A 2 mois des championnats du Monde à Valkenburg, le GP Ouest-France de Plouay a valeur de répétition, ou du moins de dernière chance de qualification pour de nombreux coureurs français présents au départ de la classique bretonne. Si Thomas Voeckler (Team Europcar) ou Sylvain Chavanel (Omega Pharma-Quick Step) possèdent déjà leur ticket Thalys, rien n’est joué pour les sept places restantes. Arnaud Démare (FDJ-BigMat), Pierrick Fédrigo (FDJ-BigMat), Anthony Roux (FDJ Big-Mat), Samuel Dumoulin (Cofidis), Christophe Kern (Team Europcar) ou Julien Simon (Saur-Sojasun), tous présents à Plouay, sont d’ambitieux candidats aux dents longues et à l’objectif d’impressionner Laurent Jalabert, le sélectionneur français, présent dans le Morbihan.

Bref, la course est convoitée. Au calendrier World Tour depuis 2005, elle accueille aussi chaque année la crème des chasseurs de classiques. Derrière l’inévitable Peter Sagan (Liquigas-Cannondale), 17 fois vainqueur cette saison et épouvantail de la fin de saison, Grega Bole (Lampre-ISD), vainqueur sortant, Matthew Goss et Simon Gerrans (Orica-GreenEdge), Luis-Leon Sanchez (Rabobank) mais aussi Edvald Boasson-Hagen (Team Sky), qui n’a plus cueilli un bouquet depuis deux mois, sont candidats à la victoire.

Le circuit, rallongé de 8 km, (27 km à parcourir 9 fois, soit une distance de 243 km) a été délibérément durci en vue d’éviter un sprint massif. Une nouveauté, aussi, le peloton prendra la tangente à Ty-Marrec et découvrira le Minojenn du calvaire, un goulot d’étranglement de 400 mètres de pas plus de 3 mètres de large le long de Ty-Marrec ! Forts de passages à plus de 12%, il doit permettre aux coureurs de s’expliquer « dès les premières rampes de Ty-Marrec  » comme l’explique Jean-Yves Tranvaux, président du Comité d’organisation du GP de Plouay. Son veux sera exaucé, cette année, les coureurs laisseront la place à l’attaque !

Dès les premiers kilomètres, sur les rives du Scorff, une échappée franco-française prend le large. Cyril Gautier et Christophe Kern (Team Europcar), Julien Bérard (Ag2r La Mondiale), Pierre Cazaux (Euskaltel-Euskadi), Laurent Pichon (Bretagne-Schuller), Laurent Mangel (Saur-Sojasun) et Matthieu Ladagnous (FDJ-BigMat). Une échappée a priori inoffensive qui boucle le premier tour à plus de 41 km/h de moyenne, 10 minutes et 40 secondes devant un peloton qui roule à allure cyclotouriste. Cependant, les Orica- GreenEdge et les Liquigas-Cannondale sonnent vite la fin de la récréation, l’écart diminue lentement mais surement dès la fin de la première boucle.

Rui-Alberto Faria Da Costa est surpuissant dans Ty-Marrec, mais il est rejoint par Edvald Boasson-Hagen.

Le regroupement général s’opère à 80 km de l’arrivée. Huit coureurs parviennent alors à s’extirper à nouveau, parmi lesquels Dries Devenyns (Omega Pharma-Quick Step), Rein Taramaee (Cofidis) et Marcus Burghardt (BMC Racing Team). A l’arrière du peloton, c’est déjà fini pour Peter Sagan, qui quitte la course et rentre dans le bus Liquigas par la petite porte…

Dès lors, le temps des vaines attaques peut commencer… A 35 km de l’arrivée, dans la bosse de Ty-Marrec, sous l’impulsion d’un Thomas Voeckler déchaîné, le peloton fond sur les échappées…puis explose littéralement ! En tête à la cloche annonçant le dernier tour, le récent maillot à pois du Tour, le visage grimaçant et la langue pendante s’accroche à son vélo comme un damné. Malgré le soutien des milliers de Bretons tous acquis à sa cause et massés le long des barrières, le Vendéen est rejoint par cinq poursuivants : Cyril Lemoine et Jérémie Galland (Saur-Sojasun), Eduard Vorganov (Team Katusha), Ben Hermans (RadioShack-Nissan), Egoi Martinez (Euskaltel-Euskadi). Ce groupe est rejoint à son tour à 10 km de la ligne par un peloton qui s’est reformé autour des Orica-GreenEdge, du Team Sky et Astana.

Dans le dernier passage de la bosse de Ty-Marrec, les choses sérieuses peuvent enfin commencer. Simon Gerrans (Orica-GreenEdge) allume la première mèche mais est contré par Rui Costa (Movistar Team) qui persiste, seul, à 3 kilomètres de la ligne. A bout de force, il voit revenir sur lui Edvald Boasso-Hagen sous la flamme rouge. L’affable norvégien, très apprécié du grand public, le dépose et s’en va chercher son 5ème succès de la saison, réchauffant les cœurs des supporters français, meurtris par l’attaque avortée de Voeckler. Avec cinq secondes d’avance sur Rui Costa, Boasson Hagen peut savourer son succès sur le boulevard des championnats du monde, acclamé par le public breton comme l’un des siens. Heinrich Haussler (Garmin-Sharp) prend de son côté la troisième place en remportant le sprint du peloton devant Matthew Goss (Orica-GreenEdge). Le premier français, Samuel Dumoulin (Cofidis) est neuvième.

Pour Boasson-Hagen, finies les victoires de la jeunesse insouciante ! En leader affirmé, il donne déjà, pour sa cinquième année chez les professionnels, la pleine mesure de son talent. Trois ans après son triomphe sur Gand-Wevelgem, le natif de Lillehammer remporte sa troisième classique World Tour, sans doute pas la moins belle.- Rémi Le Tenier

Classement :

1. Edvald Boasson-Hagen (NOR, Team Sky) les 243 km en 5h55’28 »
2. Rui-Alberto Faria Da Costa (POR, Movistar Team) à 5 sec.
3. Heinrich Haussler (AUS, Garmin-Sharp) m.t.
4. Matthew Goss (AUS, Orica-GreenEdge) m.t.
5. Jurgen Roelandts (BEL, Lotto-Belisol) m.t.
6. Marco Marcato (ITA, Vacansoleil-DCM) m.t.
7. Giacomo Nizzolo (ITA, Radioshack-Nissan) m.t.
8. Borut Bozic (SLO, Astana) m.t.
9. Samuel Dumoulin (FRA, Cofidis) m.t.
10. Luca Paolini (ITA, Team Katusha) m.t.