Nacer Bouhanni (Cofidis) est maudit. Après avoir manqué le Tour de France suite à une bagarre dans un hôtel bisontin la veille du Championnat de France, on l’imaginait on ne peut plus triste et frustré. Exactement le même sentiment qui devait le parcourir après l’arrivée de Milan-San Remo où un problème de dérailleur lui fit manquer une victoire sur un monument qui lui tendait les bras. Plus forte allait être sa revanche et, les championnats du monde au Qatar en point de mire, Bouhanni avait à cœur de montrer que la poisse l’avait enfin laissé de côté. Sa reprise passait logiquement par la Classique d’Hambourg, renommée cette saison EuroEyes Cyclassics. Cela n’empêche pas cette course, qui a déjà vu les plus grands s’imposer, de toujours se résumer à un sprint massif et de donner une longue liste de favoris qui comprend bien évidemment le Lorrain. Mais cette 21ème édition restera un petit peu particulière pour le finisseur français.

Les sprinteurs ont, de l’avis de certains, de moins en moins de place dans les Grands Tours. Et pas plus dans les classiques. La possibilité d’inscrire une course WorldTour à son palmarès est donc un privilège qu’aucun ne veut laisser passer. C’est, en plus d’une Vuelta très montagneuse, ce qui explique la présence de presque tous les meilleurs sprinteurs mondiaux.

Six hommes ont pourtant bien failli faire échouer les espoirs des sprinteurs. Maxat Ayazbayev (Astana), Alessandro De Marchi (BMC Racing Team), Kamil Gradek (Verva Activejet), Matej Mohoric (Lampre-Merida), Matteo Montaguti (Ag2r La Mondiale) et Lukas Postlberger (Bora-Argon18) partent dès le début de course et feront trembler le peloton jusqu’aux derniers instants. Alors qu’une avance confortable leur avait été accordée, les échappés vont faire mieux que résister. Longtemps, ils ont cru à la victoire et ont forcé la peloton à s’employer durement pour revenir. Une quarantaine d’unités seulement parvient à rattraper le dernier résistant, Alessandro De Marchi, à seulement trois cents mètres de la ligne. Le sprint aura bien lieu et sera très houleux.

A mi-chemin entre la flamme rouge et la ligne, un coureur fait une vague aux alentours de la vingtième position et provoque une grosse chute. André Greipel (Lotto-Soudal), tenant du titre, n’est pas tombé mais a été ralentit. Il termine à une dixième place loin de son véritable niveau. Giacomo Nizzolo (Trek-Segafredo) a de son côté choisi de partir de loin. De trop loin même puisqu’il sert plutôt de parfait poisson-pilote à Nacer Bouhanni qui a pris la bonne roue. Le leader de la Cofidis déborde à moins de 200 mètres et se lance vers la victoire. Mais lorsque Caleb Ewan (Orica-BikeExchange) tente de le dépasser sur sa droite, l’ancien champion de France effectue un léger écart qui freine l’Australien dans son sprint. La décision des commissaires peut paraître sévère mais ce sont eux qui ont le dernier mot et ils choisissent de déclasser le Français. Un nouveau coup dur sur le casque de Bouhanni qui va devoir une nouvelle fois rebondir. Et le plus vite possible serait le mieux.

Classement :

1. Caleb Ewan (AUS, Orica-BikeExchange) les 217,7 km en 4h54’27 » (44,4 km/h)
2. John Degenkolb (ALL, Giant-Alpecin) m.t.
3. Giacomo Nizzolo (ITA, Trek-Segafredo) m.t.
4. Danny Van Poppel (PBS, Team Sky) m.t.
5. Alexander Kristoff (NOR, Team Katusha) m.t.
6. Dylan Groenewegen (PBS, Team LottoNL-Jumbo) m.t.
7. Mark Renshaw (AUS, Dimension Data) m.t.
8. Sondre Holst Enger (NOR, IAM Cycling) m.t.
9. Matteo Trentin (ITA, Etixx-Quick Step) m.t.
10. André Greipel (ALL, Lotto-Soudal) m.t.