Depuis qu’ils se sont échoués sur la route du Tour de France où ils s’attendaient à se livrer un bras de fer tout au long du mois de juillet, Chris Froome (Team Sky) et Alberto Contador (Tinkoff-Saxo) ont été échaudés. Ils n’ont plus qu’une obsession en tête : éviter la chute. Quand l’un se satisfait de ne pas avoir vécu de malheur dans le contre-la-montre par équipes où il a tout de même abandonné 27 secondes aux Movistar de Nairo Quintana et Alejandro Valverde, l’autre qui s’en est mieux tiré hier soir (19 secondes) se dit seulement préoccupé par une chute dont il souhaite être épargné en première semaine. Il leur faudra reprendre confiance avant de retrouver la capacité de s’envoler vers les cimes dans les jours à venir. Mais heureusement la première semaine de la Vuelta ne ressemble en rien à celles du Giro et du Tour.

La nervosité est moindre au moment de prendre la route au sud de l’Andalousie. La course parcourra aujourd’hui 174,4 kilomètres entre Algeciras et San Fernando, et ceux qui étaient il y a dix jours sur l’Arctic Race of Norway (quelques coureurs de Cannondale sont concernés) pourront se vanter d’avoir roulé en l’espace de dix jours aux points cardinaux les plus extrêmes de l’Europe. Du Cap Nord norvégien au sud de la péninsule ibérique occupé par la cité de Tarifa. Avec vue sur l’Afrique s’il vous plaît, passé le détroit de Gibraltar. Valerio Conti (Lampre-Merida) n’était pas en Norvège la semaine dernière. Et il ne s’imaginait pas plus au départ du Tour d’Espagne aujourd’hui, encore moins avec le dossard 1 dans le dos, privilège réservé au vainqueur de l’édition passée et qu’aurait dû honorer Chris Horner. Mais l’Américain, qui soigne une bronchite persistante, n’était pas en état de défendre à presque 43 ans la victoire acquise sur le tard.

C’est un coureur deux fois moins jeune que lui qui le remplace donc au pied levé. A 21 ans, le néo-pro Valerio Conti découvre ce qu’est un Grand Tour. Et comme il est curieux il souhaite commencer par savoir à quoi ressemble une journée passée en tête au Tour d’Espagne. Le début d’étape lui offre l’occasion de s’échapper, avec la présence dès la sortie d’Algeciras d’une première et unique difficulté sur le tracé de cette deuxième étape. Les coureurs attirés par un premier maillot distinctif se jettent dans l’aventure. On en compte cinq avec Valerio Conti : Francisco-Javier Aramendia (Caja Rural-Seguros RGA), Nathan Haas (Garmin-Sharp), Roman Hardy (Cofidis), Kristian Sbaragli et Jacques Janse-Van Rensburg (MTN-Qhubeka). Au sommet de l’Alto del Cabrito, Nathan Haas conteste les points à Sbaragli. Puis les deux se relèvent.

Geoffrey Soupe revient devant juste à temps pour lancer Nacer Bouhanni dans un fauteuil.

Ils seront donc quatre à insister dans cette étape sans plus de difficulté. Même le vent redouté n’est pas de la partie. Francisco-Javier Aramendia, Valerio Conti, Roman Hardy et Jacques Janse-Van Rensburg se relaient devant mais leur entreprise est condamnée à l’avance par les équipes qui se chargent de la poursuite. C’est qu’il y a à San Fernando une première occasion pour les sprinteurs, et que si les meilleurs spécialistes du genre (Kittel, Greipel, Kristoff et Cavendish) boudent cette année la Vuelta, nombre de coureurs rapides au sprint y voient l’opportunité de se faire une place dans ce cercle très fermé des sprinteurs. Il y a en outre des secondes de bonification à prendre à l’arrivée, respectivement 10, 6 et 4 secondes aux trois premiers de l’étape, ce qui attire les mieux placés après le contre-la-montre par équipes.

A 15 kilomètres de l’arrivée, le peloton revient tout entier sur Francisco-Javier Aramendia, Valerio Conti, Roman Hardy et Jacques Janse-Van Rensburg. Le rush final se prépare. Au rang des grands noms du sprint engagés dans cette Vuelta, il faut noter la présence de Nacer Bouhanni (FDJ.fr). Le Vosgien s’est taillé un nouveau costume cette saison en s’adjugeant trois étapes du Tour d’Italie et le maillot rouge de meilleur sprinteur. Faute d’une vraie concurrence après l’abandon de Marcel Kittel mais tout de même ! Il a débarqué sur la Vuelta avec la volonté d’enrichir encore son palmarès sur le terrain des Grands Tours. Et comme l’équipe FDJ.fr a explicitement décidé de donner la priorité aux victoires d’étapes (Thibaut Pinot fiévreux dans la semaine cède dès aujourd’hui 1’17 »), toute la formation au trèfle se met au service de Nacer Bouhanni dans les kilomètres finaux courus sous le brillant soleil andalou.

Pourtant, à l’approche des 2 derniers kilomètres, le train FDJ.fr perd ses wagons. Nacer Bouhanni n’a plus que Murilo Fischer pour locomotive exposée trop vite au vent. Heureusement, au moment où le Brésilien commence à coincer, Geoffrey Soupe parvient à se frayer un chemin pour reprendre sa place en tête et lancer son copain de sprinteur, qu’il accompagnera l’an prochain chez Cofidis. Nacer Bouhanni sprinte dans un fauteuil. Il boucle l’étape victorieusement devant John Degenkolb (Giant-Shimano) et Roberto Ferrari (Lampre-Merida). Aucun des sprinteurs en mesure de chiper le maillot rouge aux Movistar ne rentre dans les 3 ce soir. En revanche Alejandro Valverde mieux placé sur la ligne hérite du maillot de leader au jeu des places. Le voilà en tête du classement général juste devant Nairo Quintana !

Demain lundi, la troisième étape se disputera entre Cadix et Arcos de la Frontera (197,8 km).

Classement 2ème étape :

1. Nacer Bouhanni (FRA, FDJ.fr) les 174,4 km en 4h01’30 » (43,3 km/h)
2. John Degenkolb (ALL, Giant-Shimano) m.t.
3. Roberto Ferrari (ITA, Lampre-Merida) m.t.
4. Jasper Stuyven (BEL, Trek Factory Racing) m.t.
5. Francesco Lasca (ITA, Caja Rural-Seguros RGA) m.t.
6. Oscar Gatto (ITA, Cannondale) m.t.
7. Yauheni Hutarovich (BLR, Ag2r La Mondiale) m.t.
8. Tom Boonen (BEL, Omega Pharma-Quick Step) m.t.
9. Moreno Hofland (PBS, Belkin) m.t.
10. Matteo Pelucchi (ITA, IAM Cycling) m.t.

Classement général :

1. Alejandro Valverde (ESP, Movistar Team) en 4h15’43 »
2. Nairo Quintana (COL, Movistar Team) m.t.
3. Andrey Amador (CRC, Movistar Team) m.t.
4.  Jonathan Castroviejo (ESP, Movistar Team) m.t.
5. Imanol Erviti (ESP, Movistar Team) m.t.
6. Gorka Izaguirre (ESP, Movistar Team) m.t.
7. Oscar Gatto (ITA, Cannondale) à 6 sec.
8. Michael Matthews (AUS, Orica-GreenEdge) m.t.
9. Maciej Bodnar (POL, Cannondale) m.t.
10. Adam Yates (AUS, Orica-GreenEdge) m.t.

Classement par points :

1. Nacer Bouhanni (FRA, FDJ.fr) 25 pt
2. John Degenkolb (ALL, Giant-Shimano) 20 pt
3. Roberto Ferrari (ITA, Lampre-Merida) 16 pt
4. Jasper Stuyven (BEL, Trek Factory Racing) 14 pt
5. Francesco Lasca (ITA, Caja Rural-Seguros RGA) 12 pt
6. Oscar Gatto (ITA, Cannondale) 10 pt
7. Yauheni Hutarovich (BLR, Ag2r La Mondiale) 9 pt
8. Tom Boonen (BEL, Omega Pharma-Quick Step) 8 pt
9. Moreno Hofland (PBS, Belkin) 7 pt
10. Matteo Pelucchi (ITA, IAM Cycling) 6 pt

Classement de la montagne :

1. Nathan Haas (AUS, Garmin-Sharp) 3 pt
2. Kristian Sbaragli (ITA, MTN-Qhubeka) 2 pt
3. Valerio Conti (ITA, Lampre-Merida) 1 pt

Classement du combiné :

1. Valerio Conti (ITA, Lampre-Merida) 102 pt

Classement par équipes :

1. Movistar Team (ESP) en 12h18’43 »
2. Cannondale (ITA) à 6 sec.
3. Orica-GreenEdge (AUS) m.t.
4. Trek Factory Racing (USA) à 9 sec.
5. Omega Pharma-Quick Step (BEL) à 11 sec.
6. Giant-Shimano (PBS) à 16 sec.
7. Belkin (PBS) à 19 sec.
8. Tinkoff-Saxo (DAN) m.t.
9. BMC Racing Team (USA) à 21 sec.
10. Lampre-Merida (ITA) à 25 sec.