rassuré. La période plus compliquée après le Tour de Romandie était surtout due à mon état de fatigue. Je suis bien monté en puissance à l’issue du Tour du Jura et au Luxembourg j’avais vraiment de bonnes sensations. Mais j’étais là pour épauler Xandro Meurisse donc je n’ai pas cherché à faire un résultat personnel, j’ai vraiment fais le coéquipier comme il me l’a été demandé. Au ZLM, j’ai été protégé sur l’étape la plus difficile où j’ai essayé de m’exprimer. J’avais l’occasion d’aller chercher une place de troisième donc j’ai tout tenté à la flamme rouge en attaquant. Mais je me fais reprendre dans le sprint par un groupe d’une quinzaine. J’ai tenté, je me suis fait reprendre, c’est comme ça mais je n’ai pas eu de regrets et j’étais surtout content au lendemain de ma chute. C’est toujours délicat le lendemain d’une chute même si ce n’étaient que des brûlures et deux bons coups à la hanche et au coude. Mais j’ai été acteur, je me suis bien fait plaisir sur toutes ces courses. Sauf au championnat de France où c’était un petit peu plus long et où j’ai plus subi dans le final donc c’était un petit peu moins marrant. Mais ce mois de juin m’a fait du bien à la tête et ça montre que je suis dans les clous et qu’il faut continuer dans cette voie là.

Wanty-Groupe Gobert va participer pour la première fois au Tour de France, avec neuf néophytes, comment était l’ambiance dans l’équipe à l’approche de l’événement ?

Beaucoup de coureurs voulaient faire le Tour. Je ne me suis pas penché sur la question sachant que je savais que c’était précoce pour moi donc j’étais plus focalisé sur la suite de ma saison. Dans l’équipe, on sent bien que c’était tout pour le Tour. C’était tellement attendu par l’équipe et par le staff qu’ils ont les yeux qui pétillent quand on leur en parle. Je pense qu’ils n’ont qu’une hâte c’est de partir de Düsseldorf et j’espère que ça sera passera aussi bien que sur le Dauphiné où l’équipe s’est bien montrée. J’espère aussi qu’ils auront les résultats souhaités pour que cela nous ouvre les portes, l’année prochaine, d’un autre Tour ou de la Vuelta, où j’aimerais bien être aligné. Je leur souhaite bon courage car ces trois semaines de course vont être dures.

Quelles sont les ambitions de l’équipe sur cette Grande Boucle ?

L’équipe va honorer sa wild-card donc je pense qu’elle va essayer d’être le plus souvent possible à l’avant. Et pourquoi pas aller chercher un podium ou pourquoi pas une victoire d’étape, qui sait sur une étape de transition dont ils pourraient tirer profit. J’espère qu’ils en profiteront car certains coureurs ont les capacités pour. Je pense que Guillaume Martin peut être un bon acteur en montagne, avec une forme qui est vraiment ascendante en ce moment.

Quel sera le rôle de Guillaume Martin sur ces trois semaines, va-t-il se concentrer sur le général ?

Je pense que l’équipe va viser le général avec lui, mais à mon avis Guillaume a dans un coin de sa tête une étape. On verra, j’espère qu’il pourra remplir les deux objectifs.

Vous ne faîtes donc pas le Tour de France cette année, quel sera votre programme pour le mois de juillet ?

En juillet, il y a la possibilité de faire d’autres épreuves comme le Tour d’Autriche qui est une belle course. Mais l’équipe se consacre entièrement au Tour, ce qui mobilise beaucoup de monde, donc ça sera sans course pour les coureurs étrangers car les Belges ont pas mal de kermesses auxquels ils vont participer. Du coup pour moi ce sera trois semaines sans course et je reprendrais en Belgique sur le GP Cerami le 19, avant d’enchaîner avec le Tour de Wallonie.

Vous allez donc rentrer dans une phase de récupération puis d’entraînement pour préparer la fin de saison ?

Exactement, cette semaine je fais une micro-coupure, en profiter pour me ressourcer, et je reprendrai en fin de semaine avant de partir en stage en montagne du côté de La Plagne.

On arrive à la mi-saison de votre première année professionnelle, quel regard portez-vous sur ces premiers mois ?

La grande conclusion que je tire c’est de ne pas négliger la récupération une fois que les courses ont commencé. J’avais prévu des blocs de récupération à l’issue des grosses courses mais je pense qu’ils n’ont pas été assez conséquents. J’ai voulu tout de suite m’entraîner par-dessus et au final je me suis entraîné un petit peu sur de la fatigue. C’est ce qui a causé un petit creux après le Tour de Romandie, et le fait que je sois tombé malade après la Flèche Wallonne n’est pas anodin non plus. Donc bien axer sur la récupération après ces gros blocs de course avant de remettre en route pour de l’entraînement plus spécifique en vue des objectifs futurs.

Quels seront ces objectifs futurs sur cette fin de saison, avez-vous revu vos ambitions de début d’année à la hausse ?

Non je reste dans le même état d’esprit. Je ne connaissais pas trop le début de saison donc maintenant je sais à quoi m’attendre pour l’année prochaine. Et là je vais participer à des courses que j’ai eu la chance de faire pendant deux ans quand j’étais stagiaire à la FDJ donc je vais essayer de tirer mon épingle du jeu et de bien me préparer pour cette deuxième partie de saison.

Propos recueillis par Adrien Godard