Maëlle, il y a dix jours tu remportais la manche de Coupe de France à Quelneuc chez les Dames alors que tu es encore Junior. Peut-on parler d’une victoire inattendue ?
Je n’avais pas ciblé cette manche tout particulièrement, mais au fond de moi, je me disais que je pouvais gagner. Toutes les meilleures Françaises n’étaient pas présentes, seulement quelques unes. Je sortais aussi de deux week-ends où je n’ai pas eu de chance. D’abord à Hittnau sur une manche de l’EKZ Cross Tour où j’ai connu un ennui mécanique puis aux Championnats d’Europe où je suis tombée. Ma victoire a montré que la roue a fini par tourner.

Avant ta victoire à Quelneuc, tu t’étais déjà manifestée à Albi. As-tu la sensation d’avoir franchi un palier ?
Oui, je pense avoir passé un petit cap. On fera le bilan définitif à la fin de l’hiver. 1ère à Quelneuc et 3ème Albi c’est dans tous les cas très encourageant. Puisque je suis leader de la Coupe de France avant la dernière manche à Flamanville, j’aimerais conserver le maillot. Ce n’est pas un objectif, mais remporter ce général serait un vrai plus. J’ai un point d’avance sur Marlène Petit. C’est envisageable. Ce sera très compliqué de jouer la gagne puisque Pauline Ferrand-Prévot devrait y être. J’espère simplement faire une bonne course, tout donner. De toute façon, c’est la meilleure qui l’emportera.

Tu l’as souligné, le podium des derniers Championnats de France est pour l’heure absent du circuit national. Est-ce à dire que le niveau du cyclo-cross féminin français a chuté ?
Je ne sais pas si le niveau a chuté, mais c’est vrai, Quelneuc ne rassemblait pas toutes les meilleures. Pauline n’a pas encore rattaqué la compétition, Caroline Mani se prépare aux Etats-Unis. Quant à Lucie Chainel, je ne connais pas les motifs de son absence. Mais il y a des nouvelles têtes qui arrivent.

L’absence de ces filles peut-elle freiner ta progression ?
D’une certaine manière, peut-être. En étant confrontée à meilleure que soi, on est poussée vers le haut. On peut en tirer des enseignements dans tous les domaines, à la fois techniquement et tactiquement. Physiquement, si on a quelqu’un devant soi à aller chercher, on se donnera encore plus. Quoiqu’il arrive, à Quelneuc, je sais que j’ai vraiment tout donné et je ne pouvais pas donner plus.

Côtoyer les meilleures pour progresser, c’est ce que tu as réussi à faire en Coupe du Monde à Valkenburg.
Oui, c’était ma première Coupe du Monde. Je partais de très loin sur la ligne de départ car je n’ai pas beaucoup de points UCI. L’objectif, c’était de remonter pendant toute la course. C’est ce que j’ai fait et j’ai réussi à ramener une 20ème place.

Pourquoi ne pas avoir réitéré l’expérience le week-end dernier à Coxyde ?
J’ai complètement coupé après Quelneuc pour dix jours. Je reprends le vélo aujourd’hui. Mais normalement, je serai à Namur puis à Zolder et cela jusqu’aux Championnats du Monde. Mais cela dépendra aussi de la sélection.

Cette coupure entre-t-elle dans le cadre habituel de ta préparation ?
Oui, je coupe régulièrement à cette époque de l’année. Le repos fait partie de l’entraînement. Je n’ai pas du tout touché au vélo, je n’ai pas fait d’autres activités sportives. C’est une coupure complète pour faire du jus afin de bien récupérer. Je n’avais pas coupé depuis le mois de juin. J’avais enchaîné la route, les Championnats du Monde et la première partie de saison en cyclo-cross.

Parviens-tu à concilier le vélo et les études ?
Pour le moment, ça va très bien. Au niveau scolaire, j’ai un an d’avance et j’ai passé mon Bac S en juin dernier. Je suis actuellement en première année de STAPS pour intégrer plus tard une école de kiné. C’est vrai que concilier les études avec le cyclisme est plus facile depuis que je suis à l’université. On travaille davantage en autonomie et on peut plus facilement planifier notre journée. Ainsi, je peux m’entraîner et travailler comme je veux, même si je ne bénéficie pas d’un statut particulier en tant qu’athlète de haut niveau.

Ta saison 2015 est déjà une réussite, que faudrait-il pour que tu sois comblée ?
Cette victoire à Quelneuc, mais aussi mon Top 20 en Coupe du Monde, fait que je suis déjà satisfaite de cette saison. J’aimerais bien figurer au Championnat de France. J’aimerais vraiment ramener ce maillot à la maison. Toutes les filles en rêvent. Il faudra être en pleine possession de ses moyens le jour J. J’aimerais également décrocher ma place aux Championnats du Monde pour me frotter aux meilleures.

Propos recueillis le 23 novembre 2015.