A Liévin il y a un an, elle avait repris le flambeau de Laurence Leboucher et Maryline Salvetat après le retrait des deux championnes. Alors qu’elle n’était pas donnée favorite numéro une sur le circuit gelé du Pas-de-Calais, elle s’était accrochée dans le sillage de Christel Ferrier-Bruneau pour s’emparer du maillot bleu-blanc-rouge au sprint. Puis, plus rien. 2010 a été une année blanche pour Caroline Mani, qui n’est pas passée loin de mettre un terme à la compétition, elle qui réalise en parallèle des études en école de commerce. Sa première partie de saison de cyclo-cross s’est voulue en demi-teinte. Jusqu’à son succès dimanche après-midi, au sprint face à Pauline Ferrand-Prévot, où Mani a conservé son maillot tricolore contre toute attente. C’est donc dit, pour celle qui s’envolera bientôt pour les Etats-Unis, 2011 sera l’année d’un nouveau départ.

Caroline, tu as remporté ton second champion de France de cyclo-cross, c’était presque inespéré après une année sans grands résultats ?
2010 a été une année difficile. Après mon titre de championne de France de cyclo-cross à Liévin, j’ai vécu une saison complètement blanche. J’ai bien failli arrêter le vélo. Je me suis demandé ce qui se passait car ça n’allait plus du tout. L’hiver n’a pas été terrible non plus donc il me fallait redresser la barre, et rapidement. Je vois 2011 comme un nouveau départ. Je pense maintenant pouvoir faire un gros Mondial avec mes collègues Christel Ferrier-Bruneau et Pauline Ferrand-Prévot. En collectif, on peut vraiment être costaud. Nous sommes en stage toute la semaine à Pontchâteau. Nous allons monter en pression.

Tu t’imposes une fois de plus au sprint, comme à Liévin, comment as-tu géré ton effort ?
Un sprint, en cyclo-cross, c’est très différent d’un sprint sur la route. On a fait des efforts avant, on est à bloc durant quarante minutes, donc l’exercice est différent. Pour le sprint, j’ai fait exactement ce que j’avais décidé. J’y avais pensé samedi soir et je m’étais dit que dans ce cas, il fallait que je sorte du champ en tête.

Comment as-tu préparé cette échéance nationale ?
Ces derniers temps, je n’avais pas trop de sensations mais je me suis battue jusqu’au bout. J’ai passé dix jours dans la Sarthe chez Laurence Leboucher (NDLR : ancienne championne du monde et quintuple championne de France de la discipline). Elle m’a dit qu’il fallait toujours y croire jusqu’au bout. Que sur une course d’un jour, tout est possible. Elle m’a bien motivée et j’ai perdu 2 kg en huit jours !

Quel va être la suite de ton programme cette année ?
Je pars à l’étranger d’ici un mois, c’est un véritable nouveau départ. Je vais partir neuf mois aux Etats-Unis. Dans le cadre de mon cursus scolaire, je dois faire neuf mois en entreprise en 3ème année de commerce. J’ai postulé aux Etats-Unis en me disant que ça pouvait être un bon projet professionnel. J’ai eu une réponse positive à l’étranger et je suis maintenant dans les démarches pour obtenir mon visa et partir mi-février. Je voudrais donc finir fort ma saison de cyclo-cross.

Cela signifie-t-il que tu ne seras pas présente l’hiver prochain sur les épreuves françaises ?
Non, mais je pense que j’effectuerai le début de la saison de cyclo-cross aux Etats-Unis. J’espère que mes collègues viendront alors me voir et que nous ferons le début de saison là-bas !

Courir aux Etats-Unis t’apportera-t-il ?
Oui, je pense que c’est une bonne chose pour aller chercher des points UCI. On le voit bien sur les épreuves de la Coupe du Monde, nous avons on ne sait combien d’Américaines devant nous car elles ont marqué davantage de points sur leur continent. Pour être placé sur les Coupes du Monde et aux Championnats du Monde, faire quatre ou cinq cross là-bas en début de saison peut vraiment être une bonne chose. C’est en plus une discipline très médiatique dans laquelle les filles sont très reconnues par rapport à ici en France.

Propos recueillis à Lanarvily le 9 janvier 2011.