Arnaud, comment juges-tu ta rentrée en cyclo-cross ?
Pas trop mal. J’estime en tout cas réaliser une rentrée plus positive qu’il y a un an. J’ai fait 5ème du Challenge National à Saint-Etienne-lès-Remiremont. Mais en Coupe du Monde ça a été plus dur. Je pars toujours dans les dernières lignes sur la grille de départ. Dans la première partie j’ai bien réussi à remonter, aux alentours de la 20ème place. J’ai tenu cette place-là jusqu’à la mi-course. C’est là que j’ai commencé à coincer, jusqu’à reculer au-delà de la 30ème place dans le dernier quart d’heure. J’ai eu un coup de moins bien.

Comment l’expliques-tu ?
Je n’ai pas énormément couru sur route avec mon équipe. Seulement quatre fois cette année. Telenet-Fidea ne fait pas suffisamment de courses sur route à mon goût, et j’ai manqué les rares occasions qui se sont présentées à moi, car malade à ce moment. Je n’ai pas pu faire la saison estivale que je voulais. Je n’ai pas coupé pour autant, je me suis beaucoup entraîné tout l’été, mais il me manque l’intensité, si bien qu’il arrive toujours un moment en course où j’accuse un coup de moins bien.

Consacrer plus de temps à la route, c’était l’un des objectifs que tu nous avais annoncé au printemps dernier. Qu’en a-t-il été ?
Il y avait deux courses que j’avais en tête avec mon équipe : le Tour de Belgique et le Ster ZLM Toer. En guise de préparation j’ai disputé deux kermesses sur lesquelles ça n’a pas été du tout. Du coup je n’ai pas été sélectionné pour le Tour de Belgique. Je suis allé au Ster ZLM Toer pour avoir des jours de course dans les jambes, mais j’ai crevé dans la première étape et je n’ai jamais été dépanné. J’ai passé plus de vingt minutes la roue à plat avant de devoir abandonner.

Quand tu t’es présenté au départ du Championnat de France, tu n’avais donc quasi aucun jour de course dans les jambes ?
J’ai fait 200 kilomètres sans problème, mais au-delà j’étais cuit et j’ai dû bâcher. Malgré tout j’étais au niveau des coureurs des équipes continentales françaises. Ça m’a permis de me situer, d’avoir conscience que j’ai ma place à ce niveau.

On sent que la route a gagné du terrain dans ton discours. Est-ce l’orientation que tu souhaiterais donner à ta carrière ?
J’aimerais faire autant de route que de cross. Comme Steve Chainel. Il est très fort sur route, il arrive à être là sur des épreuves belges. Je n’en suis pas encore là, n’ayant pas encore beaucoup couru avec les pros, mais je sais quel est mon niveau et j’aimerais trouver une équipe, dans l’idéal une continentale française, qui voudrait me donner une chance. J’arrive en fin de contrat avec Telenet-Fidea. On m’avait dit que je serais gardé si je faisais de bons résultats, avant que j’apprenne dans la presse que je ne serai pas conservé. J’ignore donc encore ce que je ferai l’année prochaine. Si je ne trouve rien chez les pros, j’envisagerai de faire une année sur route en amateur, comme je l’avais fait en 2009 avec Vendée U. Mais pour l’heure c’est la saison de cyclo-cross et je vais la faire à fond.

A ce titre tu t’es classé 5ème de la première manche du Challenge National, est-ce un objectif prioritaire ?
Oui. Cette saison, j’ai vraiment envie de bien marcher sur les Challenges et au Championnat de France. A Saint-Etienne-lès-Remiremont j’ai essayé d’attaquer en début de course. Peut-être aurais-je dû rester dans les roues et suivre pour finir avec Guillaume Perrot. D’un autre côté j’ai été le seul à booster la course et à avoir essayé d’attaquer Francis Mourey. Sur la fin j’ai été un peu dans le dur et me suis retrouvé 5ème, mais à Quelneuc ce sera une autre course.

A 23 ans, as-tu encore le sentiment de progresser ?
Oui, mais de manière beaucoup plus lente. Désormais il me faut être beaucoup plus précis, chercher à améliorer des points particuliers, pour progresser sur ces aspects. Par exemple je me suis aperçu que je pouvais encore améliorer ma technique, ce que je comblais jusque-là par mon physique. Aujourd’hui, avec mon entraîneur Rodolphe Ferrier, je travaille sur tous ces points précis qu’on estime pouvoir perfectionner. Je suis revenu dans le sud, où je m’entraîne une fois par semaine avec Rodolphe. Je travaille la technique mais aussi le physique car le cross reste hyper physique. Sans oublier de récupérer au mieux entre chaque course.

A quoi ressemble ta semaine-type ?
Je m’accorde toujours une journée de repos, puis c’est de l’entraînement tous les jours. Ou bien de la route, ou bien du cross. Mais aussi de la muscu, des footings. Le quotidien de beaucoup de coureurs.

Ton expérience en Belgique touche à sa fin. Qu’en retiendras-tu ?
C’est une autre planète en cross, un très gros niveau, avec un calendrier très riche. Fort de cette expérience, je sais aujourd’hui ce que je suis en mesure de faire. Je n’ai pas le sentiment d’avoir perdu du temps, au contraire. Ça n’a pas été facile au début, les Flamands ne s’ouvrant pas trop aux autres, mais j’ai fait ma place.

Aujourd’hui, conseillerais-tu cette voie à d’autres Français ?
C’est une bonne expérience… mais il faut marcher ! Si on ne marche pas, ça devient très difficile et ça ne vaut pas le coup. La météo, la culture, tout ça est différent. Et l’enchaînement des courses, à un autre niveau, est rude. On se prend plus de claques et il faut être dur mentalement. Il faut franchir ce cap. Mais si on marche bien et qu’on parvient à adapter son programme, sans chercher à tout faire à fond comme ils le font, ça peut être très bien.

Ce week-end, tu courras à la fois la Coupe du Monde de Tabor et le SuperPrestige de Ruddervoorde. Qu’y convoiteras-tu ?
J’aimerais bien marcher samedi à Tabor. Je pense que le parcours me conviendra davantage que celui de Valkenburg. Aux Pays-Bas on est tombé sur un circuit plus physique que prévu. J’ai eu un coup de moins bien et sur ce genre de parcours, je l’ai payé cash. Je pense avoir davantage récupéré pour être mieux à Tabor. J’ai envie de faire une belle performance en Coupe du Monde puis d’être sur le podium sur les événements nationaux.

Propos recueillis le 24 octobre 2013.