Vainqueur à Gran Sasso d’Italia, à Osimo et auteur d’une superbe montée sur le Zoncolan ou l’Etna, Simon Yates (Michelton Scott) ne s’est pas fait prier ce dimanche pour aller chercher une troisième victoire sur la 15ème étape. Le Britannique a pris les devants et a profité de la mésentente dans le groupe de contre pour s’imposer en solitaire. « Je savais que l’étape serait folle et j’ai fait ça plus ou moins à l’instinct. Je me sentais bien et j’ai pu choisir le bon moment pour partir. Ça a suivi lors de ma première attaque, j’ai tout donné dans la deuxième et j’ai réussi à sortir » a-t-il détaillé à l’issue de l’étape. Avec 41 secondes d’avance sur Pinot, Dumoulin et les autres sur la ligne, il a creusé un peu plus les écarts au général. Mais d’après lui, rien n’est encore fait. « J’ai une bonne avance (2’11 ») mais Tom Dumoulin peut me reprendre deux minutes dans le seul chrono. J’ai tout fait pour creuser un écart intéressant depuis Jérusalem et j’ai réussi, mais tout peut s’écrouler en 35 kilomètres. Deux minutes, ce n’est pas énorme, je sais que je me répète, mais c’est un fait. Je ne suis pas sûr d’être le favori. On verra. »

Pinot : « On aurait pu rentrer sur Yates »

Présent dans le groupe de favoris aux côtés de Pozzovivo (Bahrain Merida), Angel Lopez (Astana), Carapaz (Movistar) et Dumoulin (Team Sunweb), Thibaut Pinot (Groupama FDJ) a encore une fois perdu de précieuses secondes sur Yates. Le grimpeur français a d’ailleurs décrit la mésentente dans le groupe de contre au micro de Claire Bricogne. « On a réussi à lâcher Dumoulin mais tout le monde comptait un peu ses coups de pédale. Il y avait une guéguerre entre Carapaz et Lopez pour le maillot blanc, ils se regardaient et ont condamné un peu notre petit groupe parce que, si on avait roulé tous ensemble, on aurait peut-être pu rentrer sur Yates, et surtout reprendre du temps à ceux derrière » a-t-il avoué. Tactiquement, le Franc-Comtois s’est fait surprendre mais les jambes ont répondu présentes.  « Aujourd’hui ça allait mieux qu’hier, les pentes me correspondaient plus. Il y a des jours comme ça, maintenant il faudra être bon mardi sur le chrono qui sera décisif. Beaucoup de courses se jouent sur les chronos donc il faudra être bon. Ce n’est pas ce que je préfère, surtout après une journée de repos mais bon, faut faire avec, c’est pour tout le monde pareil et on va essayer de gérer au mieux la journée de repos. »

Froome et Aru ont perdu gros

Vainqueur au sommet du Monte Zoncolan la veille, Christopher Froome (Team Sky) n’a pas été en mesure de suivre les meilleurs dans les différentes ascensions dans le final de cette 15ème étape. Le leader de la Sky a concédé plus de 1’30’’ à son compatriote sur la ligne. « C’était une journée très dure, mais c’est la course. Quand vous poussez fort une journée vous pouvez le payer le lendemain. Je suis allé puiser très loin pour aller chercher la victoire au Zoncolan, donc je n’avais juste pas les jambes aujourd’hui a concédé le Britannique. Je savais que le Giro était dur, mais c’est une expérience incroyable d’être ici. » Ce n’est surement pas Chris Froome qui a perdu le plus à Sappada. Fabio Aru (UAE Team Emirates) a fini l’étape sur les rotules et a perdu plus de 19 minutes ce dimanche. « Aujourd’hui a vraiment été une journée difficile mentalement et physiquement. J’aimerais remercier mes coéquipiers d’avoir été à mes côtés. Ma déception est encore plus grande car je voulais bien faire mais j’en suis incapable » a regretté le jeune grimpeur italien. Totalement en perdition dans les 40 derniers kilomètres, le champion d’Italie a bien failli abandonner. Son directeur sportif l’en a dissuadé. C’est en tout cas un 101ème Giro galère pour le chouchou du public transalpin. -Léo Labica