Une semaine après son envol royal à Turin, la caravane du Giro termine aujourd’hui sa descente de la botte italienne en direction de la Sicile le long des côtes calabraises. Avant la traversée maritime qui conduira demain les concurrents sur le sol sicilien pour une explication volcanique sur les pentes calcinées de l’Etna, il convient donc de relier Sapri (Campanie) à Tropea (Calabre) par-delà 217 kilomètres d’un parcours côtier empruntant tout du long des paysages de carte postale. C’est aussi l’occasion de relever que la première semaine de course du Tour d’Italie s’est disputée sous d’excellentes conditions climatiques. Il est vrai que toute l’Europe souffre actuellement de la sécheresse inattendue… mais autant dire que cela n’est pas pour déplaire aux coureurs de la course rose, souvent marqués par des conditions rigoureuses.

La première semaine de course se rapproche de sa conclusion et avant la première grande bataille attendue demain sur l’Etna, il est de bon ton de faire le point sur les positions des favoris, remarqués aux avant-postes depuis le départ turinois bien qu’incapables encore de se départager. Le premier d’entre eux est Michele Scarponi (Lampre-ISD), auteur d’un démarrage saisissant hier vers le premier sommet de ce Giro, mais qui n’a finalement trompé personne, si ce n’est insensiblement la vigilance d’Alberto Contador (Saxo Bank-SunGard), moins bien placé ce matin que Michele Scarponi et Vincenzo Nibali (Liquigas-Cannondale) au classement général. Le favori espagnol a semblé un peu en-deçà de ses adversaires hier et il doit aborder la grande étape de l’Etna avec un déficit, léger certes, mais réel néanmoins, sur ses deux principaux concurrents. Il accuse ce matin à Sapri 16 secondes de retard sur Scarponi et 6 secondes sur Nibali.

L’attitude d’Alberto Contador dans les derniers hectomètres menant hier à Montevergine di Mercogliano prête à débat aujourd’hui. Il faut dire que l’étape va être longue, sans grand intérêt avant le final, et donc propice à se poser toutes sortes d’interrogations. Faut-il donc voir dans le manque de réactivité du grimpeur espagnol, quand ses adversaires ont démarré en direction de la ligne d’arrivée, une carence quelconque dans sa condition physique ? Non, évidemment, si l’on écoute parler l’intéressé, qui s’est simplement dit surpris par l’attaque brutale de Scarponi. En attendant, il n’a rien cédé hier, si ce n’est quelques secondes de bonification attribuées à l’Italien, et pour toute réponse concrète nous sommes invités à attendre la double escalade du volcan sicilien demain. C’est tout du moins ce que l’on croit au moment où démarre l’étape…

Alberto Contador plante une banderille là où personne ne l’attendait.

Les attaquants ne tardent pas à entrer dans le vif du sujet. Dès le 2ème kilomètre, deux concurrents italiens se portent en tête : Leonardo Giordani (Farnese Vini-Neri Sottoli) et Mirko Selvaggi (Vacansoleil-DCM). Et c’est la bonne ! Rapidement, le tandem transalpin gagne du terrain, jusqu’à 10’15 », puis diverses formations se présentent en tête du peloton pour se rapprocher des deux hommes. L’avance de Leonardo Giordani et Mirko Selvaggi se réduit progressivement pour être annulée à 7 kilomètres de l’arrivée, après 208 kilomètres passés devant. Une longue chevauchée un peu ennuyeuse pour les suiveurs mais les étapes de transition, et c’est devenu une constante sur chacun des trois Grands Tours, ne sont plus jamais sans intérêt. Certes, le parcours est plat, mais le final est piège et promet du mouvement, l’approche du dernier kilomètre étant marquée par une côte brève mais raide.

A 2 kilomètres de l’arrivée se présente en effet un tremplin de 650 mètres à 7,8 % dont le sommet n’est situé qu’à 1300 mètres du but. A l’exception d’un Mark Cavendish trop lourd, les sprinteurs ont toutefois tendance à bien s’accrocher dans les côtes, en atteste le succès de Francisco-José Ventoso à Fiuggi il y a deux jours face à Alessandro Petacchi. Rien n’exclut donc une arrivée au sprint entre ces garçons-là, mais l’ascension raide et technique, avec deux lacets en épingle à cheveux, va finalement bien jouer son rôle de tremplin. A 100 mètres du sommet, soit 1400 mètres de l’arrivée, l’Italien Oscar Gatto (Farnese Vini-Neri Sottoli) place un démarrage sec et efficace. Personne ne saute immédiatement dans sa roue et voilà déjà l’attaquant bénéficiaire d’une bonne centaine de mètres d’avance sur un peloton relativement désorganisé.

Quand soudain, de ce peloton et juste avant le haut de la bosse, s’élance un contre-attaquant. Et pas des moindres ! Alberto Contador vient de planter une banderille à laquelle personne n’a pu répondre, là surtout où personne ne l’attendait pour un tel numéro. Lancé à la poursuite d’Oscar Gatto, le champion madrilène se retourne maintes et maintes fois pour estimer son avance sur le peloton. Il comble progressivement son retard sur l’homme de tête mais ne parvient pas à le rejoindre avant la ligne, où Gatto dresse deux bras gagnants devant un épatant Alberto Contador. Le peloton réglé par Alessandro Petacchi (Lampre-ISD) finit 5 secondes derrière les deux hommes. Pieter Weening (Rabobank) conserve le Maillot Rose mais le grandissime favori du Tour d’Italie a parlé aujourd’hui. Avec 17 secondes gagnées à Tropea, compte tenu des bonifications, il reprend la pole position des candidats à la victoire finale.

Demain dimanche, la neuvième étape reliera Messine à l’Etna (169 km).

Classement 8ème étape :

1. Oscar Gatto (ITA, Farnese Vini-Neri Sottoli) les 217 km en 4h59’45 »
2. Alberto Contador (ESP, Saxo Bank-SunGard) m.t.
3. Alessandro Petacchi (ITA, Lampre-ISD) à 5 sec.
4. Alexander Kristoff (NOR, BMC Racing Team) m.t.
5. Roberto Ferrari (ITA, Androni Giocattoli) m.t.
6. Davide Appollonio (ITA, Team Sky) m.t.
7. Francisco-José Ventoso (ESP, Movistar Team) m.t.
8. Rinaldo Nocentini (ITA, Ag2r La Mondiale) m.t.
9. Christophe Le Mével (FRA, Garmin-Cervélo) m.t.
10. Klaas Lodewyck (BEL, Omega Pharma-Lotto) m.t.

Classement général :

1. Pieter Weening (PBS, Rabobank) en 28h09’49 »
2. Kanstantsin Siutsou (BLR, HTC-Highroad) à 2 sec.
3. Marco Pinotti (ITA, HTC-Highroad) m.t.
4. Christophe Le Mével (FRA, Garmin-Cervélo) à 5 sec.
5. Alberto Contador (ESP, Saxo Bank-SunGard) à 13 sec.
6. Michele Scarponi (ITA, Lampre-ISD) à 14 sec.
7. Pablo Lastras (ESP, Movistar Team) à 22 sec.
8. Vincenzo Nibali (ITA, Liquigas-Cannondale) à 24 sec.
9. Steven Kruijswijk (PBS, Rabobank) à 28 sec.
10. José Serpa (COL, Androni Giocattoli) à 33 sec.

Classement par points :

1. Alessandro Petacchi (ITA, Lampre-ISD) 64 pt
2. Christophe Le Mével (FRA, Garmin-Cervélo) 48 pt
3. Roberto Ferrari (ITA, Androni Giocattoli) 42 pt
4. Alberto Contador (ESP, Saxo Bank-SunGard) 40 pt
5. Michele Scarponi (ITA, Lampre-ISD) 38 pt
6. Oscar Gatto (ITA, Farnese Vini-Neri Sottoli) 37 pt
7. Francisco-José Ventoso (ESP, Movistar Team) 36 pt
8. Davide Appollonio (ITA, Team Sky) 32 pt
9. Angel Vicioso (ESP, Androni Giocattoli) 28 pt
10. Pieter Weening (PBS, Rabobank) 25 pt

Classement de la montagne :

1. Bart De Clercq (BEL, Omega Pharma-Lotto) 11 pt
2. Martin Kohler (SUI, BMC Racing Team) 10 pt
3. Federico Canuti (ITA, Colnago-CSF Inox) 9 pt
4. Gianluca Brambilla (ITA, Colnago-CSF Inox) 8 pt
5. Michele Scarponi (ITA, Lampre-ISD) 7 pt
6. Roman Kreuziger (TCH, Astana) 6 pt
7. Christophe Le Mével (FRA, Garmin-Cervélo) 5 pt
8. Jérôme Pineau (FRA, Quick Step) 3 pt
9. Stefano Garzelli (ITA, Acqua & Sapone) 3 pt
10. Giovanni Visconti (ITA, Farnese Vini-Neri Sottoli) 3 pt

Classement des jeunes :

1. Steven Kruisjwik (PBS, Rabobank) en 28h10’17 »
2. Roman Kreuziger (TCH, Astana) à 16 sec.
3. Robert Kiserloski (CRO, Astana) à 24 sec.
4. Francesco Masciarelli (ITA, Astana) à 52 sec.
5. Kevin Seeldraeyers (BEL, Quick Step) à 54 sec.
6. Rafael Valls (ESP, Geox-TMC) à 1’45 »
7. Jan Bakelandts (BEL, Omega Pharma-Lotto) à 3’02 »
8. Eros Capecchi (ITA, Liquigas-Cannondale) à 3’30 »
9. Danilo Wyss (SUI, BMC Racing Team) à 6’03 »
10. Stefano Pirazzi (ITA, Colnago-CSF Inox) à 7’45 »

Classement par équipes :

1. Movistar Team (ESP) en 83h48’31 »
2. Astana (KAZ) à 1 sec.
3. Geox-TMC (ESP) à 1’06 »
4. Androni Giocattoli (ITA) à 1’21 »
5. Team Sky (GBR) à 2’32 »
6. Liquigas-Cannondale (ITA) à 3’55 »
7. Ag2r La Mondiale (FRA) à 3’58 »
8. Euskaltel-Euskadi (ESP) à 4’37 »
9. Rabobank (PBS) à 7’02 »
10. Team Katusha (RUS) à 7’08 »