Que ce fut difficile. On l’a vu, dans le froid et sous la pluie, le visage fermé, les jambes lourdes, avec la mine des mauvais jours. Décramponné dans la montée finale vers La Colmiane, Julian Alaphilippe (Quick-Step Floors) n’a jamais été en mesure de suivre les meilleurs. S’il a d’abord résisté, à l’arrière du groupe de tête, le leader de la Quick Step, émoussé physiquement, a fini par s’écrouler dans les sévères lacets de la principale difficulté de cette 76ème édition du Paris-Nice, terminant loin (+2’01’’) du vainqueur du jour, le Britannique Simon Yates (Michelton-Scott).

« Je ne suis pas déçu de ma défaillance »

« Je savais que ça allait être une étape difficile, par le profil, mais surtout par la météo, a confié le natif de Saint-Amand-Montrond, les traits tirés, sur la ligne d’arrivée. Le froid, ce n’est vraiment pas mon truc. Mais j’ai quand même donné le maximum. L’an dernier, j’ai perdu le maillot jaune sur l’étape la plus difficile. Aujourd’hui, c’était un peu le même scénario, avec une longue ascension, a regretté Alaphilippe, pointé désormais à la neuvième place du général, à 1’48’’du nouveau maillot jaune Simon Yates.

J’ai mieux résisté que l’année dernière. C’est le point positif à retenir. Je me sentais bien, mais sur la fin, j’ai été pris de crampes. J’ai eu comme une fringale, a-t-il confié, visiblement déçu de sa montée, mais pas abattu pour autant. Il reste une étape. Je vais continuer à donner le maximum jusqu’à la fin. Si je confirme mon top 5 de l’an dernier par un top 10 cette année, ce sera une bonne chose. Et pourquoi pas gagner l’étape demain ? Je reste motivé. Quoi qu’il arrive, ça restera une belle semaine pour l’équipe et pour moi. Je ne suis pas déçu de ma défaillance. »

Laurent Jalabert n’aura pas de successeur cette année

Pourtant, Julian Alaphilippe aurait pu y croire. Maillot jaune virtuel à plusieurs reprises dans les derniers kilomètres à l’approche du sommet, lorsque que Luis Léon Sanchez (Astana) a définitivement été lâché, l’espoir tricolore (25 ans), exténué de ses efforts depuis le départ, n’aura jamais pu se mettre dans le rythme des Simon Yates (Michelton-Scott), Dylan Teuns (BMC) ou des frères Izagirre, Jon et Gorka (Bahrain-Merida), pour se mêler à la victoire et à la lutte pour le maillot jaune.

Pointé à la neuvième place du général, juste devant Alexis Vuillermoz (AG2R La Mondiale), Julian Alaphilippe ne remportera pas la course au soleil cette année. Dernière chance française au général, le protégé de Patrick Lefevere ne permettra pas au clan tricolore de s’offrir une première victoire finale depuis le sacre de Laurent Jalabert en 1997. Mais avec quatre victoires d’étapes et en attendant la dernière, les Français peuvent avoir le sourire. -Romain Boisaubert