nullNans Peters, 4ème à Luintra © ASO

On est à l’orée de la saison 2019, au moment du bilan de l’année, qu’en retenez-vous? 

Je retiens ma progression. Je continue d’apprendre dans le milieu professionnel. C’était ma deuxième saison. J’avais connu une première saison entachée par une blessure. Cela m’avait restreint car je n’avais couru que 50 jours. En 2018, j’ai subi une fracture de la clavicule mais ça m’a permis de souffler un petit peu. J’ai tout de même pu faire 65 jours de course, participer à un grand Tour. J’arrive à mieux voir la course, à mieux connaître mes adversaires et mes coéquipiers, et jouer les premiers rôles sur certaines courses. Petit à petit, je passe les échelons et c’est de bonne augure pour l’avenir.

Le fait de ne pas gagner cette saison est-il difficile à vivre ou alors cela fait partie de votre progression?

Bien sûr que l’on court pour gagner. J’ai fait quelques performances mais on ne s’en souviendra pas l’année prochaine. Si tu n’as pas de victoire l’année passée, ton tableau reste vierge. En 2019, il faudra arriver à concrétiser et à gagner des courses. Il faut savoir être patient également. Il ne faut pas que je change de manière de courir, la manière avec laquelle j’ai pu gagner en amateur. Je suis quelqu’un d’offensif donc il faut que je continue à courir de cette manière là et un jour, ça paiera. 

Avez-vous changé votre préparation pour la saison 2019 par rapport aux autres années ?

Non, je repars à peu près sur le même schéma que l’année dernière puisque j’attaque en Australie. Après ça, je dois faire le même début de saison que celui de l’année dernière si je n’avais pas été blessé. Je serai sur le Tirreno-Adriatico, le tour de Romandie et d’autres belles courses. Donc je n’ai rien changé. J’ai pris l’habitude lorsque j’étais amateur de faire plusieurs activités pour me préparer au mieux. Quelque chose de multi-sport avec du VTT, du cyclo-cross, des randonnées, de la muscu et un peu de piscine lorseque la météo est capricieuse. J’ai envie de garder ce côté pluridisciplinaire et cela a marché jusque-là donc il n’y a pas de raison de changer.

Quoi qu’il arrive, vous ne coupez pas avec le sport durant l’intersaison ? 

Si bien sûr. Après le chrono des nations, j’ai coupé pendant trois semaines, sans sport. L’objectif, c’est de se reposer physiquement et mentalement. Couper du milieu, ne pas entendre parler de vélo même si cela est une passion. Je suis tout de même les résultats lors d’une période de coupure mais il faut savoir se reposer. 

Prenez-vous du poids l’hiver lorsque vous coupez ?  

J’ai tendance à prendre beaucoup de poids et j’ai du mal à le perdre. J’ai essayé de ne pas faire trop d’excès même si je me suis fait un petit peu plaisir. Mais maintenant il faut vite se remettre dedans. J’attaque la saison bientôt donc il faut être sérieux dès maintenant. 

Racontez-nous cette belle étape que sur la Vuelta (la 11ème) où vous étiez dans une échappée de 20 coureurs sans être le plus fort et pourtant, à l’arrivée, vous décrochez une super 4ème place.  

Avant de pouvoir prendre l’échappée, ça avait bastonné pendant 100 bornes. Il y avait deux petits cols en début de course. Il y en avait de partout. Ca attaquait  dans tous les sens. Et ce jour là, j’étais dans une forme olympique, je suivais tous les coups. J’étais euphorique d’être là car il n’y avait que des mecs forts à l’avant. Je n’avais jamais couru à ce niveau là, sur un grand Tour. Finalement le groupe part, on est une vingtaine devant avec de gros noms du peloton. Pour moi, c’était motivant, j’avais l’envie de bien faire. Je n’ai rien lâché. Il y avait deux coureurs à l’avant. Dans le contre, on s’attaquait. Je n’étais pas beaucoup surveillé et j’ai profité de ça. J’ai également profité du marquage entre les gros leader. J’ai mis deux-trois attaques et à la quatrième, j’ai pu partir et ça a payé au mental. 

Dans le final il fallait vraiment tout donner et c’est ce que vous avez fait. 

Oui tout à fait. Il ne fallait pas se poser de questions. En plus, c’était l’étape la plus longue du tour avec 210 bornes. Il ne fallait pas se retourner, le peloton n’était pas loin derrière. Il fallait tout donner et finalement, je termine quatrième. Ce n’est pas la victoire, ce n’est pas le podium, mais d’être à ce niveau là avec ce beau monde présent dans l’échappée sur une étape aussi dure, c’est motivant pour la suite.

Nans peters dans la roue d'un coéquipierNans peters dans la roue d’un coéquipier | © AG2R La Mondiale

Le Giro sera la découverte de 2019 ?

En effet. Ça va être mon deuxième grand Tour, une épreuve différente. C’est dans la continuité de ma progression. Et puis j’ai également envie de connaître de nouvelles épreuves.

Êtes-vous pour ou contre les oreillettes et les capteurs de puissance dans le cyclisme ? Quelle est votre position sur ce débat ?

Moi, je serais pour une oreillette avec une fréquence unique, où tous les coureurs auraient la même information de l’organisateur pour la sécurité. Ça serait bien et ça débriderait la course. Maintenant, dès qu’un groupe a 100 mètres d’avance, on connaît déjà sa composition. Il n’y a finalement pas de liberté de course, c’est un petit peu dommage.

Par rapport au capteur de puissance, le sujet est plus délicat. À l’entraînement il faut le garder. L’enlever en course pourrait être utile. Cela permettrait de faire des courses plus débridées. Les coureurs devraient avoir une meilleure connaissance de leur corps. Actuellement, de plus en plus de coureurs font tout ce qu’on leur dit dans l’oreillette. C’est un peu fonctionner comme une machine. Beaucoup de personnes voient cela comme une mesure anti-Sky, mais il faut plus voir ça comme une amélioration pour le cyclisme. C’est sûr que l’équipe Sky fonctionne comme ça, mais il n’y a pas qu’eux. Il y a de nombreuses équipes qui travaillent avec des capteurs aujourd’hui. 

Sur les grands tours avec huit coureurs au lieu de neuf, y-a-t-il une différence ? Quels sont vos impressions  ?

Moi, je n’ai pas connu la période où il y avait neuf coureurs mais je ne pense pas que ça change grand chose. À partir du moment où c’est équitable pour toutes les équipes, ça ne pose pas de problème. Ca peut être bien pour le côté sécuritaire mais au final, ils ajoutent des équipes donc ça ne change rien. Je ne pense pas qu’il faille diminuer encore plus le nombre de coureurs alignés. Si on venait à perdre un ou deux éléments dès la première semaine, il n’y aurait plus de course d’équipe. La CPA souhaite d’ailleurs que les équipes aient de plus en plus de coureurs pour assurer une meilleure sécurité de l’emploi. Si on réduit en permanence le nombre de coureurs présents sur des grands Tours, cela peut avoir un impact sur l’emploi et créer du chômage.