La saison des classiques est maintenant derrière nous et les constructeurs vont désormais devoir penser sérieusement aux gammes qui seront présentées aux revendeurs et au grand public dès la fin août à l’occasion de l’Eurobike. Le Taïpei Show a fait se croiser fournisseurs de matières premières, producteurs et fabricants, les grandes tendances sont déjà marquées et petit à petit on va découvrir ce que sera demain en matière de vélo avec toujours la même équation : plus de rigidité, de légèreté, de confort. Une équation dont la solution bute systématiquement sur le chiffre de 6,8 kg, minimum imposé par l’UCI quant au poids du vélo complet.

Si la fin août est le passage obligé, l’avant-Tour et le Tour de France seront aussi le rendez-vous incontournable, du fait de la présence des médias internationaux, de la vitrine exceptionnelle pour les vingt-deux équipes et leurs fournisseurs de cadres et d’accessoires, et du retentissement sans égal en cas de victoire. Chaque détail compte et le compte à rebours est lancé, à vos marques. Il vous reste deux mois pour les dernières mises au point et la validation de l’UCI, bon courage !

Ce début de saison avec des courses d’un autre âge, pour ce qui est des voies empruntées notamment aux Flandres et à Roubaix, est de plus en plus l’occasion pour les marques de démontrer le fameux slogan « qui peut le plus, peut le moins ». En effet, il s’agit de mettre au point des vélos qui devront être à la fois rigides (car les pros ont une exigence de rendement au-delà de la moyenne) mais aussi confortables (car les passages pavés sont traumatisants et, pour aller au bout, plutôt en venir à bout, mieux vaut allier largeur des boyaux et épaisseurs de fibres aux endroits stratégiques comme l’assise du vélo). La plupart des grandes marques se donnent rendez-vous désormais au printemps pour montrer aux médias internationaux les vélos que vont utiliser les pros sur ces classiques auxquelles on peut rajouter les Strade Bianche en Toscane, comme l’a fait Cannondale avec son nouveau Synapse. Trek a ouvert la voie, BMC avec le Gran Fondo en 2012, Bianchi avec le nouvel Infinito à Roubaix et Ridley avec le Fenix Classic ont prolongé la démarche cette année.

« We are Belgium ». Tel est le message de Ridley, dont le siège est situé pas bien loin du circuit de Zolder, à Paal-Beringen, en Flandre. Ses vélos sont tous terrains avec le Noah Fast pour les grosses cuisses et les sprinteurs comme André Greipel, l’Hélium SL pour les grimpeurs comme Jelle Vanendert ou Jürgen Van Den broeck, et le Fenix Classic pour les coureurs des classiques de légende comme Jürgen Roelandts, qu’il a mis sur le podium du Tour des Flandres cette année. Le Fénix allie donc la rigidité que requiert l’exigence des pros, avec le confort comme sur le triangle arrière plus l’orientation des fibres carbone et la sécurité sur la boîte de pédalier oversized. Le tout avec un cadre en forme de diamant (on n’est pas très loin d’Anvers !) pour avoir une pénétration dans l’air et un Cx mieux optimisé.

Si l’on ajoute des pneus de section 25, une version Fenix disc avec frein à disque 160 mm, une rigidité latérale de la fourche couplée à une partie frontale plus confort liées toutes les deux à une optimisation des fibres carbone spécifiques, on a un vélo parfait pour la compétition côté pros, mais aussi pour le public cyclosportif qui partait à l’assaut des 276 kilomètres (du grand parcours) de Liège-Bastogne-Liège Challenge ce week-end.

A l’usage des 110 kilomètres dont les côtes de Wanne, la Haute-Levée, Stockeu, le col des Rosiers ou encore la Redoute, on a un vélo très stable, au confort marqué et apprécié, le tout avec une géométrie et un design très chouette. Bref un vélo qui passe bien partout.

Pour Ridley, marque lancée en 1997, la compétition est vitale. La société a vocation à équiper les meilleures équipes, à devenir la meilleure, comme en cyclo-cross avec Telenet-Fidea ou Sunweb, qui ajoutent des liserés de champions du monde aux couleurs d’origine. Et elle est présente sur le circuit WorldTour depuis 2005, que ce soit avec Silence-Lotto, Davitamon, Robbie McEwen et Katusha, et depuis 2012 et pour huit saisons auprès de l’équipe Lotto-Belisol. Pas mal quand on sait que le chiffre d’affaires de Ridley est de 24 millions d’euros et quand on connaît les budgets demandés depuis l’instauration du WorldTour.

Une marque belge pour une équipe belge qui s’affiche comme étant belge mais avec une fabrication… « made in China ». Il y avait comme un grain de sable dans les rouages et les dirigeants nous l’ont annoncé : ils entendent être la première marque à rapatrier la production en Europe (Ridley est déjà présent en Moldavie). Pour le prochain Tour de France, le nouveau modèle de contre-la-montre qui devrait être dévoilé pour le chrono par équipes de Nice sera entièrement produit en Europe. Certes, on est sur un modèle qui ne sera jamais de grande série mais la tendance est intéressante, d’autant plus qu’elle est accompagnée par le gouvernement flamand et que c’est un pôle d’entreprises liées au vélo qui se concerte et se concentre pour installer tout près du siège de Ridley un tunnel à vent.

L’objectif est d’avoir cet outil technologique pour 2014 au plus tard. Des marques comme Bioracer pour le textile et les études posturales, Lazer pour les casques et notamment le Hélium Fast, Forza pour les composants, sont impliquées autour de ce projet qui démontre, si besoin était, que même pour de petites marques plutôt européennes, l’union peut faire la force. Et que, même si on est sponsors de la loterie nationale belge, on ne peut pas s’en remettra qu’à la chance pour gagner !